6 Nations 2025 – « Quand elle joue comme ça, la France est invincible » : la chronique de Richard Dourthe

Cette semaine, notre chroniqueur Richard Dourthe (50 ans, 31 sélections) évoque le travail de l’ombre de François Cros, l’entrée en jeu de Maxime Lucu et la toute-puissance d’une équipe de France devenue irrésistible…

On les a massacrés, démontés, éparpillés façon puzzle… Mais avant ça, on les a proprement écœurés. Les Irlandais avaient-ils déjà été ainsi étouffés par une défense, comme cela se produisit lors des vingt premières minutes de ce match ? Et aviez-vous déjà vu les Diables Verts à ce point contrés sur ces séquences interminables qui font habituellement leur toute-puissance ? À ce sujet, il faut déjà saluer l’invraisemblable abattage de nos plaqueurs : je cite ici François Cros, qui doit au moins autant avoir les épaules qui piquent que les Irlandais ont les cotes qui souffrent ; mais je n’oublie pas, non plus, la paire de centres Yoram Moefana – Pierre-Louis Barassi. Celle-là, la vox populi ne l’a pas épargnée depuis le début du Tournoi : « trop timide, peu percutante, pas assez spectaculaire ». J’affirme, quitte à me répéter, que ces deux mecs travaillent tellement, déblaient si fort et cognent avec tant de plaisir qu’ils sont à mon sens inséparables au milieu du terrain, tant ils offrent, par leur seul sacrifice, à nos ailiers l’espace qu’ils méritent…

Puisque je m’attarde sur les vingt premières minutes de force pure qu’ont fournies les Bleus à Dublin, il me semble aussi majeur de saluer le travail analytique du staff. Pourquoi, dîtes-vous ? Parce que si la défense tricolore doit d’abord son rendement à son agressivité, celle-ci aurait probablement été vaine sans la stratégie mise à son service. Vous connaissez comme moi l’excellence irlandaise lorsqu’il est question de lancer le jeu et multiplier des redoublées qui, souvent, rendent chèvres les plaqueurs adverses. Samedi, l’intelligence déployée par le XV de France a pourtant fracassé cette belle mécanique, soudainement vouée à l’échec par les montées en pointe de Thomas Ramos et Louis Bielle-Biarrey, lesquels coupèrent les extérieurs avec à propos. Face à ce mur à géométrie variable, face à cette herse en perpétuel mouvement, les Irlandais ont totalement perdu la boule, tout à coup incapables de fournir un plan B à leur public de furieux…

Lucu a fait un match à la Dupont

Pour le reste ? Mille bravos, garçons ! Vous m’avez fait vibrer comme rarement devant un match de rugby et, passée la bouffée d’émotion, je retiens aujourd’hui les coups de boutoir de Jean-Baptiste Gros, Mickaël Guillard ou Thibaud Flament, tous au cœur du réacteur. Je salue aussi l’entrée en jeu d’un immense Maxime Lucu, auteur à Dublin d’un match « à la Dupont », serais-je tenté de dire : des coups de pied de soixante mètres, quelques plaquages appuyés et une vitesse qu’on ne lui connaissait pas à ce niveau, sur les libérations de balles.

Au bout du bout, je n’oublie pas non plus que cette équipe de France a pour elle un superpouvoir que n’ont ni l’Irlande, ni l’Angleterre : car si nos plus fiers adversaires dans le Tournoi 2025 s’appuient sur des systèmes offensifs plus précis et mieux rodés que le nôtre, ils sont bien moins habiles que nous dans les transitions de jeu. Quelle autre équipe que la France passe-t-elle aujourd’hui plus rapidement d’une action défensive à une position d’attaque ? Je n’en vois aucune. Quelle autre équipe que la France possède en cales autant de talents individuels aptes à frapper en tout endroit du terrain ? Je n’en vois pas davantage. À mes yeux, quand la sélection tricolore joue comme elle l’a fait en Irlande, elle est donc au pire redoutable, au mieux invincible…

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