Ils sont l’équivalent des joyaux de la Couronne : une coiffe de cérémonie, une épée d’Etat, des bijoux, un calumet de la paix ou encore des insignes en or, qui ont quitté le Ghana lors des guerres avec le Royaume-Uni au cours du XIXe siècle. Pour la première fois en bien des générations, 32 pièces majeures des collections ashanti exposées à Londres vont retourner dans leur région d’origine.
Aboutissement d’un processus de cinquante ans
Le British Museum s’apprête à envoyer 15 pièces, auxquelles s’ajoutent 17 issues des collections du Victoria & Albert Museum, pour un prêt de trois ans, renouvelable. Les artefacts seront exposés du musée du palais Manhyia à l’occasion du jubilé d’argent d’Osei Tutu II, le monarque du peuple ashanti, qui était présent lors du couronnement de Charles III. Les deux musées britanniques disent avoir reconnu leur «signification culturelle, historique et spirituelle», et acceptent que ces artefacts sont «liés de manière indélébile à l’histoire coloniale britannique en Afrique de l’Ouest».
Ce prêt est l’aboutissement d’un processus entamé en 1974, lorsque l’Asantehene (surnom du monarque) réclamait pour la première fois le retour de ces artefacts. Il marque un tournant dans l’attitude des musées britanniques quant aux objets contestés. En effet, au Royaume-Uni, certains musées n’ont légalement pas le droit de «radier» des pièces de leurs collections, et ne peuvent donc pas les rendre définitivement. Cela donne lieu à des blocages, dont le plus médiatique entoure le rapatriement des marbres du Parthénon. En effet, une clause du prêt implique de reconnaître les musées britanniques comme propriétaires des artefacts, ce que l’Asantehene a accepté, mais que le gouvernement grec refuse net.
«Partager plus équitablement»
Pour Tristram Hunt, le directeur du Victoria & Albert Museum, cet accord avec le Ghana ne «résout pas le problème, mais lance la conversation» dans un contexte où de plus en plus d’institutions culturelles britanniques se posent la question de la décolonisation de leurs collections. De multiples pays, comme l’Ethiopie et le Nigeria, réclament le retour d’objets volés. Pour Hunt, lorsque les musées «détiennent des objets provenant de guerres et de pillages […], nous avons la responsabilité envers les pays d’origine de réfléchir à la manière dont nous pouvons les partager plus équitablement aujourd’hui».
Ailleurs au Royaume-Uni, d’autres musées soumis à des régulations différentes ont déjà rendu des objets contestés. En 2022, ceux de Glasgow effectuaient le rapatriement historique d’une cinquantaine d’objets au Nigeria, au peuple lakota (dans le Dakota du Sud) et à l’Inde.
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