La vitalité de notre démocratie ainsi que la solidité des fondements de l’Etat ont permis de faire face au projet insurrectionnel de Ousmane Sonko et de sa troupe. Les vaincus ont été absous grâce à l’esprit du pardon qui constitue un des socles des sociétés humaines.
Pour la première fois, depuis le 24 mars 2024, un parti fasciste gouverne le Sénégal ; un parti sans idées dont les responsables n’ont que l’injure, la calomnie, la médisance comme armes, allant à rebours de notre culture politique et de notre tradition historique.
Le parti Pastef au pouvoir, c’est le règne de la désacralisation des institutions républicaines que ce parti n’a eu de cesse, dix ans durant, de fragiliser pour instaurer une culture de la brutalité et de la division des Sénégalais. Le parti Pastef est à l’estuaire des cours d’eau de l’intégrisme, du populisme et du fascisme.
365 jours de vide plus tard, le pays n’a pas seulement stagné : il a reculé du fait de l’incompétence technique, l’impréparation politique et l’immaturité sociale. Au sommet de l’Etat, sont parvenus des stagiaires sans arrimage idéologique, sans vécu, sans parcours et sans fait d’armes autre que la calomnie et la promotion de la violence et du désordre.
Il serait tout de même bien curieux que ceux-là qui n’ont jamais assumé la plus infime responsabilité, propulsés par miracle dans les palais, soient des embrayeurs d’un récit d’espérance. Le parti Pastef n’est pas seulement dans le reniement, il est dans la continuation de son œuvre qui a duré une décennie : le non-respect de la parole donnée, la culture de la violence et l’incompétence faits projet.
Les trahisons faites à leurs électeurs concernent notamment les appels à candidatures, la sortie du Conseil supérieur de la Magistrature, le refus de sacrifier à la tradition républicaine de la Déclaration de politique générale dans les délais, la dissolution de confort pour entériner un caprice du chef du… chef.
Le Sénégal vient de clore une année douloureuse pour tout esprit soucieux de la République, de ses us et coutumes, et de notre belle trajectoire historico-politique. Partout le vacarme prend la place du travail acharné pour continuer l’œuvre de transformation entamée en 1960 et accélérée entre 2012 et 2024.
Le Sénégal, qui a incarné en Afrique la tradition des hommes d’Etat soucieux du sens de l’Histoire, se retrouve désormais pris en étau par des dirigeants aux méthodes aussi curieuses qu’étranges. Nous sommes en face de gens qui prennent dans leurs propos comme dans leurs actions, les airs vulgaires d’agités à la solde de leur inanité.
Qui aurait pu croire qu’au pays de Kéba Mbaye, un Premier ministre traiterait publiquement le président du Conseil constitutionnel de «corrompu» ? Qui oserait croire qu’au pays du Général Mansour Seck, un chef du gouvernement accuserait un Général respectable de putschiste ? Au pays de Cheikh Anta Diop, opposant irréductible à Senghor, un chef de parti, parachuté par hasard Premier ministre, a traité ses compatriotes de l’opposition de «tapettes» dans un… live, sur Facebook.
