Au Ghana, une semaine après l’adoption par le Parlement d’une loi anti-LBGTQ+ dénoncée par une partie de la communauté internationale, le président Nana Akufo-Addo dit vouloir attendre que la Cour suprême saisie par un citoyen ghanéen se prononce avant de promulguer ou non la nouvelle législation.
Cette loi punit les « activités homosexuelles » par deux mois à trois ans de prison. Elle criminalise aussi ce qu’elle appelle la « promotion » de l’homosexualité, avec des peines allant de cinq à dix ans de prison.
Le projet de loi était dans les tuyaux du Parlement depuis déjà trois ans, soutenu par une coalition de chrétiens, de musulmans et de chefs traditionnels. Son objectif affiché est de défendre « les valeurs familiales ghanéennes », dans un pays très religieux.
Réactions indignées
Il incombe désormais au président d’y apposer sa signature pour que la loi entre en vigueur. Les députés l’appellent à passer de la parole aux actes. Nana Akufo-Addo est officiellement opposé au mariage gay, il l’a clamé haut et fort depuis son arrivée au pouvoir en 2017.
Reste que cette nouvelle législation suscite une forte réaction, que ce soit auprès des défenseurs des droits de l’Homme au Ghana, mais aussi à l’international. La loi est « profondément perturbante » et contraire aux engagements du Ghana en matière des droits de l’Homme, selon les Nations unies. Elle « menace les libertés d’expression, de presse et de réunion de tous les Ghanéens » pour les Etats-Unis. Enfin, Human Rights Watch juge le texte « incompatible avec la longue tradition de paix, de tolérance et d’hospitalité du Ghana ».
Pertes financières
Des critiques viennent aussi des rangs du pouvoir. Le ministre ghanéen des Finances dit craindre des sanctions financières colossales.
Un document interne liste les conséquences économiques en cas d’adoption et parle d’une perte de près de quatre milliards de dollars de financement de la Banque mondiale dans les prochaines années.
On se souvient que l’institution avait suspendu ses aides à l’Ouganda, l’an dernier, en réaction à la loi homophobe du président Museveni.
Or le Ghana, qui a récemment traversé une des pires crises financières de son histoire, a emprunté des milliards de dollars au Fonds monétaire international et cherche à restructurer sa dette.
Tous les regards sont donc tournés vers Nana Akufo-Addo. Celui-ci doit quitter le pouvoir en décembre prochain et pourrait bien passer ce dossier hautement sensible à son successeur, afin de ne pas ternir son image avant son départ.
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