Publié le 10 janv. 2024 à 11:13
Patrick Hoche se tient fièrement au pied de la montagne Pelée, dont la majesté tranche avec la fragilité des minuscules plants de caféiers à ses pieds. Dans cette commune du Morne-Rouge, l’agriculteur martiniquais a essuyé quelques plâtres, comme il le confie lui-même. « Nous avons implanté cette première caféière en novembre 2016 pour y faire pousser de l’arabica. Après quelques expérimentations, on a enfin trouvé une formule qui marche », assure-t-il.
Sa première parcelle représentait plus de 2.000 mètres carrés, mais Patrick Hoche consacre désormais 5.000 mètres carrés à ses arbres qui produiront bientôt de reluisantes baies rouges. Elles deviendront, à la suite de moult transformations, la boisson la plus consommée dans le monde – après l’eau. Sauf que la Martinique, limitée par ses 1.128 kilomètres carrés (soit une fois et demie le Grand Paris), mise sur un produit d’exception.
Petit Poucet
La relance du café en Martinique, c’est l’histoire d’une petite île désireuse de se réapproprier une part de son histoire. Depuis 2021, « l’île aux fleurs » se fait notamment accompagner par le groupe JDE, connue pour sa marque Jacques Vabre, pour faire renaître une culture abandonnée au XVIIIe siècle au profit de plants moins capricieux et donc plus rentables, comme la canne à sucre et la banane.
« Le café a chez nous une valeur patrimoniale et historique », explique Loïc Bourgeois, directeur de la formation et du développement local au Parc naturel régional de la Martinique (PNRM), qui assure la phase opérationnelle de la relance du café Arabica Typica pour le compte de la collectivité territoriale de Martinique. Car face aux mastodontes du secteur, tels que le Brésil, le Vietnam et la Colombie, l’île fait office de Petit Poucet.
Sept euros les 200 grammes
Une vingtaine de producteurs font l’objet d’un accompagnement protéiforme. Au menu des échanges : la culture du café adaptée aux enjeux agronomiques locaux, l’analyse et l’amélioration des sols, le renouvellement des caféiers et la lutte contre les maladies et les ravageurs. Mais aussi les sujets techniques de la germination , du séchage et de la torréfaction.
La première fournée de ces grains 100 % français, vendus lors d’une opération spéciale au Bon Marché à Paris, s’est vendue comme des petits pains. A 7 euros le sachet de 200 grammes, soit deux à trois fois plus cher que le paquet moyen, le café martiniquais surfe sur la vague du haut de gamme.
De la terre à la tasse
Pour accompagner cette relance de la terre à la tasse, l’île bénéficie depuis 2021 du soutien du géant agroalimentaire néerlandais JDE, qui exploite notamment la marque Jacques Vabre, dont la Transat éponyme retrace, tous les deux ans, la route du café entre Le Havre et des pays producteurs. Le groupe a consacré 100.000 euros pour ce projet.
« Notre objectif a été non seulement de faire redémarrer cette culture, mais aussi de la pérenniser. Ceux qui s’y consacrent, même sur des petites parcelles, pourront en tirer une réelle source de revenus », explique Vincent Prolongeau, président de JDE France. « Nous avons fixé plusieurs objectifs : un approvisionnement et une gestion de l’eau responsables, une agriculture écologique, un effet positif sur les communautés, mais aussi limiter l’impact carbone de la culture et faire travailler les femmes et les jeunes. »
Cette initiative en Martinique s’inscrit dans le cadre du programme « Common Grounds » visant à assurer un approvisionnement à 100 % en café issus de sources responsables d’ici 2025. Sur l’île aux fleurs, l’objectif affiché est de 1.500 kg de café vert et cinq hectares de parcelles dédiées à l’Arabica Typica pour une trentaine de producteurs embarqués en 2026.
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