C’est un homme qui affiche presque 40 ans au pouvoir, Denis Sassou-Nguesso, qui a rendu visite à un autocrate, Vladimir Poutine, qui tient la Russie d’une main de fer depuis 2000 et la maintiendra sous sa botte jusqu’à ce que mort – la sienne – s’ensuive (il ne faut pas se fier à la limite constitutionnelle des mandats, elle n’a aucune valeur). En dépit des immenses richesses de la République du Congo (pétrole, gaz; etc.) le président Sassou-Nguesso a perdu toutes les batailles du développement. C’est ce qui explique que le Congo figure sur la liste des 8 pays africains surendettés. Ne me demandez pas où est passé l’argent du pays, ce qui a été fait avec, c’est au tout-puissant chef de l’Etat qu’il faut le demander.
C’est sans doute pour offrir un meilleur destin à son pays que le président congolais est allé voir Poutine à Moscou, en visite d’Etat, depuis le 25 juin 2024 (son voyage s’achève demain samedi). A la limite le geste est louable, on ne peut pas reprocher à un leader de faire tout ce qui est en son pouvoir pour améliorer l’économie de son pays et le quotidien de ses concitoyens. Mais c’est ce qu’a dit le président congolais hier jeudi 28 juin qui interroge. Il a salué la Russie pour son “courage et sa résilience (…) face aux sanctions très difficiles qui sont imposées” suite à la guerre contre l’Ukraine…
Il s’est bien gardé de dire que c’est le Kremlin qui s’est invité chez son voisin, qui l’a occupé et que les Russes en sont là parce qu’ils ont refusé obstinément d’entendre les voix de la raison. Quant au “courage” dont il parle ce n’est certainement pas le courage physique de Poutine, qui se contente d’envoyer sa jeunesse à la mort sur le front ukrainien alors que lui se planque dans ses bunkers.
“Résilience“, oui, peut-être, en tout cas les indicateurs macroéconomiques le montrent officiellement jusqu’ici. Mais pour combien de temps encore face à l’étau des sanctions, qui se resserre de plus en plus ?
«C’est au moment des grandes épreuves que nous devons resserrer les liens et avancer», a déclaré Sassou-Nguesso, pour magnifier 60 ans de relations diplomatiques entre les deux pays. Reste à savoir ce qu’il peut faire concrètement pour aider le Kremlin à sortir du pétrin dans lequel il s’est mis tout seul, comme un grand. Même la grande Chine, deuxième puissance de la planète, n’a pas osé braver les USA en épaulant la Russie. Cette dernière n’a trouvé que la Corée du Nord, elle aussi au ban de la communauté internationale depuis des années, terrassée par les sanctions.
Alors qu’en face l’Ukraine elle a un avenir, dans l’Union européenne et l’OTAN, après que les armes occidentales l’auront aidé à recouvrer toute sa souveraineté et les régions colonisées. Poutine devait avoir la tête ailleurs, dans ces problèmes, en écoutant le laïus sirupeux de son homologue congolais. Moscou sait, quoi qu’en disent ses maigres soutiens, que ses tourments sont loin d’être terminés.
«C’est ici que les peuples africains ont trouvé le ressort, les capacités de résistance à la colonisation et pour leur libération. (…) Cette lutte continue sous des formes différentes. Mais elle continue puisque les peuples d’Afrique sont toujours en lutte pour leur libération effective», a dit le président Sassou-Nguesso à Moscou…
Bon, il a fait ça pour faire plaisir aux anti-occidentaux, notamment les anti-français, qui s’agitent dans les pays du Sahel et ailleurs en Afrique, mais il ne faut pas croire une seconde le président congolais quand il fait des tirades sur “la colonisation“, la “résistance“, la “libération” de l’Afrique et tout le toutim. Lui et beaucoup d’autres ont pactisé avec tout ça, s’en sont nourris grassement. Il est là depuis octobre 1979 et a “consommé” 6 chefs d’Etat français, avec qui il a noué de solides liens économiques et personnels. Alors ses envolées à Moscou, du pur populisme.
“Je n’en dis pas plus maintenant, mais nous pensons que Lukoil [le plus grand producteur russe de pétrole] pourra être opérateur sur des permis pétroliers au Congo et sera ainsi dans le secteur du gaz et du pétrole“, a dit Sassou-Nguesso dans une interview…
Chiche! La Russie a fait une ribambelle de promesses aux Africains et n’en a tenu aucune lors du Sommet de Saint-Pétersbourg en juillet 2023 ; l’Afrique n’en a pas vu la couleur, à part un peu de céréales pour les pays les plus pauvres et des armes qui n’ont fait qu’en rajouter aux malheurs du continent sans régler aucun de ses problèmes. Demandez aux pays qui ont divorcé avec la France (Mali, Niger, Burkina Faso). Alors nous suivrons de près ce qui se fera prochainement au Congo.
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