Zoom sur le « warrantage » paysan au Burkina Faso

Le warrantage paysan, mis en place au Burkina Faso depuis 2005, offre une possible réponse aux défis de l’insécurité alimentaire dans les pays du Sahel en période de soudure. En échange d’un crédit, les producteurs stockent une partie de leur récolte dans des entrepôts collectifs, évitant ainsi les pénuries et garantissant en théorie des prix stables. Explications avec l’économiste Élodie Maître d’Hôtel, dans cet article paru dans la revue Sesame.

Les pays du Sahel, régulière­ment frappés par des épisodes d’insécurité alimentaire, sont particulièrement vulnérables en période de « soudure », quand les stocks de céréales (mil, sorgho et maïs) de l’année précédente viennent à manquer, avant que survienne la nouvelle récolte. Une situation qui a une incidence directe sur les prix des céréales.

Car, au sein d’une année, les prix augmentent en moyenne de 40 % entre les saisons de récolte et celles de soudure. Or, en plus de stocks bas, les familles n’ont alors plus suffisamment de liquidités pour s’approvisionner sur les marchés, entrant dans des cercles vicieux d’endettement.

Au Burkina Faso, pour faire face à ce phénomène, les groupements de producteurs agri­coles, en collaboration avec des ins­titutions de microfinance, mettent en oeuvre le « warrantage » paysan depuis 2005.

Le principe : en échange d’un crédit auprès d’une institution bancaire ou de microfinance, les producteurs stockent une partie de leur récolte dans un entrepôt collectif, ce qui constitue la garantie – « warrant », en anglais – du crédit obtenu.

Lequel permet à ces paysans de ne pas être contraints de vendre leurs céréales à prix bas en saison de récolte. Deux conditions sont toutefois requises pour assurer la réussite du dispositif : d’abord, des infrastructures de stockage conçues pour résister aux attaques de ravageurs et aux infiltrations d’eau.

Ensuite, des relations de confiance entre les insti­tutions financières et les organisations de producteurs, qui ne se décrètent pas mais se construisent dans le temps.

En effet, les céréales sont stockées pendant six mois dans un entrepôt scellé par un système de double cadenas, une clé étant détenue par le groupement et l’autre par l’institution financière.

Le warrantage permet dès lors aux producteurs qui le peuvent et le veulent de bénéficier de prix plus élevés et d’un « effet revenu », en « spéculant » sur l’augmentation saisonnière des prix. Mais il assure également à tous une disponibilité alimentaire en sai­son de soudure : c’est « l’effet sécurité alimentaire ».

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