La protection de l’enfance a servi de prétexte à une attaque des personnes homosexuelles et plus généralement membres de la communauté LGBTQIA+, au Ghana. La proposition de loi « Droits sexuels humains et valeurs de la famille » a été adoptée à l’unanimité par les 275 députés du Parlement. Ce texte fait l’objet de discussions depuis 2021, et a été largement critiqué par les organisations non gouvernementales, au Ghana ou ailleurs.
Le président Nana Akufo-Addo doit encore ratifier le texte dans les prochains jours : la veille de l’adoption au Parlement, le chef de l’État recevait une délégation du Forum chrétien mondial, rappelle Le Monde. La législation homophobe a été soutenue, depuis sa présentation, par une coalition de représentants chrétiens et musulmans…
Des persécutions légalisées
Début 2021, l’inauguration des locaux de l’association LGBT + Rights Ghana, qui défend les droits des personnes homosexuelles, avait soulevé des vagues d’indignation et de désinformation sur les réseaux sociaux. Les insultes et appels à la haine s’étaient succédé, tandis que l’ouverture de ce centre de ressources était ramenée à une tentative de « propagande » de l’Occident.
Particulièrement sévère, le texte adopté par le Parlement criminalise les relations homosexuelles et jugées « contraires aux valeurs familiales », mais encourage aussi la dénonciation par les tiers, sous peine de sanctions en cas de dissimulation.
Il vise également les activités des organisations non gouvernementales et des associations qui militent pour l’égalité des droits et la reconnaissance de la liberté sexuelle.
« Ce projet de loi élargit le champ des sanctions pénales à l’encontre des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transgenres, des transsexuels et des queers, simplement pour être qui ils sont. Nous exigeons que ce projet de loi n’entre pas en vigueur », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, après l’adoption du texte par le Parlement.
De 5 à 10 ans de prison
Le texte s’attaque également à « la propagande, la promotion et la défense des activités interdites par cette loi », en prévoyant entre 5 et 10 années de prison pour toute personne qui « diffuse, publie ou distribue » des contenus qui font la « promotion » de l’homosexualité et des droits des personnes LGBTQIA+.
Les publications à destination de la jeunesse sont directement évoquées par la législation, notamment celles qui « apprennent aux enfants à découvrir des genres ou sexes autres que les catégories binaires de l’homme et de la femme ».
Ces incitations à l’autocensure ne sont pas propres au Ghana, elles se sont même généralisées dans plusieurs pays d’Afrique au cours des derniers mois. Kenya, Ouganda, Tanzanie, notamment, ont renforcé leur arsenal juridique contre la liberté sexuelle et la liberté de genre, avec des dispositions similaires à celles adoptées au Ghana.
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Selon l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexuées (IGLA), une vingtaine de pays africains appliquent des lois ou des règlements qui restreignent la liberté d’expression sur les sujets relatifs à la diversité sexuelle et de genre, d’après un rapport publié en 2020.
Les pressions des diverses communautés religieuses — chrétienne, musulmane ou même hindou — ont une influence écrasante sur les législations de certains pays. L’organisation chrétienne américaine fondamentaliste Family Watch International (FWI), par ailleurs, s’est largement investie dans un lobbying auprès des parlementaires et responsables politiques de plusieurs pays d’Afrique, afin de peser sur leurs décisions en matière de droits humains.
Photographie : le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, en septembre 2023 (IAEA Imagebank, CC BY 2.0)
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