🎞️Tourisme, prix des billets d’avion, communication sur la destination Guadeloupe : « Il faut persévérer ! » affirme le président de la CCI IG

Où en est la Guadeloupe, côté fréquentation touristique ? Voyager depuis et à destination de l’archipel est-ce facile, voire abordable ? Ce sont des questions que nous avons posées à Patrick Vial-Collet, le président de la CCI IG. Sur le plateau de journal télévisé de Guadeloupe la 1ère, il est revenu sur le coût des billets d’avion et l’offre locale en termes de dessertes aériennes.

La crise sanitaire est derrière nous. Désormais, l’échiquier mondial se remet en place, sur le front de l’activité touristique. Les destinations un temps boudées reprennent leur place, parmi les zones à visiter et aux atouts indéniables ; c’est notamment le cas de l’Asie.

La Guadeloupe, en comparaison, est un « petit marché » qui « résiste bien », explique le président de la Chambre de commerce et d’industrie des îles de Guadeloupe (CCI IG).

La Guadeloupe, c’est 800.000 touristes, ce n’est pas rien. Avant le Covid, on était partis pour faire plus du million de touristes ; on l’avait atteint d’ailleurs, puisque c’était 800.000 touristes, plus 300.000 croisiéristes. Il faut persévérer et il faut qu’on se donne plus de moyens, pour être plus offensifs, notamment sur l’Amérique du Nord.

Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG

Inciter les voyageurs à venir découvrir la destination Guadeloupe, c’est une question de communication, d’offre de dessertes aériennes, mais aussi de coût, notamment des billets d’avion.

Selon la plateforme digitale Orchestra, dédiée au secteur du tourisme, les réservations via les agences de voyages ont baissé de 37%, au détriment de la destination Guadeloupe, au mois de mars 2024.

Un chiffre que le Comité du Tourisme des Îles de Guadeloupe (CTIG) tient à relativiser.

Le baromètre mensuel rĂ©alisĂ© pour l’Echo Touristique comptabilise donc les ventes de voyages « packagĂ©s » et ventes de vols secs, rĂ©alisĂ©es majoritairement par les agences de voyages physiques, auprès d’une sĂ©lection de partenaires (…). Les Français prĂ©parent et rĂ©servent leurs vacances majoritairement en ligne (…). La notoriĂ©tĂ© de la destination « ĂŽles de Guadeloupe » auprès du grand public demeure forte sur le marchĂ© hexagonal.

Communiqué du CTIG – 12/04/2024.

Le CTIG en veut pour preuve l’augmentation de 2,84 % du trafic de l’aĂ©roport « Guadeloupe – PĂ´le CaraĂŻbes » en provenance de l’Hexagone.
La fréquentation de la plateforme aéroportuaire est, pour le premier trimestre 2024, stable par rapport à l’an dernier mais, certes, encore très en dessous des résultats d’avant la crise sanitaire liée au Covid-19.

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Patrick Vial-Collet, le président de la CCI IG, partage l’avis du CTIG, à propos des chiffres diffusés par Orchestra.

Il faut tempérer les chiffres. Premièrement, ce ne sont pas les arrivées, parce que sinon on n’aurait pas eu à peu près le même nombre de passager. Ce sont les prises de commandes, c’est-à-dire qu’au mois de mars, en vente en agence de voyages, il y a eu moins 40%. Elles ont été beaucoup compensées par les ventes directes.

Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG

C’est surtout l’après deuxième trimestre qui est Ă  craindre, selon le prĂ©sident de la CCI IG, suite Ă  la fin de la haute saison touristique. L’activitĂ© des professionnels du secteur sera ralentie, notamment Ă  cause de la hausse des prix des billets d’avion et de la forte concurrence de l’Asie.

Une problématique revient de manière récurrente : les prix des billets d’avion. Ils sont jugés exorbitants par les voyageurs, au départ et à destination de la Guadeloupe, territoire insulaire éloigné de la France hexagonale, qui aurait notamment dû bénéficier de mesures favorables, au nom de la continuité territoriale.
Les vols régionaux sont aussi impactés par l’inflation. Comment expliquer, par exemple, qu’un billet Pointe-à-Pitre/Saint-Domingue coûte plus cher qu’un billet Paris/Saint-Domingue ?

