Massacre de 2009 en Guinée: les victimes réclament la reconnaissance de crimes contre l’humanité | APAnews
En mars, le procureur a également plaidé en faveur de la requalification des faits en crimes contre l’humanité.
Les avocats représentant les victimes lors du procès historique d’un massacre survenu en 2009 en Guinée ont formulé lundi une requête pour que les accusations portées contre les 11 accusés soient requalifiées en crimes contre l’humanité, lors des plaidoiries inaugurales.
« Pour nous, en tant que parties civiles, ces actes, ces crimes abominables, tragiques, répréhensibles, inacceptables, relèvent de la catégorie des crimes contre l’humanité« , a déclaré Me Hamidou Barry, l’un des avocats représentant les parties civiles.
Le procès de l’ancien dictateur Moussa Dadis Camara et de dix autres anciens responsables militaires et gouvernementaux, entamé le 28 septembre 2022, est entré lundi dans sa phase finale, avec les plaidoiries des nombreuses parties civiles, suivies du réquisitoire du procureur et des plaidoiries de la défense.
La cour a exhorté les avocats à garantir que les accusés connaissent leur sort avant la pause judiciaire d’août. Les avocats des parties civiles devraient intervenir pendant plusieurs jours au nom d’organisations représentant des centaines de victimes.
Les événements du 28 septembre 2009 et des jours qui ont suivi ont vu des membres de la garde présidentielle, des soldats, des policiers et des miliciens réprimer violemment un rassemblement de l’opposition, massacrant sauvagement dans un stade de Conakry et ses environs.
Au moins 156 personnes ont été abattues par balles, poignardées, découpées à la machette ou à la baïonnette, des centaines ont été blessées, et au moins 109 femmes ont été violées, selon un rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Ces chiffres pourraient être sous-estimés. La commission avait conclu que ces actes pourraient constituer des crimes contre l’humanité.
Cet épisode est l’un des plus sombres de l’histoire politique de la Guinée, déjà marquée par de nombreux événements tragiques.
La justice a retenu une série de qualifications, dont des assassinats, meurtres, actes de torture, coups et blessures volontaires, séquestrations, incendies volontaires et pillages.
Cependant, Me Hamidou Barry a rappelé que la demande de requalification en crimes contre l’humanité avait été rejetée par les juges d’instruction en 2017, par la cour d’appel en 2018 et par la cour de cassation en 2019.
« Ce qui s’est passé le 28 septembre 2009 et les jours qui ont suivi ne peut être qualifié autrement : il s’agit de crimes contre l’humanité« , a-t-il affirmé.
Il a évoqué les camps militaires où certaines personnes arrêtées avaient été emmenées. Selon lui, dans ces camps, « tuer ne suffit pas, violer ne suffit pas, blesser ne suffit pas, jeter dans l’océan ne suffit pas ; il faut aussi arracher les joues de la femme qui vend des tomates ou des feuilles de patates« .
En mars, le procureur a également plaidé en faveur de la requalification des faits en crimes contre l’humanité. La cour a décidé qu’elle statuerait sur cette question au moment du jugement.
Avec AFP
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