Gabon : quand les riches s’enrichissent davantage sur le dos des plus défavorisés | Gabonmediatime.com

7ème producteur de pétrole africain avec 230 000 barils/jour atteints fin mars, soit le plus haut niveau depuis 2020, le Gabon fait pourtant face à une crise profonde de confiance entre les pouvoirs publics et la couche la moins favorisée des contribuables. Et pour cause, outre une redistribution moribonde des richesses issues des produits de base, un autre volet favorise l’enrichissement des plus nantis : l’équilibre des impôts. Au Gabon, riches et pauvres paient le même montant quelle que soit la taxe. L’impôt forfaitaire est la norme, or, il est le plus injuste.

Concernant les subventions aux carburants, la Banque mondiale en faisait déjà le constat en Juillet 2023, elles ne profitent qu’aux plus aisés. C’est un fait qui tire sa source dans la structure même de l’imposition au Gabon, qui est forfaitaire. L’Etat prélève le même montant à chaque individu. Chaque contribuable voit ainsi son niveau de vie baisser d’autant. En gros, un salarié qui perçoit 150 000 FCFA est imposé de la même manière qu’un autre qui perçoit 3 500 000 FCFA. C’est la forme la plus rudimentaire de la fiscalité, qui est également la plus injuste car ne tenant pas compte des niveaux de vie.

Pire encore, cette forme d’imposition ne réduit pas les écarts de revenus. Au contraire, elle les accentue et participe ainsi à creuser le fossé entre le revenu des riches et celui des pauvres, augmentant au passage des inégalités qui sont déjà criantes. Sachant que le pays est l’un de ceux qui redistribuent le moins les richesses de la nation par le biais des recettes fiscales comme l’a souligné récemment le FMI, cette situation a tendance à aggraver la crise de confiance entre les populations défavorisées et les pouvoirs publics. Résultat, les rares réformes visant l’assainissement des finances publiques s’en trouvent bloquées, du fait d’une évidence, elles ne profiteront une fois encore, qu’aux plus aisés. 

De la nécessité de favoriser l’impôt proportionnel et l’impôt progressif

Face à cette situation qui crée un climat de plus en plus délétère dans le pays, détruisant peu à peu les filets sociaux, aggravant l’insécurité sous toutes ses formes, contribuant à aggraver les inégalités tout en favorisant l’éclosion de différentes formes de vices, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) qui s’est engagé dans une phase cruciale de transformation nationale avec la mise en œuvre de missions stratégiques, gagnerait à privilégier la mise en oeuvre de deux nouveaux types d’impôts ou du moins favoriser la reclassification des impôts actuels en misant sur des impôts proportionnels et progressifs. 

Le premier, permettrait à l’Etat d’améliorer ses recettes fiscales à travers des prélèvements proportionnels aux revenus ou à la consommation  réduisant au passage les inégalités absolues, et le second favorisant la mise en oeuvre d’un prélèvement à hauteur de la valeur de ce qui est taxé comme ça pourrait par exemple être le cas pour l’impôt sur le revenu. A ce titre, l’Etat réduirait à la fois les inégalités absolues et relatives tout en renforçant la confiance avec les populations. S’inscrivant dans une logique de réformes budgétaires, ces mesures permettraient une meilleure acceptation des programmes d’assainissement budgétaire par les citoyens, tout en améliorant considérablement l’assiette fiscale. 



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