un été rallongé ? Une saison des pluies ? Un mode de vie à l’espagnole ? À quoi s’attendre pour la météo en 2050 en Centre-Val de Loire ?

Après une température moyenne record en 2023, quelle sera la météo dans le Centre-Val de Loire en 2050 ? France 3 Centre-Val de Loire a posé la question à Olivier Renard, président de l’association Météo Centre.

Le réchauffement climatique n’en finit plus de s’aggraver et, sans changement de comportements prochainement, nos modes de vie, nos paysages seront largement bouleversés. Sans surprise, la tendance des températures est largement à la hausse, Olivier Renard, président de l’association Météo Centre, dresse un portrait de ce que pourrait être la météo de la région Centre-Val de Loire dans 26 ans. 

  • Quel temps fera-t-il en 2050 ?

Olivier Renard : « Il fera beaucoup plus chaud. C’est déjà un constat actuel où l’on a vraiment une récurrence très forte des années plus chaudes que les normales de saisons depuis les années 90 et c’est encore plus marqué depuis les années 2000.

En fonction de ce que l’on va faire en termes de dégagements de gaz à effets de serre, on aura des variations. Si on arrive à être à peu près raisonnable et très performant sur les années à venir, on pourra peut-être limiter la casse. En revanche, si on continue comme on le fait actuellement, ça risque d’être beaucoup plus compliqué et on aura des changements beaucoup plus importants d’ici à 2050.

Les efforts mis en place dans les années prochaines vont réellement commencer à avoir un impact sur 2040, 2050, voire après. L’histoire des 20 prochaines années est déjà presque écrite.

  • Beaucoup plus chaud, ça veut dire quoi ?

C’est avoir plus chaud toute l’année et pas seulement l’été. Toutes les saisons sont impactées. Par exemple, à Orléans, en hiver, on a actuellement 4,1°C de moyenne (valeurs de références calculées sur la période 1976-2005 décidés par l’organisation mondiale de la météo et le GIEC ndlr). En 2050, on estime que l’on a 90% de chances d’être entre 5°C et 6°C ! Pour le printemps, on passerait de 10,6 °C à entre 11,1°C et 12,5°C. En été, de 19,3°C à entre 20,2°C et 22,4°C donc une augmentation très importante de 3°C. Enfin, pour l’automne, on passerait de 11,9 °C à 12,9°C et ça pourrait même aller jusqu’à 14,4°C.

Il y a vraiment des augmentations hyper importantes à toutes les saisons. C’est exactement la même tendance à Chartres et Châteauroux. Tous les jours vont être un peu plus chaud que la normale.

Olivier Renard, président de l’association Météo Centre.

  • L’année 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, le précédent record datait de 2016, est-ce qu’ils vont continuer de tomber au fur et à mesure ?

En 2023, on a eu l’équivalent de quatre mois d’été. Les valeurs de juillet et août ont largement été dépassés en juin et en septembre. En termes de températures moyennes, c’est comme si on avait eu un mois de juin plus qu’estival, avec plus de 4°C par rapport à un mois de juin normal, un degré par rapport à un mois d’août normal. Il y a une prolongation de l’été du 8 juin au 8 septembre, mais qui va s’étendre, en commençant plus tôt et en finissant plus tard.

On va certainement battre encore ces records. Au niveau national, depuis le début de l’année, il y a pléthores de records qui sont tombés. Notamment le week-end dernier avec des températures très anormales venues du nord de l’Afrique.

 

  • Peut-on imaginer que ces températures pourraient se prolonger vers novembre ou décembre ?

Non, je ne pense pas que l’on arrivera à avoir des pics à 25 degrés au 15 décembre… C’est compliqué puisque l’on a très peu d’énergie solaire qui arrive… mais on aura des températures de plus en plus douces de plus en plus souvent.

 

  • Des hausses de températures qui vont diminuer le nombre de jours de gels ?

 Par exemple, à Orléans, le nombre de jours de gel va passer de 43 aujourd’hui, à entre 21 et 33 en 2050. Dans le pire des cas, on va donc diviser par deux le nombre de gelés.

 

  • Le principal enjeu, c’est de gérer nos émissions de gaz à effets de serre ?

Il va falloir apprendre à vivre avec, à s’adapter aux risques de feux de végétations qui vont être de plus en plus importants. Aujourd’hui, on estime que le nombre de jours avec un feu de végétation significatif sur la région est entre une et trois ou quatre journées. À la fin du siècle, on pourrait passer, dans le pire des cas, à plus de 25 jours de feux de végétation. La forêt d’Orléans pourrait avoir le même risque d’incendie que la Provence actuellement. 

On aura des vagues de chaleurs plus longues, plus intenses, plus fréquentes, des nuits tropicales à plus de 20 degrés. Actuellement à Orléans, on est à trois nuits chaudes par an, en 2050, on estime que l’on sera entre 6 et 21 nuits chaudes.

Olivier Renard, président de l’association Météo Centre.

 

  • Qu’en sera-t-il des pluies ?

En 2023, les épisodes de pluie ont été très mal répartis dans l’année. Il y a des mois où il n’a fait que pleuvoir, d’autres où l’on a un déficit de pluie de 90%. On estime que l’on ne va pas avoir une très grosse variation de la quantité d’eau qui risque de tomber. Par contre, on va avoir des périodes hyper humides, un petit peu comme les dernières énormes précipitations à Blois et sud Touraine, avec des inondations importantes. Donc des hivers très humides, mais aussi de longues périodes sans eau.

 

  • Si on caricature, on pourrait presque avoir le droit à une saison des pluies ?

En caricaturant jusqu’au bout, on pourrait presque dire ça.

  • Quelles conséquences sur nos bâtis ?

Il y a deux choses. Déjà, il va falloir isoler. Pour limiter les dépenses énergétiques l’hiver, mais cela permettra aussi de limiter la montée des températures dans les maisons l’été. Et donc de limiter les besoins en climatisation qui favorise l’augmentation des températures extérieures. 

En termes d’urbanismes, il va falloir créer des ilots de fraicheurs, éviter d’avoir du bitume noir et faire en sorte d’avoir des surfaces plus réfléchissantes de la lumière. Il y a beaucoup de boulot à tous les niveaux.

À un moment ou à un autre, on finira peut-être par vivre à l’espagnole, avec une grande période l’après-midi où l’on ne sortira pas ou peu, parce qu’il fera trop chaud. » 


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