« La France est désormais un pays de semi-liberté »

Le JDD. Ce premier Printemps de la liberté d’expression a-t-il tenu toutes ses promesses ?

Éric Naulleau. Le succès dépasse nos espoirs les plus optimistes. Le public est vraiment au rendez-vous et, à vrai dire, c’est très encourageant. Il faut dire qu’il y avait un beau plateau, avec Michel Onfray, Boualem Sansal, Henri Guaino, Florence Bergeaud-Blackler, Georges Fenech, etc.

Pour paraphraser Claudel, la liberté d’expression, il y a des associations pour ça : Reporters sans frontières, les syndicats, la gauche… Pourquoi se substituer à eux ?

Parce que l’envie de censure est passée de droite à gauche. Je le constate tous les jours. Je rappelle que Reporters sans frontières, association dédiée à la liberté d’expression, combat désormais la liberté d’expression en demandant l’interdiction des chaînes de télévision !

C’est quand même un penseur d’extrême gauche et non d’extrême droite, Geoffroy de Lagasnerie en l’occurrence, qui a appelé sur France Inter à interdire les opinions contraires à la sienne sans que ça provoque d’émois particuliers. La situation est arrivée au point où on doit s’affranchir des étiquettes droite-gauche. La lutte pour la liberté d’expression doit devenir transpartisane.​​

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Certes, mais la liberté d’expression est-elle à ce point menacée en France qu’on doive lui consacrer trois jours de débats, de conférences et de tables rondes ?

Eh bien précisément… Quand, dans chacune de nos tables rondes, il y a au moins un intervenant qui se déplace avec une protection policière, alors oui, on peut estimer qu’il y a un problème dans ce pays. Nous sommes entrés dans un hiver de la liberté d’expression. Plusieurs forces, dont les principales, le wokisme et l’islamisme, la mettent en danger.

« Ceux qui portent une voix un peu dissidente sont obligés d’être protégés jour et nuit par la police »

Nous avons été, tous autant que nous sommes, un peu trop optimistes en considérant qu’en France, la liberté d’expression était aussi naturelle que l’eau qu’on boit ou l’air qu’on respire. Je vous renvoie à ce qu’écrit Salman Rushdie dans Le Couteau (Gallimard), son dernier livre où il revient sur l’attentat dont il a été victime. Il dit une chose simple : un pays où on ne peut pas s’exprimer sans s’exposer à être soit assassiné, soit blessé, n’est plus un pays libre.

La France est désormais un pays de semi-liberté, ou en liberté sous surveillance, où ceux qui portent une voix un peu dissidente sont obligés d’être protégés jour et nuit par la police.​

À l’instar de la rédaction de France Inter, voyez-vous comme « un signe très inquiétant pour la liberté d’expression » la suspension de l’humoriste Guillaume Meurice par sa direction ?

Ce n’est pas à moi de déterminer quand une blague est douteuse ou pas. Je suis pour qu’il puisse continuer à s’exprimer sur l’antenne de France Inter, bien que lui-même professe des opinions très antidémocratiques et très anti-liberté d’expression quand il demande l’interdiction de C8 et CNews.

Il agit comme Jean-Luc Mélenchon qui se roule par terre lorsqu’une de ses réunions publiques est annulée par la justice, mais qui organise le foutoir pour que certaines personnes ne puissent pas s’exprimer. Ces gens-là mettent notre vertu démocratique à l’épreuve parce qu’ils réclament pour eux une liberté d’expression qu’ils ne reconnaissent pas aux autres.


Printemps de la liberté d’expression, Palais des congrès à Perpignan, jusqu’au soir du dimanche 5 mai, 20 h.

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