Édito | Michel Klekowicki. La France – toujours

Il est content Bruno Le Maire. Après avoir évité la catastrophe d’une baisse de la note française, le voilà qui retrouve la banane. Les prévisions de croissance s’améliorent et, roulement de tambour, la France est championne d’Europe de l’attractivité économique. Au passage, la valeur de cette place est encore rehaussée par la composition du podium : la deuxième marche est occupée par le Royaume-Uni, tandis que l’Allemagne décroche le bronze. En un mot comme en cent, ce classement fait du bien à l’ego ministériel et redonne confiance à la majorité présidentielle dont le réindustrialisation est le cheval de bataille. Dans le détail, l’Hexagone a enregistré l’an passé près de 1 200 annonces d’implantations ou extensions d’entreprises étrangères.

Un bon score, toutefois en baisse de 5 % par rapport à l’année précédente : la guerre en Ukraine et la cherté de l’énergie sont passées par là. Concrètement, ces projets venus d’ailleurs sont susceptibles de créer 40 000 emplois nouveaux. En somme, les feux sont au vert et le locataire de Bercy peut bicher. Il ne s’en est d’ailleurs pas privé en estimant, le torse bombé : « Oui, l’économie française est solide. Oui, elle est attractive. Et non ce n’est pas un hasard ! » Aux anges, on vous dit… Ceci étant, et pour faire la fine bouche, derrière la façade, il y a aussi des raisons de jubiler un peu moins. C’est le revers de la médaille. En effet, l’étude réalisée par le cabinet d’audit EY (Ernst & Young) note que le ratio d’emplois créés par projet a du mal à décoller. Il n’est que de 35 en France, tandis qu’il monte à 49 en Allemagne pour culminer à 61 chez nos meilleurs ennemis Anglais. Qui plus est, malgré le Brexit, l’agglomération de Londres résiste bien aux assauts de sa concurrente parisienne. Bref, il reste encore des pistes de progrès pour le prochain sommet « Choose France », le 13 mai, qui est à l’industrie ce que Cannes est au cinéma. Ce jour-là, Le Maire espère bien décrocher la palme…