Contrairement à d’autres pays africains qu’ils soient voisins ou plus lointains, au Gabon, les véhicules les plus impressionnants au Gabon sont ceux de l’administration publique, signe de nombreuses dérives dans celle-ci. 4×4 flambants neufs et souvent grand luxe, berlines allemandes tout aussi luxueuses, à tel point qu’aujourd’hui l’Etat est le principal client des sociétés de vente de véhicules. Le pire, c’est que ces véhicules de l’administration ou véhicules de service, ne sont même plus, obligatoirement utilisés pour les seuls besoins et déplacements nécessités par l’exercice des fonctions inhérentes au service.
Au Gabon, l’une des dérives majeures de l’administration publique gabonaise concerne les véhicules de services. Octroyés dans l’administration sur des critères peu transparents, certains de ces véhicules sont aujourd’hui utilisés par certains responsables à leurs propres fins, bien qu’ayant été acquis sur fonds publics. Pis, certains d’entres eux n’hésitent pas à les utiliser pour des besoins ménagers, ce qui est un comble quand on sait que ces véhicules administratifs ou de service, ont pour rôle unique et essentiel, d’assurer les seuls besoins et déplacements nécessités par l’exercice des fonctions inhérentes au service.
L’opaque gestion des véhicules administratifs
Usés et utilisés par certains agents publics qui en ont la possession comme des gadgets personnels, ces véhicules dont les vitres sont souvent teintés alors même que cette pratique est légalement interdite, ne sont d’ailleurs pas scrupuleusement répertoriés. Impossible aujourd’hui de préciser le nombre de véhicules qui composent la flotte et le patrimoine de l’Etat gabonais. Alors qu’en France par exemple, pays de plus de 65 millions d’habitants, on en dénombre aisément 65 000 en 2019 pour un coût de 600 millions d’euros annuel, au Gabon difficile de se situer.
Le véhicule plaque bleue, un signe extérieur de pouvoir très apprécié des fonctionnaires
En y regardant de plus près, on se rend compte qu’il n’y a véritablement pas de répertoires connus de ces véhicules, d’ailleurs ça et là dans la ville, on peut en voir abandonner dans des ateliers de réparation automobile ou sur les parkings de certains ministères. Toute chose réellement perturbante pour un Etat englué dans une spirale de dette colossale qu’il peine à rembourser. Peu rigoureuse, peu orthodoxe, opaque et ambigüe, la gestion du parc automobile au Gabon, ne permet clairement pas à l’Etat de réaliser des économies, bien au contraire. Si on inclut les frais annexes à l’achat de ces véhicules notamment le carburant, les frais de réparation, les pièces de rechange, les lubrifiants, les frais d’assurance, les frais de renouvellement du parc, la situation est encore beaucoup plus grave.
Tandis que certains pays africains comme le Sénégal, qui en 2020, a suspendu toutes les acquisitions de véhicules de fonction et de service pour mettre fin à ces abus aux conséquences budgétaires et financières énormes pour l’Etat, ou le Rwanda qui s’est débarrassé de 80% de ses véhicules administratifs il y a quelques années réalisant au passage 13 milliards de FCFA d’économies par an, au Gabon les fonctionnaires préfèrent vivre aux frais de la princesse.
Une preuve de plus que la gouvernance, ce n’est pas le fort de nos autorités, qui pourraient pourtant, comme au Rwanda, permettre aux hauts fonctionnaires de l’État et seulement à eux, d’acheter à crédit des véhicules hors-taxe sur 5 ans. Une solution qui, en plus de permettre à l’Etat d’économiser des sommes importantes, lui permettrait également de dégager des marges pour investir dans les infrastructures notamment routières et ainsi favoriser une meilleure inclusion économique et sociale.
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