REPORTAGE. Disparition d’Alex Batty : mère et grand-père recherchés, mode de vie « alternatif »… la trame d’un polar ésotérique

l’essentiel
Les mystères de l’affaire Batty viennent alimenter toutes sortes de théories sur le sort de la mère et du grand-père de l’adolescent, désormais introuvables. La police anglaise s’intéresse à leur parcours et tente de retracer ces six années de vie passées entre Espagne, Aude et Ariège.

Chaque été, une étrange procession anime les rues de Rennes-les-Bains, dans l’Aude. Vêtues de tunique blanche, des dizaines d’inconnus défilent jusqu’aux ruines du château du Bézu, à plus de 800 mètres d’altitude, dernier site des Templiers. Ils y célèbrent Marie-Madeleine dont la légende dit qu’elle serait venue sur ces terres. Elle est devenue la sainte patronne de l’église de Rennes-le-Château où la légende de l’abbé Saunière et de son fameux trésor caché fait encore recette.

Entre Bugarach, Rennes-les-Bains et Rennes-le-Château, les croyances sont tenaces. Entre théories apocalyptiques, mysticisme et recherche de nouvelles spiritualités, ce triangle magique a toujours hébergé des adeptes de la vague « newage » trouvant dans cet univers enclavé de quoi nourrir bien des fantasmes.

« Depuis six mois, les touristes varient leur plaisir. On a été obligé de créer la case ésotérisme pour les comptabiliser tant la demande est croissante », explique-t-on, au point d’information touristique de Rennes-les-Bains.

« A la recherche d’un nouveau mode de vie »

Au même titre que la randonnée ou la visite du musée des dinosaures, à Esperaza, l’occultisme et les mystères que recèle cet endroit de la vallée audoise attirent les foules. Alors ici, l’affaire Alex Batty, l’adolescent de 17 ans retrouvé il y a plus d’une semaine, alors qu’il était porté disparu chez lui en Angleterre, n’étonne pas vraiment. « Il y a des tas de gens, notamment des Anglais, qui viennent chercher, ici, un peu d’isolement, de tranquillité et une vie à l’écart du monde », résume cet autre professionnel du tourisme audois.

Melanie, la mère du jeune anglais et David, son grand-père, ne sont plus réapparus depuis le retour d’Alex, au Royaume-Uni, la semaine dernière. La mère d’Alex Batty cherchait un mode de vie alternatif. Et selon la grand-mère de l’adolescent, elle était opposée à ce qu’il suive une scolarité classique. Le parcours de cette femme, ancienne avocate et vivant dans un relatif confort à Oldham, dans la banlieue de Manchester (villa, jardin voiture BMW), avant de tout plaquer, retient aujourd’hui l’attention de la police anglaise. En septembre et début octobre 2017, cette mère, son fils et le grand-père sont localisés en Espagne, à Malaga. Ils devaient rentrer au Royaume-Uni puisque c’est la grand-mère qui avait la garde de l’adolescent. Mais ils ne sont jamais rentrés de leurs vacances. Le jeune anglais, alors âgé de 11 ans, est officiellement recherché par les autorités anglaises après un signalement pour disparition lancé par sa grand-mère.

A lire aussi :
Disparition d’Alex Batty : « Elle se faisait appeler Rose… » La mère du jeune Anglais a séjourné dans plusieurs campings ariégeois ces derniers mois

Durant quatre ans, de 2017 à 2021, on ne connaît rien de leur itinéraire. À l’automne 2021, lorsque le trio arrive dans l’Aude, Alex et son grand-père se posent au gîte de la Bastide, chez Fred et Ingrid, à Camps-sur-l’Agly, au pied du pic de Bugarach, site prisé des randonneurs. Mais Melanie, la mère, opte pour une vie de nomade. On sait qu’elle se déplaçait en stop et vivait dans des caravanes, en quête d’une communauté spirituelle et flirtant avec les théories complotistes, post-Covid.

Un mode de vie auquel ne voulait pas adhérer son fils, Alex, qui a préféré retourner chez lui, près de Manchester. Selon ses déclarations, il rejoignait sa mère le dimanche sur le marché d’Espéraza. Alex revenait ensuite au gîte quelques jours plus tard. David, le grand-père passait de longues heures dans sa chambre devant la chaleur de l’insert de cheminée.

L’exode britannique en terre cathare n’est pas nouveau. L’écrivain anglais Henry Lincoln s’est établi dans le coin avant de mourir à Limoux l’année dernière. « C’est lui qui a inspiré le Da Vinci Code, de Dan Brown, avec son livre L’Enigme sacrée et peut-être donné envie à d’autres Anglais de vivre ici », se souvient-on, à Rennes-le-Château où l’on ne croit pas à l’existence d’une secte dans laquelle se serait réfugiée Melanie. Encore moins d’un départ en Finlande. L’affaire Batty est peut-être le début d’un nouveau polar ésotérique à la Dan Brown, mais façon « Da Vinci Aude » !

Crédit: Lien source

Les commentaires sont fermés.