Niger-Bénin: L’export du pétrole brut nigérien via Sèmé sabordé, Emmanuel MACRON a-t-il fait pression sur Patrice TALON ?
Alors que les discussions entre les autorités béninoises et nigériennes sur le processus d’exportation du pétrole brut du Niger sur le marché international via le port de Sèmé (République du Bénin) étaient presque bouclées avec le quitus de Cotonou, un coup de tonnerre s’abat, contre toute attente, sur le géant pipeline nigérien. Cotonou se démarque de Niamey et semble se ranger derrière Paris qui manoeuvre pour bloquer l’exportation du pétrole nigérien vers le marché international.
À peine de retour d’une visite officielle dans la capitale béninoise pour finaliser le long processus de mise sur le marché du pétrole, la délégation nigérienne apprend avec pincement au cœur la volte-face de Cotonou. Les autorités béninoises ont décidé de bloquer l’embarquement de la première cargaison du pétrole nigérien à partir de la plateforme de Sèmé Kpodji. La France serait-elle à l’origine de ce blocus ? Beaucoup le pensent. Pourtant, les relations entre le Général Abdourahmane Tiani du Niger et Patrice Talon du Bénin, commençaient à se normaliser. La dernière apparition publique du locataire du palais de la Marina rassurait les autorités nigériennes. Un quasi vent d’embellie soufflait bon an, mal an dans les câbles diplomatiques entre les deux pays. Comme le révélait Confidentiel Afrique dans sa parution numérique du 06 Mai 2024, les autorités nigériennes et béninoises ont trouvé un accord sur le processus de mise sur le marché du brut nigérien via Sèmé et tout indiquait que le dossier était goupillé. Le processus d’exportation du pétrole brut du Niger sur le marché international avançait à grand pas.
Le closing du pipeline prend de l’eau
A l’issue d’une visite officielle des autorités nigériennes au pas de charge à Cotonou du 02 au 05 mai 2024, Niamey tient bien les vannes, après avoir accordé les violons avec les officiels béninois sur le processus de mise sur le marché international de la première cargaison du pétrole brut du Niger », écrivait ce lundi Confidentiel Afrique. Soudain, rétropédalage de Cotonou, qui vient d’émettre, de façon unilatérale, sans en informer les officiels de Niamey, sa décision de surseoir aux accords nés des discussions il ya deux jours. Un rétropédalage au premier degré, qui administre ainsi un uppercut au géant pipeline nigérien, l’un des plus longs du continent. Que s’est-il passé ? Paris a-t-il manœuvré pour influer sur la décision subite du Président Patrice TALON, de bloquer le chargement de la première cargaison de l’or noir nigérien, via le port stratégique de Sèmé ?
Le gouvernement béninois à travers un courrier notifié à la China National Petroleum Corporation (CNPC), la société qui a en charge l’exploitation du pipeline Niger-Bénin et à l’ambassadeur chinois présent au Bénin, qu’il compte bloquer tout embarquement affilié au transport du pétrole nigérien par le port de Sèmé- Kpodji. Selon des informations de Confidentiel Afrique, le palais de la Marina de Cotonou a été câblé par l’Élysée dans la journée du lundi. Qui était à la manoeuvre ? Le Chef de l’État français qui recevait son homologue chinois à Paris en visite officielle ou un émissaire spécial qu’il a commis pour le besoin ? Selon nos informations bien recoupées, le Président Patrice TALON s’en est ouvert d’ailleurs, à certains de ses ministres, après être câblé, avant de passer à l’acte.
Probablement une pression de Paris et Cotonou a fait volte-face, après avoir donné son accord à la délégation nigérienne. Avec ce blocus inattendu, le Niger ne pourra pas bénéficier des 400 millions de dollars avancés par les Chinois et, surtout après le refus des autorités de faire transiter cette manne financière dans les comptes du trésor français. Paris prend une sacrée revanche sur Niamey, à moins d’un an du putsch du 26 juillet dernier, qui a renversé BAZOUM Mohamed.
L’espoir du gouvernement nigérien de pouvoir écouler pour la première fois son pétrole brut sur le marché international via le port de Sèmé au Bénin, commence à filer entre les doigts et pas encore réalisable.
Par Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)
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