ENQUÊTE. Sommes-nous prêts à changer nos modes de vie pour l’environnement ?

La Cop28 au Qatar était bien triste, environnée de producteurs de pétrole. La suivante en novembre 2024 à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, également gros producteur de pétrole, ne devrait pas nous enthousiasmer. Mais plutôt que de déprimer, de plus en plus nombreux sont les Françaises et les Français, de tous âges, qui changent, à bas bruit, leur mode de vie.

Il est plus facile à vivre d’agir en regardant l’avenir que de pleurer le cynisme d’actions internationales ou gouvernementales qui nous échappent. Et ce n’est pas rien. D’autant qu’au final, le changement de nos comportements de simples citoyens pèsera pour 25 % des émissions du pays.

Décrypter les évolutions sociétales, c’est l’ambition de Regards, une radioscopie de la France, la nouvelle rubrique de Ouest-France, à lire en supplément numérique, et sur notre site internet.

Découvrez ci-dessous les articles de ce huitième numéro de Regards, qui ambitionne, appuyé sur le travail des 600 journalistes d’Ouest France, de prendre le pouls d’une société en pleine évolution.

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Regards. La place que prend l’écologie dans nos vies.

La Une du Regards de janvier 2024. | OUEST-FRANCE

La Une du Regards de janvier 2024. | OUEST-FRANCE

Peser son poids… en carbone

L’enjeu pour la population française est de passer de quasi 10 tonnes d’équivalent CO2 émises par personne et par an actuellement, à 2 tonnes à l’horizon 2050. Pour y parvenir le chemin est long et implique de profonds changements dans nos vies quotidiennes. Nous avons sélectionné Cinq graphiques pour comprendre.

Un des premiers pas pour y parvenir est de calculer notre empreinte carbone.

Ceux qui le font ne le regrettent pas. J’ai mesuré mon empreinte carbone (et ça m’a presque rendu optimiste !)

Agir un peu, beaucoup, passionnément

Pour évaluer la place que l’environnement a prise dans nos vies, les journalistes d’Ouest France sont par aller voir ceux qui agissent, un peu, beaucoup, passionnément.

À commencer par nos lecteurs qui partagent comment chacun à leur échelle, ils introduisent de nouveaux gestes dans leur quotidien.

Il y a aussi ceux qui voyagent désormais en train pour l’écologie même si « c’est un vrai effort ».

« Nous avons abandonné la voiture, voici ce que ça a changé pour notre famille » nous raconte une autre famille.

Le deuxième poste important de notre empreinte carbone, après notre façon de nous déplacer, est notre nourriture. Il est parfois plus facile de la modifier que de renoncer à certains transports.

« Je ne pensais pas y arriver » : ils ne mangent plus de viande pour sauver la planète.

Le nombre de cyclistes augmente mais nécessite un investissement important pour que leur sécurité soit assurée. Ici la circulation à Rennes. Photo Philippe Renault / Ouest-France | OUEST-FRANCE

Le nombre de cyclistes augmente mais nécessite un investissement important pour que leur sécurité soit assurée. Ici la circulation à Rennes. Photo Philippe Renault / Ouest-France | OUEST-FRANCE

Manon Dugré coanime une chaire dédiée aux habitudes alimentaires au sein d’AgroParisTech. Avec son équipe, elle cherche les ressorts pour inciter les jeunes adultes à opter pour une alimentation durable. Selon elle, pour la transition alimentaire « les injonctions sont inefficaces »

Le troisième poste d’action est celui du logement. L’isoler mieux, bien le choisir ou même, le construire. Cette famille de Loire-Atlantique a ainsi construit sa propre maison passive.

D’autres vont encore plus loin pour se projeter dans l’avenir, et celui de leurs enfants. En Finistère, une famille a planté une forêt pour la faune et les générations futures.

Dans les Côtes-d’Armor, plusieurs familles ont, elles, choisi de vivre dans un éco-hameau.

