« La France ne gagnera pas la guerre contre le narcotrafic sans mener la bataille contre la corruption et le blanchiment »
Le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, a annoncé, le 28 avril, la création d’un Parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco), qui s’ajoutera au Parquet national financier et au Parquet national antiterroriste, ainsi qu’un véritable statut de repenti inspiré du modèle italien. Ces annonces s’ajoutent aux opérations « Place nette XXL » organisées par le ministère de l’intérieur.
Sont-elles à la mesure des flux financiers gigantesques que draine dans le monde le narcotrafic et qui sont facilement blanchis ? Rien n’est moins sûr, compte tenu de la place qu’a prise le narcotrafic organisé sur un des « marchés » les plus importants d’Europe.
Le trafic de drogue fait vivre 200 000 personnes en France pour un chiffre d’affaires, sans doute sous-estimé, qui est supérieur à 3,5 milliards d’euros par an. Un point de deal peut rapporter plus de 50 000 euros par semaine ; 2,1 millions de personnes ont consommé de la cocaïne en France en 2020. La France est en tête du classement des pays qui consomment le plus de cannabis (44,8 % pour les 15 -64 ans).
Selon le rapport mondial sur les drogues 2023 de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), plus de 296 millions de personnes ont consommé des drogues en 2021, soit une augmentation de 23 % par rapport à la décennie précédente. Le nombre de personnes souffrant de troubles liés à la consommation de stupéfiants a atteint 39,5 millions, soit une augmentation de 45 % en dix ans. Le rapport souligne en outre la nécessité pour les forces de l’ordre d’adapter leur réponse aux modèles économiques des criminels et à la prolifération de drogues synthétiques peu chères et faciles à commercialiser.
Coordination et coopération
L’organisation non gouvernementale Transparency International travaille depuis de nombreuses années sur les liens entre la corruption et le narcotrafic. Ainsi, depuis 2016, le mouvement porte, aux côtés d’Interpol et de l’ONUDC, le projet Crimjust, financé par l’Union européenne (UE). Ce projet vise à réduire l’impact du crime organisé et de la corruption sur la sécurité et l’Etat de droit dans les pays gangrenés par le trafic de stupéfiants, en Afrique et en Amérique du Sud. Il s’est d’abord concentré sur le renforcement des capacités techniques des services d’enquête de ces pays. Puis, Crimjust s’est intéressé aux moyens de faciliter la coopération internationale en matière pénale, en privilégiant des enquêtes patrimoniales transfrontières permettant de remonter le fil de l’ensemble des réseaux criminels.
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