Fagace et le Fonds de Garantie des prêts aux entreprises de Guinée (FGPE) en opération de séduction à Conakry
Par Mamadou Aliou Diallo, correspondant permanent de Financial Afrik à Conakry.
Aux côtés du directeur général du Fonds de Garantie des Prêts aux Entreprises de Guinée (FGPE), Abdoulaye Diallo, Monsieur Ngueto Tiraïna Yambaye Directeur Général de l’institution panafricaine FAGACE, nous rappelle avec une certaine dose de nostalgie l’historique de la création du FAGACE. « Le FAGACE est né de l’initiative des chefs d’État et de Gouvernement de l’ex-OCAM (organisation commune africaine et Malgache) qui avait pour but de renforcer la coopération africaine mais également d’offrir des garanties aux capitaux étrangers et domestiques désireux d’investir en Afrique. Cette initiative s’appelait à l’époque le fonds de garantie de l’OCAM. C’est après la dissolution administrative de cette organisation que sa dénomination a changé pour devenir le Fonds Africain de Garantie et de Coopération Économique (FAGACE) en 1977. Certains pays membres n’étaient plus présents après la dissolution et après l’entrée en service du FAGACE ».
C’est à l’issue de longs mois d’échanges et de négociations à l’initiative du Directeur général du FGPE, mandaté par les autorités guinéennes, que la détermination des deux dirigeants a fini par payer. Pour célébrer ce partenariat, le FGPE a mobilisé un parterre représentatif de l’écosystème financier du pays (Banques, assurances, méso et microfinances, consultants du secteur, le secteur privé et la chambre de commerce et d’industries) pour témoigner de cette nouvelle ambition affichée de créer des synergies entre les deux institutions.
Avec près de 5 décennies d’existence, un capital de 500 milliards FCFA et 14 États africains membres, le FAGACE s’apprête à intégrer la Guinée
Basée à Cotonou au Bénin, la délégation conduite par son directeur général, Ngueto Tiraïna Yambaye, a mis à profit son séjour pour présenter au secteur financier et privé guinéen ainsi qu’aux représentants officiels du gouvernement guinéen, son offre de produits et les outils de garantie que FAGACE a déployé en faveur de ces 14 pays membres. Cette présentation a permis au FAGACE de répondre à toutes les interrogations du secteur financier guinéen sur les mécanismes de garantie deFAGACE.
S’appuyant sur les normes Bâloises (II et III), qui promeut la préservation d’un système bancaire solide et résilient, répondant aux besoins de financement des économies des États de manière durable, les activités de FAGACE se concentrent principalement dans la mise en place de solutions à en faveur des Etats et du secteur privé notamment à travers la garantie individuelle et la garantie de portefeuille.
Selon la Directrice des Opérations et du marketing du FAGACE, Madame Emmanuelle MIGAN, la garantie individuelle s’adresse aux entreprises de taille intermédiaire et aux PME tandis que la garantie de portefeuille vise les segments des TPME qui souffrent généralement le plus souvent du rationnement du crédit en partenariat avec les Banques et Institutions financières.
Nature de la garantie de FAGACE
Quant au mode opératoire, Madame MIGAN précise qu’il est basé sur la confiance et la rapidité. Dans ce schéma, le FAGACE se présente comme facilitateur d’accès au financement du secteur privé, notamment des PME et réduit grâce au mécanisme de partage des risques avec le système financier. Les produits du fonds sont distribués exclusivement à travers les banques et les institutions financières partenaires.
Rebondissant sur la notion de « garantie silencieuse », évoquée par la Directrice des opérations du FAGACE, le Directeur Général du FGPE Guinée précise que la garantie est attribuée à l’institution financière afin de qualifier le dossier de crédit et d’améliorer le risque. Par conséquent, le bénéficiaire final n’est pas sensé être au courant de la mise en place de cette garantie « C’est pour cela que la garantie doit demeurer silencieuse durant tout le cycle de vie du crédit ».
Les fonds de garantie sont généralement détenus par des acteurs publics qui, in fine, visent l’effet indirect de développement à travers la création d’emplois et la croissance de l’Économie.
