Comment l’IA va révolutionner les flux de voyageurs en gare de Monaco

Depuis le 9 avril dernier, la gare de Monaco a entamé sa mue. Une mue invisible à l’œil nu et qui était jusque-là un secret bien gardé du personnel d’un lieu qui accueille 8 millions de passagers par an.

L’intelligence artificielle vient faire son apparition dans l’enceinte de la gare de la Principauté, où un dispositif « intelligent » a été installé sur les 106 caméras de vidéosurveillance, après plusieurs mois d’expérimentation.

La forme des corps scrutée au peigne fin

Fabrice Morénon, directeur de la concession monégasque et directeur général de SNCF Hubs & Connexions, explique les fonctionnalités de ce nouvel outil.

« On a imaginé un système qui se « plug » sur le réseau de caméras déjà existant. Grâce à un algorithme d’intelligence artificielle, qui reconnaît la forme des corps, on peut compter le nombre de voyageurs en temps réel sur les quais et sur les six entrées », développe le patron d’une gare pionnière en la matière.

L’avantage d’une telle innovation? Sa simplicité d’utilisation: un ordinateur ou une application installée sur un smartphone suffisent. Son coût est également un autre argument de poids. « Ce n’est pas cher, on n’a pas à changer les caméras », se satisfait Fabrice Morénon, qui a reçu la visite de Geoffroy Boulard et Alix Bougeret, respectivement vice-président du Grand Paris et conseillère régionale d’Île-de-France, venus superviser le déploiement du dispositif.

D’autant que les intermédiaires ont été réduits au maximum, le système est principalement de conception monégasque, « on l’a développé avec les équipes de Georges Gambarini (conseiller communal, NDLR), et avec Extended Monaco et le groupe 22″.

Invisible, cet outil intelligent se cache dans les caméras de vidéosurveillance de la gare depuis début avril. Photo J.-F. O..

Un allié sécurité

Si ce petit bijou de technologie permet de suivre l’affluence à la seconde près, c’est « pour des raisons de gestion de la gare et des questions de sécurité ». Un enjeu crucial dans le contexte actuel. Pour preuve, lors d’une journée de Grand Prix, 30 à 40.000 passagers transitent par la gare de Monaco.

« Lors des grands évènements, on pourra communiquer le nombre de personnes en gare aux policiers et aux pompiers en cas d’incident. En termes de gestion et de sécurité, c’est un outil essentiel. Ensuite, ça permet de mieux connaître la gare, de mieux l’adapter, l’organiser. On va savoir combien de voyageurs prennent la sortie Fontvieille ou Sainte-Dévote, par exemple. Jusqu’à aujourd’hui, on comptait manuellement mais désormais, ça sera automatique », détaille Fabrice Morénon.

« Les données sont anonymisées »

À l’avenir, le directeur, qui se dit pleinement satisfait de son nouvel équipement, souhaiterait que ce type de dispositif puisse détecter des mouvements suspects, comme un voyageur qui traverserait les voies sans autorisation, ou d’autres urgences comme les incendies.

Et il tient à rassurer face à certaines interrogations: « Il ne s’agit pas de reconnaissance faciale, les données sont anonymisées et on respecte la protection individuelle des données. »

Geoffroy Boulard, vice-président du Grand Paris Photo .T..

Geoffroy Boulard, vice-président du Grand Paris: « Je vais repartir avec des idées qui peuvent être dupliquées »

Geoffroy Boulard est vice-président de la métropole du Grand Paris – en charge de l’innovation et du numérique – et maire du 17e arrondissement de Paris. Vendredi 26 avril, il était en Principauté avec Alix Bougeret, conseillère régionale d’Île-de-France et conseillère de Paris, pour constater le déploiement de cette nouvelle technologie basée sur l’intelligence artificielle (IA) en gare de Monaco. L’élu y voit des pistes de réflexions pour la capitale et ses environs.

Cela faisait longtemps que vous suiviez l’évolution de cette nouvelle technologie à Monaco?

On travaille avec la SNCF dans le 17e arrondissement de Paris, en particulier avec Hubs & Connexions en gare de Monaco. J’étais venu l’an dernier pour apprécier l’approche innovante de la gare en matière de gestion des flux lors de grands évènements internationaux. C’était à l’époque une phase d’expérimentation. Je reviens pour le déploiement de cette solution, très innovante, qui peut donner des idées à d’autres collectivités. C’est aussi pour nous une source d’inspiration à la métropole du Grand Paris, notamment pour notre programme « innover dans la ville », qui aide les communes à innover, à apporter de l’IA dans la gestion de la collectivité, pour rendre la ville plus agréable, durable, sûre et résiliente.

Le Grand Paris englobe plus de 7 millions d’habitants, quels sont les enjeux de ce dispositif pour votre territoire?

L’enjeu est de voir comment on peut améliorer les infrastructures lors des évènements internationaux, que ce soient les mats d’éclairage, les mats vidéos… L’enjeu est également de voir comment on améliore la vidéoprotection et comment on s’en sert pour mieux gérer les flux et la sécurité physique des voyageurs et des citoyens. Aujourd’hui, on cherche à comprendre comment on peut intégrer tout cela dans les programmes d’aménagement, dans les villes et dans les gares. Monaco est une source d’inspiration et Hubs & Connexions est en avance.

À votre retour à Paris, vous allez donc vous inspirer des idées monégasques ?

Je vais repartir avec des idées qui peuvent être dupliquées. On a dans le 17e arrondissement un programme qu’on réalise en partenariat avec la ville de Paris et qui s’appelle « Open Batignolles ». C’est un quartier connecté, le premier de Paris. Avec plus de 150 capteurs qui vont être installés sur les feux tricolores, les mats d’éclairage et qui vont permettre de récupérer de la data. Avec ce flux et ce que je peux voir ici à Monaco, il y a peut-être des sources de partenariat ici pour exploiter les données qu’on peut relever sur un territoire parisien très dense. Pour améliorer la vie des habitants, développer le stationnement intelligent, agir sur l’aménagement… Toujours dans le respect des libertés, car évidemment, ce qui est fait à Monaco n’est pas complètement transposable à Paris.

Photo Stéphane Danna/Dir Com.

La desserte de Monaco au cœur des débats

Si SNCF Hubs & Connexions gère la concession de la gare de Monaco, les problématiques d’horaires et de cadencement relèvent en grande partie des prérogatives de la Région. Ainsi, jeudi dernier, le ministre d’État, Pierre Dartout, Céline Caron-Dagioni, conseiller de gouvernement-ministre de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme, et Pierre-André Chiappori, conseiller de gouvernement-ministre des Finances et de l’Économie, ont reçu Jean-Pierre Serrus, 13e vice-président de la Région PACA, en charge des transports et de la mobilité durable. Il était accompagné par Laurent Benvenuti, conseiller transport-infrastructure auprès de Renaud Muselier, président de la Région.

Les discussions ont porté sur le programme d’investissements, sur les moyens nécessaires pour assurer la desserte de Monaco de la meilleure manière possible, dans le cadre d’accords préexistants mais aussi en recherchant de nouvelles solutions. Comme la location de rames en unités multiples et l’acquisition de rames neuves.

Le gouvernement princier a rappelé l’importance que revêt l’accessibilité à la Principauté en train, en tant que vecteur principal de déplacements des travailleurs transfrontaliers et des visiteurs qui, chaque jour, arrivent par milliers.

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