Nouvel épisode de la tension entre le Bénin et le Niger : Cotonou a interdit, le 8 mai dernier, l’exportation de maïs vers les pays voisins, dont le Niger. Depuis cette décision, les prix ont grimpé pour cette céréale qui constitue la base de l’alimentation pour la majorité de la population nigérienne.
Balkissa Sidi Ahmed, la correspondante de la DW dans la ville nigérienne de Gaya, à la frontière avec le Bénin, s’est rendue dans des familles où le maïs est synonyme de sécurité alimentaire.
Dans le quartier Koira Tégui, situé au centre-ville de Gaya, Sidikou Haoua, vêtue d’une robe et d’un long foulard violet, est de retour du marché avec ses achats disposés dans un petit sachet noir.
Pensive, cette mère de huit enfants est sur le point de préparer le déjeuner, en compagnie de sa fille de dix ans.
Elle explique que « 1 000 francs CFA ne suffisent pas pour payer les condiments. Si je trouve le petit déjeuner, je m’interroge pour le déjeuner ou le dîner. Nous consommons le riz local pour le déjeuner et je paie le sac à 17 000. Le soir, nous consommons le maïs, qui était accessible avant, mais aujourd’hui il ne l’est plus parce que c’est du Bénin que mon époux m’envoie le sac. Avec la décision du Bénin de ne plus exporter son maïs au Niger, on ne peut que se contenter de ce que nous avons en attendant ».
Le maïs, un aliment de base pour les familles à faible revenu
En effet, le mari de Sidikou Haoua est commerçant à Parakou, au Bénin. Il fait la navette entre Parakou et Gaya pour voir sa famille et leur apporter de quoi manger. Un approvisionnement qui est devenu compliqué, car la police des frontières du Bénin ne laisse désormais plus aucun sac de maïs passer.
Il ne nous reste plus beaucoup de maïs. Quand nous n’en aurons plus, comment allons-nous faire pour en trouver. Depuis le Bénin, le maïs ne vient plus ici. Comment peut-on vivre avec cette situation ?”, se demande Sidikou Haoua.
Le maïs est consommé au moins une fois par jour dans les familles à revenu faible. Il peut être consommé frais, en épi, ou transformé en farine pour préparer des pâtes ou de la semoule.
Si la famille de Sidikou Haoua en mange une fois par jour, dans celle de cette enseignante, mère de quatre enfants, le maïs est consommé trois fois par jour.
Elle raconte que « le matin, avant de partir à l’école, je prends la pâte de maïs. A 10 heures, pendant la récréation, je prends le couscous et le soir au dîner, je prends la pâte. Nous aimons le maïs parce que c’est moins cher et le sac dure jusqu’à quatre mois pendant l’année. Mais maintenant que c’est cher, on va se contenter d’un demi sac. On est habitué à consommer du maïs. Le remplacer, c’est difficile pour nous ».
Une production nationale trop faible
Au marché central de Gaya, la commerçante Madame Tsaybatou est assise à côté d’une vingtaine de sacs. Elle se dit « complètement découragées par ce commerce. J’ai pu avoir quelques sacs difficilement, car j’étais obligée de payer le coût du transport d’un sac à 3 000 au lieu de 1 500. Du coup, j’ai honte de dire le prix aux clients. Aujourd’hui le sac coûte 38 000 francs CFA. »
En sortant du marché, un chef de famille révolté explique que « on produit du maïs ici au Niger, mais les gens se sont retrouvés avec des sacs excessivement chers. Tu paies un sac de maïs et la moitié de ton salaire est parti ».
La production nationale de maïs étant faible, la consommation est essentiellement assurée par des importations en provenance du Bénin et du Nigeria. Et selon le président des dockers, avant la décision béninoise de suspendre les exportations, environ 40 tonnes de maïs étaient importées chaque semaine depuis le marché hebdomadaire de Malanville au Bénin.
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