Poursuivant son speech, le DG du FGPE apporte des clarifications sur la question. Est-ce que l’arrivée du fonds de garantie (FGPE) change quelque chose dans la politique d’octroi de crédits des institutions financières? Oui répond-t-il, «en ce sens que si vous regardez les sollicitations, vous avez beaucoup de dossiers qui sont bons et que vous voulez financer mais malheureusement le promoteur a du mal à mobiliser des garanties…Là où il faut être clair pour l’apport des fonds de garantie. C’est qu’il faut d’abord que le dossier soit bancable, nous intervenons à ce niveau. Nous ne sommes pas là pour faire du financement des « subprimes », c’est des dossiers de qualité sur lesquels, indépendamment du collatéral, vous êtes favorables. Vous arrivez à la conclusion que c’est un bon risque, le projet a du sens. Les contraintes du régulateur, notamment sur les normes bâloises, font que les institutions financières ont toujours besoin de couvertures en cas de défaillance de l’entreprise. Vous avez le dossier, vous mettez à côté les garanties; vous regardez le projet d’abord. Est-il bancable ? Il est bon, vous cochez vert. Ensuite vous regardez les garanties. Elles sont suffisantes ou pas ? C’est là où nous intervenons », soutient Abdoulaye Diallo.
« Soyons clairs sur un élément. Quand un dossier arrive sur la table du commercial et qu’il est éligible parce que la convention le spécifie, il ne devrait pas le notifier au client en ce sens que la garantie silencieuse couvre son prêt auprès de la banque. Cela vise simplement à renforcer son avis par rapport à la décision sur le financement. Cependant, il faut que le dossier soit bon pour que vous soyez favorable au financement. Que le projet ait un marché, qu’il soit bien gouverné et qu’il ait des perspectives de supporter les conditions d’octroi du prêt. Vous ne devez pas informer le client qu’il est éligible au fonds de garantie ou au FAGACE. Si vous faites d’emblée cette erreur, vous aurez créé ce qu’on appelle l’aléa moral. Dans ces conditions dès que vous arrivez au recouvrement, vous ferez face à assez de difficultés pour recouvrer parce que le client se désengage et n’accorde pas assez de rigueur dans la gestion une fois qu’il est au courant que le fonds garantit une partie de sa créance » , conseille le DG du FGPE Guinée. Vous n’avez juste qu’à maintenir ce secret professionnel car, poursuit-il, la garantie est en réalité destinée à la banque et pas au client pour lui faciliter l’octroi du crédit », a suggéré le DG du FGPE Guinée.
Interpelé sur la problématique de la qualité des dossiers fournis par les promoteurs, Hamidou Amadou, conseiller du directeur général, chargé des partenariats, soutient que son institution a imaginé une solution en mettant en place l’institut du FAGACE « Après 47 ans d’expérience, on s’est rendu compte qu’il faut un écosystème complet. C’est ainsi que FAGACE a développé le volet formation parce que nous nous sommes rendu compte qu’il y a des entrepreneurs qui ont des projets très intéressants mais par manque de capacités pour le montage de ces projets, ils perdent des opportunités de financement. On s’est dit qu’à partir de l’instant, nous allons y remédier. C’est de là qu’est venue l’idée de la mise en place de l’institut du FAGACE qui fait de l’assistance formation et technique aux entreprises parce que c’est le capital humain qui est au centre de tout. Dès que le capital humain est formé, cela renforce l’ensemble de l’écosystème et nous permet d’atteindre nos objectifs. L’institut du FAGACE s’occupe aussi bien de la formation interne des cadres du FAGACE afin de maintenir le cap que des formations à l’endroit de nos partenaires qui fédèrent les PME/PMI pour aider ceux-ci à mieux structurer leurs projets avec un niveau de risques minimes et qui multiplie les chances de succès lors de la sollicitation de financement ».
