Peut-on être écolo lorsqu’on vit en banlieue, royaume de l’auto solo, des pelouses vertes et du Costco ? C’est difficile, mais pas impossible, plaide la Montréalaise Maude Carmel, qui a déménagé à Chambly en faisant le pari de garder ses habitudes écoresponsables. Dans un livre à paraître mercredi, elle offre ses conseils pour y parvenir, en espérant encourager les banlieusards à repenser leur mode de vie.
« Aujourd’hui, je suis sûrement plus écolo dans ma banlieue que bien des Montréalais, lance fièrement Maude Carmel en entrevue. Mais ça demande plus d’efforts et beaucoup de volonté. Ici, tout est pensé pour que tu prennes ton auto, c’est difficile de résister. »
Cela fait bientôt trois ans que la chroniqueuse et créatrice de contenu a quitté sa métropole adorée pour s’installer dans la couronne sud. Elle se souvient très bien du jour où elle est arrivée dans son nouveau bungalow, en juin 2021, des boîtes de carton — usagées bien sûr — plein les bras, des préjugés plein la tête. « Je snobais la vie de banlieue, reconnaît-elle. La banlieue semble aller avec un mode de vie où tout vient en “gros” : l’immense maison neuve de quatre étages, le grand terrain clôturé inutilisé, trois ou quatre voitures, dix-huit portes, les grosses épiceries au Costco… […] Moi, j’ai envie de mener une vie qui se contente de peu. »
Son désir de fonder une famille et de posséder son propre jardin l’a toutefois encouragée à relever le défi de conjuguer ses valeurs écologiques avec cette vie de banlieusarde. Mois par mois, pendant un an, elle a soigneusement documenté son parcours pour y arriver et en fait l’objet de son tout premier livre.
À mi-chemin entre l’essai environnemental et le journal intime, Journal d’une écolo en banlieue se veut un guide d’inspiration pour ceux qui aimeraient devenir plus écoresponsables sans savoir par où commencer. À travers sa propre expérience, ses erreurs et ses victoires, Maude Carmel y offre ses réflexions, mais surtout ses trucs et astuces du quotidien pour y parvenir : où trouver des cartons de déménagement usagés, comment fabriquer ses propres décorations d’Halloween et ses cadeaux de Noël, comment faire son compost, son propre potager et éviter le gaspillage alimentaire. Il est aussi question d’achat local — et en vrac idéalement —, d’économie de seconde main et bien sûr de transport actif et collectif.
« Je ne veux pas culpabiliser les gens ni leur faire peur et qu’ils se découragent. Je veux montrer, au contraire, qu’on peut habiter la banlieue autrement, un petit geste à la fois, chacun à son rythme, chacun avec ses limites. […] On ne peut pas être écolo à 100 % dans la société actuelle », soutient l’autrice.
Tous en auto
Selon Maude Carmel, le plus difficile en banlieue est la dépendance à la voiture qui découle directement de la manière dont on aménage le territoire, en favorisant sans cesse l’étalement urbain et les villes-dortoirs. Que ce soit pour acheter du pain, récupérer un médicament à la pharmacie ou encore se rendre au travail, la voiture devient essentielle, faute d’options efficaces.
« En banlieue, peu importe la destination, c’est toujours plus rapide de prendre sa voiture que d’y aller à vélo ou en bus. Et dans une société où notre mode de vie est dicté par l’optimisation de notre temps, quand tu travailles 40 à 50 heures par semaine, je comprends que l’option numéro un soit l’auto », laisse tomber la jeune femme.
Elle-même a fini par céder depuis l’arrivée de son premier enfant en 2022 — la naissance du second étant prévu dans deux mois. Sa maison a beau être à moins de 20 minutes à pied ou à vélo des principaux services, 75 % de ses déplacements se font désormais en voiture. « J’essaie d’intégrer la marche et le transport en commun les fins de semaine, je veux que ces modes de transport soient des options amusantes et attrayantes dans l’esprit de mes enfants. Je vais aussi intégrer le vélo quand ils seront plus grands », soutient-elle.
Du chemin à faire
Aux yeux de Maude Carmel, il est urgent que les pouvoirs publics assument leur part de responsabilité pour aider et surtout convaincre les citoyens, particulièrement les banlieusards, à adopter un mode de vie plus écoresponsable. « Par exemple, quand on donne aux citoyens des façons différentes de se déplacer, qui leur coûtent moins cher à long terme, qui leur évitent d’acheter une deuxième voiture, qui leur permettent de se déplacer pour travailler, et ce, sans faire trop de compromis sur le temps que ça prend, souvent, ils répondent par l’affirmative », écrit-elle.
L’autrice se dit également pour des solutions déjà en place dans d’autres pays, comme une récompense financière pour encourager le covoiturage, des transports en commun plus nombreux, plus fréquents et gratuits, ou encore des pénalités pour les automobilistes qui polluent le plus ou se déplacent seuls sur l’autoroute.
En attendant que les décideurs « se réveillent », elle estime que les citoyens peuvent agir concrètement en adoptant de petits gestes au quotidien et en utilisant différemment l’espace. « Pour moi, c’est un acte d’optimisme. En étant toujours plus nombreux à adopter un mode de vie plus écoresponsable, on poussera les gouvernements à agir autrement. »
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