Un jeune couple a trouvé refuge à Pont-Trambouze pour y aménager un antre où les personnes en quête de rapports « non conventionnels » trouveront les conditions pour aller au bout de leurs envies. En toute liberté et dans la discrétion appropriée.
Ils n’opposent aucune réserve au fait de figurer en photo dans le journal. « On ne comprend pas les gens qui ont honte de dire qu’ils sont libertins. Chacun fait comme il veut et personne n’est obligé de le crier sur les toits, mais nous, on assume, car on trouve que c’est un mode de vie sain. » Anthony, 32 ans, et Alice Gogny, 28 ans, sont en couple depuis trois ans et vivent leur libertinage de la plus naturelle des façons.
Nous détestons les clubs, qui ne pensent qu’à faire de l’argent
« Antho », métallier, pratique depuis ses 18 ans. Pour Alice, ancienne ingénieure, cela date de la rencontre avec son compagnon. « Auparavant, j’étais mariée et j’avais envie de fantaisie », glisse la jeune femme.
Tous deux, également adeptes du tatouage et du piercing, amateurs de musique métal, assumant donc pleinement leurs goûts et leurs pratiques, se montrent très à l’aise pour faire découvrir l’antre qu’ils sont en train de rénover depuis la fin de l’été dernier. À Pont-Trambouze, en contrebas de la route reliant Thizy à Cours, entre deux scieries, ils redonnent vie à une ancienne vitrerie qu’ils sont en train de transformer en un lieu dédié aux plaisirs non-conventionnels.
Dans ce bâtiment en deux parties, le jeune couple a d’abord construit son nid, à l’étage. Une intimité qu’ils n’hésitent pas à partager très allègrement. « Nous avons beaucoup fréquenté le milieu libertin lyonnais. Également celui qui se retrouve au Cap d’Agde l’été. Nous nous sommes fait beaucoup de connaissances. Nous partageons aussi beaucoup sur les réseaux sociaux dédiés au libertinage, qui est finalement un petit monde. Alors, une fois par mois, nous organisons de grandes soirées, totalement privées, chez nous. »
Des gens d’un peu partout
Dans une atmosphère de type loft, rythmée par la musique techno et la projection de films « engageants », où de nombreux objets, très orientés, ont été chinés dans des brocantes – dont un anachronique prie-Dieu et une beaucoup plus « classique » (dans ce type de lieux) croix de Saint-André – jusqu’à 50 personnes, triées sur le volet, des amis ou « amis d’amis » viennent partager un moment de liberté des mœurs absolue. Autour de la « pièce de vie », où prend place un vaste bar, six chambres ont été aménagées.« Nous détestons les clubs, pose Anthony. Ce ne sont pas autre chose que des boîtes de nuit qui ne pensent qu’à faire le maximum d’argent. » Alice avoue ne pas se sentir à l’aise, elle la jeune femme, souvent entourée « d’une grande majorité d’hommes seuls, que les clubs ne peuvent pas empêcher de venir et qui payent cher pour être là. Qui ne sont donc pas forcément très respectueux. »
Ce n’est pas l’état d’esprit dans lequel Anthony et sa compagne veulent pratiquer le libertinage. « Nous recherchions un lieu pour en faire quelque chose de convivial, pour vivre comme nous l’entendons, où les gens se sentent bien, où ils ne sont pas là que pour qu’on leur soutire de l’argent. » D’ailleurs, personne ne paie d’entrée ni de consommations pour prendre part aux soirées privées d’Alice et Anthony. Comme pour une veillée entre amis, le couple fait les courses, « et tout le monde partage les frais ».
La formule a conquis des personnes croisées – ou bien plus – dans ce « milieu » lyonnais. « Les gens arrivent d’un peu partout. De Suisse, d’Italie… Certains viennent en camping-cars et dorment sur place. Et vu le nombre de lits, on peut aussi héberger pas mal de gens. » Les participants sont pour la plupart jeunes, certains âgés d’à peine 20 ans. « Pas au-delà de 35 – 40 ans en tout cas », précisent Alice et Anthony. Il y a donc des gens de partout, mais aussi des locaux, attirés par la curiosité, qui ont osé franchir le pas et ont lié connaissance avec les hôtes. « Je pense à ce couple, marié depuis près de 20 ans, avec trois enfants. Ils nous ont dit que ces soirées avaient changé leur vie ! »
Au niveau des métiers et des classes sociales des participants aux soirées d’Alice et d’Anthony, c’est aussi le grand brassage. « Il y a toutes les professions. Même des gendarmes et des pompiers », sourient les organisateurs.
« Le AirBnb du libertinage »
Mais si nous avons rencontré ce jeune couple de libertins, ce n’est pas seulement pour parler de leur vision du couple, de leur mode de vie, ni de leurs pratiques, aussi particuliers soient-ils. C’est aussi et surtout pour le projet qu’ils sont en train de mener à bien. En contrebas de leur logement, dans la même bâtisse, Anthony et Alice sont en train de donner vie à un lieu dédié au monde du libertinage. Ce ne sera donc pas un « club » classique comme on en trouve ailleurs, mais un local, un hébergement, qui sera loué à des personnes qui souhaitent, par exemple, organiser des soirées d’un type particulier. « Ce sera un peu le Airbnb du libertinage », plaisante « Antho ». Pour les deux instigateurs, un tel lieu doit trouver sa place auprès des amateurs, dans la grande région lyonnaise. « Il y a beaucoup de pratiquants, des gens intéressés pour participer à des soirées avec pas mal de monde, mais rares sont les salles qui acceptent de louer pour de tels événements. »
Le futur local, dans cette partie du bâtiment qui sera reliée – mais pas forcément ouverte – au lieu d’habitation, aura une capacité d’une centaine de personnes. « On louera, on mettra tout à disposition au niveau de la sonorisation, des équipements que l’on retrouve dans lieux libertins. » Des équipements dont on ne pourra pas dresser la liste dans ces colonnes, mais qui sont généralement très recherchés et appréciés par les amateurs du genre…
Isolement et discrétion
Si Alice et Anthony ont flashé sur ce lieu, « où tout était à faire » et où les travaux restant à effectuer sont conséquents, c’est notamment pour son isolement, en pleine campagne. « Il n’y a pas de voisins, si ce n’est les entreprises, qui sont fermées le week-end. On est en contrebas de la route depuis laquelle le lieu n’est pas visible. Encore une fois, on ne cherche pas à attirer des gens de passage. Nous ne recrutons pas de “clients”. Il y a nos soirées privées chez nous et il y aura ce local, cet hébergement, que des gens pourront louer en réservant par le bouche-à-oreille ou parce qu’on le mettra en valeur sur des sites spécialisés. » Vivre libre, oui, le plus possible, mais aussi en cultivant ce qu’il faut de discrétion.
Pierre-Olivier Vérot
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