Les précédents chiffres fournis par des ONG faisaient état de dizaines de morts, sans plus de précisions. La ministre de la Famille et des Solidarités, Maïmouna Dièye, a, elle, mentionné début février le chiffre de 79 morts pendant ces violences.
« 65 morts ont été recensés, dont 51 tués par balles (soit 81% du total) », affirme le collectif CartograFreeSenegal qui indique avoir mené ce travail avec l’ONG Amnesty international. « L’âge moyen des victimes est de 26 ans, la plus jeune ayant 14 ans et la plus âgée 53 ans. Près de la moitié des victimes étaient ouvriers ou mécaniciens et un quart étaient élèves ou étudiants », dit le collectif, une initiative citoyenne lancée en juin 2023.
La contestation avait été menée par l’opposant d’alors et actuel Premier ministre Ousmane Sonko contre le président Macky Sall (2021-2024). Les précédentes autorités n’ont pas donné le bilan de ces violences meurtrières.
Sur la méthodologie de collecte de CartograFreeSenegal, « un lien sûr et direct (a été établi) avec les familles des victimes afin d’authentifier chaque décès. Pour chaque cas, au moins un journaliste a été chargé de la documentation, examinant certificats d’autopsie, photos et vidéos, ainsi que témoignages des proches, des témoins oculaires et du personnel médical ».
« Un maillage complet du territoire national a été réalisé » sur ces évènements lors desquels « des dizaines d’autres citoyens ont été tués par les forces de défense et de sécurité (FDS) », indique le collectif, qui dit se tenir « aux côtés des familles endeuillées qui attendent toujours justice ». Le document est publié à l’occasion de l’anniversaire de la mort de la première victime, un élève de 20 ans, le 4 mars 2021 à Bignona (sud).
Le Premier ministre a annoncé le 27 décembre que son gouvernement déposerait un projet pour abroger la loi d’amnistie couvrant ces violences, à l’initiative de l’ex-président Sall et avant le scrutin présidentiel ayant conduit fin mars à l’élection du président Bassirou Diomaye Faye. Elu en 2012 et réélu en 2019, Macky Sall avait entretenu en 2024 le flou sur sa volonté de briguer un troisième mandat. L’hypothèse de sa candidature avait rencontré une forte opposition.
Le Sénégal a ainsi connu depuis 2021 des troubles meurtriers provoqués par ce bras de fer entre l’ancien opposant Sonko et l’ex-pouvoir. M. Sonko a par ailleurs été visé, à partir de février 2021, par des accusations de viols dont le traitement judiciaire a provoqué des émeutes meurtrières.
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