« Éradiquer le Hamas, c’est utopique » Dominique de Villepin

Dominique

Guerre entre Israël et le Hamas, émeutes en Nouvelle-Calédonie, guerre en Ukraine : Dominique de Villepin a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

 

Israël : « L’objectif de Benyamin Netanyahou est d’empêcher la création d’un État palestinien »

Les troupes israéliennes se préparent pour des combats au sol à Rafah. Quel est l’objectif de Benjamin Netanyahou ? « On ne peut pas faire le reproche à Benjamin Netanyahou de ne pas avoir été clair sur l’ambition qui est la sienne ! » affirme Dominique de Villepin. Selon lui, le Premier ministre israélien aurait deux objectifs. »Le premier, c’est éradiquer complètement le Hamas. Ce sur quoi l’ensemble de ses partenaires américains et européens considèrent que c’est totalement utopique. On peut se fixer comme objectif de réduire le plus possible la hiérarchie du Hamas, les responsables du Hamas. Mais éradiquer le Hamas, c’est un objectif qui ne peut être qu’extraordinairement lointain et certainement pas uniquement un objectif militaire« .

« Le deuxième objectif, c’est poursuivre la politique de colonisation » explique Dominique de Villepin. « Son gouvernement ne peut pas tenir si les ultranationalistes n’ont pas cette perspective de renforcer la colonisation en Cisjordanie. Et peut-être même l’élargir à Gaza si on arrive à réduire la présence des Palestiniens. L’objectif principal, c’est empêcher la création d’un État palestinien. C’est-à-dire refuser tout processus politique« . « Toute sa vie est marquée par le souci d’écarter la création d’un État palestinien. Une fois qu’on a compris ça, on a compris qu’il ne pouvait pas être l’homme de la situation dans la durée« .

Nouvelle-Calédonie : « Il faut rétablir le dialogue, avec une médiation »

Les émeutes en Nouvelle-Calédonie ont « plusieurs dimensions » estime Dominique de Villepin. « Il y a des conditions exceptionnelles qui peuvent expliquer le passage à l’acte et les violences très spontanées de jeunes parfois très jeunes, fortement alcoolisés, surarmés« . « Mais il y a un arrière-fond économique avec la crise du nickel, un arrière-fond social avec les très grandes inégalités entre les communautés qui aussi doivent être prises en compte. C’est ce qui doit justifier une vision globale des problèmes de l’archipel, bien sûr une approche politique. Le temps est une donnée incontournable et c’est ce qui a été respecté pendant près de 40 ans pour lancer un processus au long cours. Mais le temps s’est précipité avec ces 3 référendums ». « Ça a fait dérailler le processus puisque ces communautés aujourd’hui, loyalistes, indépendantistes, ne se parlent plus« .

« Il faut redonner du temps » assure Dominique de Villepin. « Il faut réenclencher le dialogue et pour ce faire, il faut sans doute une médiation. Recourir à ceux qui ont le plus d’expérience dans la gestion de ce dossier si difficile« . « Ceux qui se sont le plus impliqués dans les moments difficiles« . « Plusieurs anciens Premiers ministres » pourraient être médiateurs. « Monsieur Ayrault, Édouard Philippe, Manuel Valls, ils sont plusieurs à s’être exprimés. Pourquoi pas un collège d’anciens Premiers ministres« . « Les choses sont dans la main du président de la République. C’est lui qui a les clés« . « C’est une situation absolument dramatique. Il faut donc arrêter cette spirale« .

 

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