75 Hard Challenge : cette tendance fitness qui fait sensation est-elle bonne ou mauvaise pour la santé ?
Mélange de régime, de sport et d’agilité mentale, son objectif est d’aider les participants à développer les “traits et habitudes nécessaires pour réussir dans la vie”.
Une approche bien-être plutôt militaire
Ça semble beaucoup, n’est-ce pas ? Je suis épuisée rien qu’en lisant les consignes, mais j’ai un profond respect pour tous ceux qui sont capables de relever ce défi. Il m’est déjà difficile d’insérer une seule séance d’entraînement de 45 minutes dans ma journée – il est hors de question d’en faire deux – et le fait de n’avoir droit à aucun cheat meal en près de trois mois relève presque de l’exploit militaire. Mais qu’en pensent les experts ?
“Ce que j’entends souvent de la part de mes clients, c’est qu’ils ont essayé plusieurs régimes, plusieurs programmes d’entraînement et qu’ils n’ont pas obtenu les résultats escomptés. Ou bien ils les ont obtenus, puis les ont perdus, et ainsi de suite. Au final, ils se retrouvent dans une situation de type yo-yo avec la nourriture et l’exercice”, explique Luke Worthington, coach de célébrités. “Un tel défi ne tient pas compte du niveau d’activité actuel des participants, de leur état de santé, de leurs antécédents en matière d’exercice physique, de leur relation émotionnelle avec la nourriture, de leur morphologie, de leur âge ou même de leur accès à l’équipement et à l’encadrement. L’application d’un tel critère fourre-tout à un défi de taille signifie que le taux d’échec est élevé, et que les risques de blessure sont importants pour ceux qui ne sont pas habitués à un régime aussi intensif.” Et puis, si on parvient à remplir toutes les conditions pendant 75 jours, que se passe-t-il ensuite ?
Federica Amati, nutritionniste en chef chez Zoe, n’est pas non plus très enthousiaste à l’égard du défi. “Ça ressemble à un remake de dizaines d’autres programmes de régime diététique qui visent à obtenir des résultats rapides au détriment du bonheur et des bénéfices à long terme”, explique-t-elle. “La mentalité du tout ou rien ne fonctionne pas pour la plupart des gens. Les habitudes alimentaires saines et durables se construisent par la constance et non par la perfection.”
Elle reconnaît que c’est le genre de défi qui attire ceux qui veulent opérer un grand changement dans leur vie. Et compte tenu de la nature stricte et de la structure du projet, il permet d’éliminer certaines mauvaises habitudes et de rendre la vie quotidienne assez noire ou blanche. “Cependant, une approche aussi stricte, généralisée et intransigeante, n’est ni utile ni saine”, assure l’experte. “Donc, non, je ne la recommande pas.”
Et le bien-être mental dans tout ça ?
Quand on réussit chaque jour, on constate bien sûr un regain de confiance et d’estime de soi, mais celui-ci risque d’être passager, car il y aura inévitablement des jours où on n’atteindra pas son but. “L’un des objectifs du 75 Hard peut être d’améliorer l’estime de soi, mais le fait de placer la barre trop haut a plutôt l’effet inverse : on se sent peu sûr de soi ou en situation d’échec parce qu’il est presque impossible d’atteindre son objectif”, explique Kelly Weekers, psychologue et auteure de Choosing Me. “Ce qui se passe, c’est qu’on attribue cet échec à notre incompétence, alors qu’en réalité, c’est parce qu’on en demande trop à soi-même. Si on se compare à Einstein, on se sentira toujours stupide, mais ça ne veut pas dire qu’on l’est.”
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