La « France moche » des zones commerciales, un modèle « obsolète » pour le gouvernement, pas pour les usagers
Une photo de la zone commerciale de Clermont Sud Aubière, près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a reçu, à la fin de 2022, le « prix de la (triste) banalité » de l’association Paysages de France. Son artère principale aux bas-côtés jalonnés de panneaux, trois mètres par trois de publicités et d’enseignes, « ressemble parfaitement », selon le jury, aux 1 500 autres pôles commerciaux du pays. Goudronnée sur 130 hectares face à un hypermarché Auchan et semée de ses bâtiments colorés, Clermont Sud Aubière représente aux yeux de l’association « un peu de la France moche ». Un peu de cette France faite de « boîtes à chaussures » tôlées et de parkings, qui ont représenté « l’incarnation de la consommation de masse dans une société d’abondance », selon la ministre chargée des entreprises, du tourisme et de la consommation, Olivia Grégoire.
« Ce modèle est obsolète », assénait-elle en septembre 2023 dans Le Parisien, annonçant une expérimentation censée « inventer les zones commerciales de demain », en opposition aux existantes « souvent disgracieuses, très énergivores et peu soucieuses de l’environnement ». Clermont Auvergne Métropole, dont dépend le pôle d’Aubière, s’est portée volontaire pour participer au programme du gouvernement dont les bénéficiaires seront dévoilés vendredi 29 mars par la ministre. Quoique sceptique sur l’appellation « France moche », le vice-président chargé des zones d’activités économiques à la métropole et maire (sans étiquette) d’Aubière, Sylvain Casildas, reconnaît vouloir « modifier le visage » de ces territoires.
Née un peu avant l’installation, en 1970, de l’enseigne Mammouth – devenu Auchan en 1996 –, Clermont Sud Aubière n’a depuis cessé de s’étendre. Le taux d’artificialisation des surfaces de la commune est passé de 55,7 % en 1990 à 67,8 % en 2018, selon la base de données Corine Land Cover ; à ce jour, 900 entreprises y emploient quelque 8 000 personnes. Au ministère, les élus métropolitains ont présenté un projet de « requalification d’un ensemble immobilier » voisin de la zone, espérant obtenir un peu de l’enveloppe gouvernementale de 24 millions d’euros devant aider à « concentrer l’activité du commerce sur des espaces plus limités tout en favorisant la mixité d’usages et la renaturation en pleine terre ». A la fin de 2021, la métropole a, par ailleurs,voté un plan de « requalification des pôles économiques », avec 12 millions d’euros pour la transformation de Clermont Sud Aubière.
« Le seul endroit où l’on peut encore aller »
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