Au risque de vous surprendre, je vais reprendre la Direction générale de l’Aviation civile, qui disait que les billets sur les Antilles sont, au regard du kilomètre transporté, parmi les moins chers. L’Amérique du Nord c’est à peu près 7 cts/km, nous sommes à 5 cts/km, l’Afrique c’est 9cts/km. Simplement, qu’est ce qui s’est passé ? Le kérosène a explosé : plus du double. Les compagnies aériennes n’ont pas des résultats qui seraient mirobolants et la hausse du tarif n’a pas permis d’engranger des super profits. Non, pas du tout. Une compagnie aérienne, si elle fait 4 à 5% de résultat, c’est bien. Comprenez-moi : pour un billet d’avion vendu 500€, il y a 20€ de gain.

Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG

Autre « scoop » du président de la CCI IG, qui impacte les voyageurs de l’archipel : le kérosène coûte 25% plus cher en Guadeloupe, par rapport au prix pratiqué dans l’Hexagone.

Pour une raison très simple : on a fait porter une surtaxe sur le kérosène ici, pour limiter l’augmentation du prix du carburant des véhicules et on a reporté, sur les compagnies aériennes le surcoût et la hausse des tarifs qui auraient dû être sur l’automobile.

Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG

 

Patrick Vial-Collet se réjouit, par ailleurs, de l’extension des activités de St. Barth Executive. La compagnie aérienne basée à l’aéroport Rémy de Haenen, à Saint Barthélémy, proposera des liaisons régulières entre la collectivité du Nord et Pointe-à-Pitre dès demain (lundi 15 avril 2024), puis à destination de San Juan (Porto Rico) à compter du 16 mai prochain. D’autres rotations entre les îles des petites Antilles seront par la suite ajoutées au plan de vols de cet opérateur.

C’est une bonne chose. D’abord la nature a horreur du vide et c’est vrai que la disparition d’Air Antilles a laissĂ© un grand vide et il manquait cruellement de dessertes aĂ©riennes. Donc, je ne peux que me fĂ©liciter de cette arrivĂ©e et du fait qu’il va y avoir des renforcements progressifs des dessertes aĂ©riennes sur San Juan, sur Saint-Barth… les GuadeloupĂ©ens pourront en profiter.

Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG

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Il s’avère qu’à l’heure actuelle l’offre est pauvre en matière d’échanges aériens entre les îles de Guadeloupe et le reste de la Caraïbe. Il faut souvent faire des escales à San Juan, ou encore à Saint-Domingue pour rallier certaines destinations ; des trajets coûteux, dans ces circonstances.

La compagnie Air Antilles, objet d’une cession d’activité depuis septembre 2023, tentait de relever ce défi de relier les territoires de la zone. Mais le repreneur, la nouvelle société Air Antilles, tarde à prendre son envol.

Le moment venu, lorsque l’offre sera mise en place, il faudra encore encourager les voyageurs à se tourner vers les destinations caribéennes. Le défi résidera alors dans la pérennité de leur fréquentation.

Naturellement, il n’y a pas un trafic qui s’établit. Il faut renforcer la communication, pour encourager des échanges de personnes, de biens (c’est-à-dire économiques), touristiques, de telle façon que la Caraïbe soit mieux desservie. On en souffre et on repart un peu à zéro, malheureusement. La disparition d’Air Antilles fait que c’est un grand pas en arrière.

Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG

À LIRE AUSSI : La reprise des vols d’Air Antilles une nouvelle fois reportée – 01/03/2024.

INTERVIEW À REVOIR/
Le président de la Chambre de commerce et d’industrie des îles de Guadeloupe (CCI IG), Patrick Vial-Collet, était l’invité de Yasmina Yacou, dans le journal télévisé « Guadeloupe Soir » du samedi 13 avril 2024. Une interview complète que nous vous proposons de (re)voir ci-dessous :

Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG, invité du JT du 13/04/2024.

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©Guadeloupe La 1ère


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