Gabon : avec la banque de l’entrepreneuriat, le gouvernement de transition met-il encore la charrue avant les bœufs ? | Gabonmediatime.com
Dans l’optique de permettre aux Gabonais de participer plus activement au développement économique du pays par un meilleur accès au crédit bancaire, le gouvernement de transition a annoncé entre autres la création d’une banque de l’entrepreneuriat. Destinée au financement des porteurs de projets gabonais et des jeunes entreprises nationales de moins d’un an, dont le management est assuré exclusivement par des Gabonais, cette mesure semble toutefois un peu précipitée. Et pour cause, l’écosystème actuel reste besogneux sur plusieurs aspects notamment structurels et infrastructurels. L’accès à l’information des PME reste précaire et insuffisant. Autant d’éléments qui pourraient conduire cette nouvelle entité droit dans le mur.
Si à première vue, créer une banque dédiée à l’entrepreneuriat au Gabon pourrait être une bonne idée, car celle-ci pourrait fournir un soutien financier et des ressources indispensables aux aspirants entrepreneurs du pays en leur offrant des services spécialisés adaptés aux besoins des petites et moyennes entreprises (PME), notamment un accès au capital, la réussite d’une telle banque dépend d’un grand nombre de facteurs. Parmi eux, une gouvernance et une gestion efficace, un financement suffisant et surtout un environnement réglementaire favorable. Toute chose qui nécessiterait une collaboration avec d’autres parties prenantes.
C’est là où le bât blesse. Si l’ambition derrière la création de cette banque de l’entreprenariat est le « financement des porteurs de projets gabonais et des jeunes entreprises nationales de moins d’un an, dont le management est assuré exclusivement par des Gabonais et l’actionnariat majoritairement gabonais », ces questions subsidiaires liées à la gouvernance, à la gestion et à l’organisation de cette structure reste pendante. Mieux, dans un environnement où l’information des PME reste précaire et insuffisante, comment l’Etat compte-t-il assurer le financement de ces porteurs de projets gabonais? Étant entendu que des structures comme Okoumé Capital ou la Société de Garantie du Gabon (SGG), malgré les efforts fournis dans le sens de l’amélioration du tissu entrepreneurial, peinent à obtenir des résultats probants.
Une mutualisation des forces nécessaires en amont
Avant donc, de mettre en œuvre une telle initiative, il aurait été opportun d’effectuer des recherches approfondies et des études de faisabilité pour évaluer la demande du marché, les risques potentiels et les exigences opérationnelles. Mieux, des stratégies et des mécanismes clairs en matière de responsabilité, de transparence et de gestion des risques devraient être établis pour atténuer les défis potentiels et maximiser l’impact de la banque sur l’entrepreneuriat et le développement économique au Gabon. Pour éviter un nouveau crash comme ce fut le cas pour la Banque gabonaise de développement (BGD), le gouvernement devrait mutualiser les efforts entre agences gouvernementales, organisations du secteur privé et partenaires internationaux de développement visant à garantir la durabilité et l’impact de cette banque.
Si elle pourrait effectivement contribuer à stimuler la croissance économique, à créer des emplois et à favoriser l’innovation au sein de l’économie gabonaise, un mauvais départ de cette institution pourrait à l’inverse, favoriser une nouvelle perte de capitaux en plus d’une nouvelle fracture entre les entrepreneurs locaux et le gouvernement. D’ailleurs, en plaidant pour une limitation du montant octroyé pour une meilleure répartition de l’enveloppe de crédits sans évoquer l’aspect le plus important qui est le secteur d’activité et l’impact, les commissaires qui ont renforcé l’idée de création de cette banque au terme des assises du dialogue national inclusif, confirment ces doutes sur l’objectivité et la cohérence de ce projet.
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