La télévision publique du Niger a utilisé (et tronqué) un de mes reportages pour faire croire qu’il y aurait une base secrète de militaires français au nord du Bénin.
Sauf qu’il y a plusieurs problèmes :
1. Mon reportage au nord du Bénin date de janvier 2023, soit six mois avant le putsch contre Mohamed Bazoum. Les militaires français présents à Kandi n’avaient donc pas pour objectif de déstabiliser le pouvoir nigérien, à l’époque très francophile. Les soldats hexagonaux sont de plus partis de Kandi en février 2023, quelques semaines après mon reportage.
2. Il n’y avait pas de base secrète française à Kandi, et à ma connaissance il n’y a en a toujours pas. Nos soldats étaient casernés dans un coin du camp militaire béninois de Kandi. Là où les autorités béninoises et françaises ont probablement menti, c’est sur le rôle de ces militaires sur place. Officiellement, on a fait croire que ce n’étaient que de simples instructeurs. En réalité, les soldats français ont également fait de l’opérationnel contre les djihadistes, main dans la main avec l’armée locale. Et ça c’est problématique, car les opinions publiques devaient en être informées.
Clairement, Macron ne déstabilisera pas le Niger depuis une base secrète au Bénin qui n’existe pas. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que Paris a été prêt à tout pour reconquérir son influence perdue au Niger. Macron a voulu envoyer nos commandos remettre Bazoum au pouvoir (cf Jeune Afrique). Et certains réseaux français ont favorisé,
en août dernier, la création de la rébellion de Rhissa Ag Boula, un ancien bras droit de Bazoum.
Il faut également s’interroger sur les liens très étroits de Paris avec l’autoritaire Patrice Talon, des liens qui eux, ne sont pas une fake news. La France fournit du renseignement et du matériel militaire au régime béninois, officiellement pour lutter contre le terrorisme, mais aussi pour garder le Bénin dans le pré-carré français. Comme l’a révélé Africa Intelligence, l’entreprise hexagonale Atos va même envoyer des drones et un avion surveiller le nord du pays (et donc la frontière avec le Niger), pour le compte de l’armée béninoise, le tout sur financement de l’Union européenne.
Ce que je viens d’écrire ne plaira sans doute pas aux propagandistes des deux camps. Mais même si elle doit prendre l’escalier, la vérité finira par arriver.
La télévision publique du #Niger a utilisé (et tronqué) un de mes reportages pour faire croire qu’il y aurait une base secrète de militaires français au nord du #Bénin.
Sauf qu’il y a plusieurs problèmes :
1. Mon reportage au nord du Bénin date de janvier 2023, soit six mois… pic.twitter.com/jImaPR4NSu— THOMAS DIETRICH (@thomasdietrich0) May 12, 2024
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