Enfin il y a ceux qui choisissent d’agir chez leur employeur : Ces salariés s’engagent pour l’écologie au travail.

Les freins qui empêchent d’agir

Mais au fil des reportages, remontent aussi les freins qui nous retiennent d’agir, même armés de bonne volonté.

Un des premiers blocages, qui peut toucher chacun, est devenu un classique. Les individus, les responsables politiques et les entreprises se renvoient la balle pour pointer les responsabilités des autres, se détournant de l’enjeu primordial : agir. C’est le schéma du « triangle de l’inaction », dessiné par Pierre Peyretou, professeur affilié à l’ESCP. Dans un entretien, Pierre Peyretou explique comment briser le « triangle de l’inaction » et faire vraiment bouger les choses.

Les autres freins sont culturels, souvent.

De fait, si la sensibilité à la planète a énormément progressé dans l’esprit de chacun, le passage à l’acte est plus compliqué. Changer leur mode de vie pour la planète : ils sont prêts à le faire… ou pas du tout.

Les jeunes sont une des clés de l’avenir : mais les jeunes sont-ils vraiment intéressés par le climat ? Éléments de réponse avec le sociologue Laurent Lardeux, spécialiste de la jeunesse.

Au-delà de ce qu’on peut faire ou non, il y a aussi des situations qui contraignent à faire des choix que l’on sait ne pas être bons pour la planète. « Un choix égoïste mais ponctuel » : malgré l’urgence climatique, ils ont choisi la clim.

Pour d’autres, les nouvelles contraintes de circulation imposées sur les voitures les plus polluantes, sont très mal vécues. « Les ZFE, une privation de liberté » : ils ne pourront plus aller en ville en voiture.

Les pouvoirs publics pourraient nous aider…

Les citoyens ne peuvent seuls changer le climat. Les changements que cela implique sont tels qu’il ne faut plus se contenter de petites mesures : ils doivent enclencher les débats pour s’entendre sur un « nouveau contrat social », estime Mathieu Saujot, qui dirige le programme Modes de vie en transition au sein de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI).

Les politiques publiques comptent énormément dans le changement de l’ensemble du pays. Que va changer « l’écologie à la française » dans notre quotidien ?

Au-delà des voitures électriques, la question des voies cyclables est cruciale également. « Un grand nombre de ruraux sont prêts à se déplacer à vélo, si leur sécurité est assurée » explique Hélène Jacquemin est cofondatrice et coprésidente d’InVN (Innovation véhicules doux), association cycliste pour trajets du quotidien.

De la même manière, favoriser des transports polluants par de nouvelles infrastructures est questionnable. Doit-on arrêter de construire des autoroutes en France ?

Pour ce qui est de l’alimentation, les Français sont désormais très sensibilisés aux questions environnementales. Mais environnés d’incitations à manger constamment de la viande, comment peuvent-ils seuls végétaliser leur alimentation ? Pour Charlie Brocard, chercheur de l’IDDRI spécialisé dans l’évolution de notre alimentation, il ne suffit plus d’informer la population : Grande distribution et industrie agroalimentaire doivent désormais être impliquées.

Pour certains, ce n’est déjà plus un choix

Indépendamment de leur volonté, de nombreux Français voient déjà leur mode de vie impacté par les changements climatiques. « Tant pis pour nos rêves » : partir ou rester, cruel dilemme après les inondations.

En 2011, Yannick Perraud, pêcheur en Loire, a transmis l’entreprise familiale à son neveu Matthieu. Issus de la plus vieille famille française de pêcheurs en eau douce, les deux passionnés voient la Loire se transformer et la ressource diminuer. « Quand en plein été, je vois le fond de la Loire, ça me fait de la peine », témoigne Yannnick Perraud.

Pour finir ce tour d’horizon, Regards vous propose un voyage dans le temps, dans le futur, en 2038, lorsque les restrictions d’usage de l’eau auront profondément modifié notre quotidien. « Une douche de trois minutes tous les trois jours » : la vie imaginée d’une Nantaise en 2048.

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