La clochardisation des institutions est une pratique naturelle attachée aux «valeurs» du fascisme. Des directeurs généraux contestent publiquement des nominations du chef de l’Exécutif et usent même du vocable «Dégage» vis-à-vis d’un homme nommé par décret… Un complotiste notoire, islamiste assumé, est élevé à la dignité de ministre pendant que son collègue use du vocable ordurier de «chef de gang» à l’encontre d’un ancien président de la République. Le même ministre vient de dire publiquement que l’Etat du Sénégal cache le meurtre d’un ancien ministre des Finances avec la complicité tacite de l’Etat français…
Les manifestations sont systématiquement interdites pendant qu’opposants politiques, activistes et journalistes sont trainés dans les couloirs de la police ou jetés dans les geôles du régime. Le pouvoir s’arroge le droit, dans une illégalité totale, d’interdire à des citoyens d’exercer leur droit constitutionnel de voyager, de circuler librement, devant le silence des objecteurs de conscience de la Société civile et des pétitionnaires jadis peu avares de leurs leçons de morale et désormais si aphones…
Sur l’économie, le Sénégal traverse une année difficile et rien ne laisse présager une amélioration sans un changement radical de cap. En un an, le bilan du régime est une moins-value de 839 milliards de F Cfa sur les recettes et un déficit qui passe de 840 milliards de F Cfa à 2362 milliards de F Cfa
Au minimum, 3000 emplois publics ont été détruits en une année d’exercice sans qu’aucun investissement structurant ne soit visible. La note du Sénégal a été abaissée à deux reprises en 12 mois ; le Fmi a suspendu sa coopération avec le Sénégal et les marchés désormais nous prêtent à des taux exorbitants. Conformément à ses actions d’hier, Ousmane Sonko a sciemment mis en danger la souveraineté nationale en accusant son administration de maquillage de chiffres sans aucun début de preuve. Le rapport de la Cour des comptes que le régime voulait instrumentaliser pour salir l’Alliance pour la République et les hauts fonctionnaires s’est révélé une farce. Le consensus national recherché autour du rapport avec la complicité de pans de la Société civile, notamment les éternels rentiers de la tension, n’a pu aboutir, car les Sénégalais sont désormais avertis de l’affinité naturelle de Ousmane Sonko avec le faux.
Au plan diplomatique, le Sénégal s’efface progressivement de la scène internationale et africaine. La cheffe de la diplomatie, par ses initiatives et sorties douteuses, a fini de faire consensus contre elle dans le pays. Mais ce n’est nullement la seule raison ; Mme Fall ne fait qu’exécuter -certes péniblement- une politique étrangère dont la vacuité tranche d’avec notre tradition en la matière. Le régime fait la danse du ventre devant les putschistes de l’Aes et s’honore désormais de voir un Premier ministre juger utile à chaque sortie publique de tenir des propos outranciers et outrageants vis-à-vis de la France, pourtant notre alliée historique et première partenaire bilatérale.
Le périmètre de prestige de la diplomatie se rétrécit malgré le talent et la loyauté des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères. Même le mandat confié au Sénégal pour négocier avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui ont fait sécession de la Cedeao, a été diplomatiquement retiré pour échoir au Ghana dont le Président vient à peine d’être élu.
Le Sénégal ne parvient plus à défendre avec succès les candidatures de ses citoyens dans les organisations internationales. Les échecs deAugustin Senghor, de Faouzou Dème et de Seydina Diagne, respectivement à la Fifa, à l’Omt et à l’Acnoa, prouvent que nous ne sommes plus attractifs et que nous devenons, en seulement un an, un pays banal.
Notre pays était sur une belle trajectoire. En douze ans de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, le Sénégal est sorti du cercle des pays les moins avancés pour rejoindre celui des pays à revenu intermédiaire. Au lieu d’accélérer la cadence de notre économie, le parti Pastef replonge le Sénégal dans les abîmes des politiques d’ajustement structurel, avec des menaces graves sur l’emploi des jeunes, le pouvoir d’achat des ménages et la pérennité des entreprises, notamment les Pme.
Le parti Pastef, qui se voulait champion de la rupture et de la modernité, se révèle chantre de l’incurie politique, de la régression économique et de l’affaissement moral. Mentir dans toutes les langues, ruminer la colère d’un rendez-vous électoral manqué et accuser avec une persistance qui frise la pathologie psychiatrique le Président Macky Sall, ne transformeront pas qualitativement la vie des Sénégalais.
Au lieu du travail acharné qui jamais ne se départit du silence créateur, le parti Pastef en 365 jours n’a abreuvé les Sénégalais que de paroles creuses qui enlacent le vide.
Hamidou ANNE
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