La plus-value qu’offre le FAGACE
Poursuivant son exposé sur les avantages à coopérer avec le FAGACE, la chargée des opérations a égrené dans son speech une kyrielle d’opportunités à saisir mais également des avantages. Madame MIGAN relève en amont l’aspect crédibilité de son institution. Notée double A (AA) en 2023 par l’agence de notation GCR (filiale de MOODYS), le FAGACE est agréé par l’autorité des marchés financiers de l’Afrique de l’ouest (AMF-UMOA), mais également par l’autorité du marché financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF), entre autres. Elle s’est félicitée que le FAGACE soit une organisation orientée sur la gestion des risques avec un organigramme revu et axé autour de l’analyse et la gestion des risques, un cadre prudentiel en ligne avec les standards internationaux (plafond maximal d’intervention par projet : 5% du potentiel d’aval, sauf décision des instances ; un partage de risque équitable avec les banques, etc….).
Par rapport aux modalités de fonctionnement, la chargée des opérations du FAGACE relève qu’une quotité garantie de 50% maximum du montant de crédit ou de la ligne de garantie, permettant un partage des risques équitable avec les institutions financières, est aussi un gage de rigueur sur l’étude des dossiers en termes de risque de crédit et de contreparties.
Au-delà du financement du secteur privé, elle a exposé, des cas concrets de mobilisation des fonds pour les Etats sous forme de partenariats Publics privés (PPP). Soutenant, d’après elle, une certaine capacité du FAGACE à déployer des solutions d’ingénierie financière au service de ses participants pour le financement de projets structurants.
Le Directeur général soutient que le FAGACE travaille beaucoup sur l’intégration économique et financière de l’Afrique: « nous travaillons déjà avec le fonds de garantie des prêts aux entreprises de Guinée (FGPE) dans le cadre de l’association professionnelle des fonds de garantie africains. En janvier 2024, nous nous sommes réunis à Rabat au Maroc où nous avons réfléchi ensemble sur des possibilités de coopération à l’échelle africaine. La dynamique que souhaitent les autorités de la Guinée et FAGACE, c’est vraiment de continuer à renforcer l’intégration de l’Afrique. Vous savez que la Guinée regorge de de potentialités mais elle est sous financée, c’est un paradoxe économique. Voilà un pays qui est riche potentiellement et qui a besoin de ressources financières pour booster sa croissance et son développement au profit de la population. La Guinée peut être un grand moteur pour le développement de l’Afrique. C’est pour cela que nous sommes ici en tant qu’institution multilatérale panafricaine pour pouvoir accompagner le FGPE Guinée et le gouvernement guinéen, nous sommes au service de l’Afrique » s’enthousiasme le DG du FAGACE.
« Le FAGACE a rencontré plusieurs fois les premiers responsables de la Chambre de Commerce de l’Industrie et de l’Artisanat de Guinée (CCIAG). Nous nous sommes rencontrés au Cameroun mais également au Bénin et dans d’autres forums. Nos échanges avec eux nous ont amené à réfléchir sur ce qu’on peut faire très rapidement pour le secteur privé Guinéen. Pour cela, il fallait impliquer le secteur bancaire, les institutions financières et les compagnies d’assurances de la Guinée pour pouvoir ensemble booster la croissance économique de la Guinée et le bien-être des populations afin de relever le défi du développement de la Guinée », a réaffirmé le DG du FAGACE.
À propos de FGPE
Le Fonds de Garantie des Prêts aux Entreprises de Guinée (FGPE) est une Société Anonyme avec Conseil d’Administration agréée par la Banque Centrale de la République de Guinée en tant qu’établissement financier. Sa mission principale est de faciliter l’accès au financement des TPME. Le FGPE apporte également des solutions permettant aux PME d’optimiser les délais de paiement des grands donneurs d’ordre (Grandes Entreprises locales, Institutions publiques ou mixtes…). Son objectif est de favoriser le financement et la croissance des entreprises guinéennes, de faciliter l’accès au financement des Petites et Moyennes Entreprises (PME), de fournir aux institutions financières des garanties (et autres produits financiers similaires ou connexes), afin de contribuer à réduire la pauvreté. Conscient des enjeux climatiques, le FGPE est résolument engagé à servir ses clients dans une optique de responsabilité sociale et environnementale rigoureuse et exigeante. Le FGPE veut ainsi impulser le renouveau de l’offre de financement et de la demande grâce à son mécanisme d’intervention de partage de risque, à travers des solutions sous forme de garanties de portefeuille et de garantie individuelle.
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