En Guyane, les Kali’nas en lutte contre une méga-centrale – Libération

Reportage

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Le projet visant à alimenter en électricité près de 10 000 foyers dans l’Ouest guyanais a été lancé en pleine forêt amazonienne malgré l’opposition du village autochtone de Prospérité, qui considère ces terres comme «sacrées». Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations unies a laissé jusqu’au 26 juin à l’Etat français pour s’expliquer.

Il n’a pas fallu attendre longtemps devant les grilles du vaste chantier taillé dans la forêt amazonienne pour qu’une volée de gardiens viennent nous en chasser. Au beau milieu de nulle part, à trente minutes de voiture de Saint-Laurent-du-Maroni, les grillages barbelés et les caméras de surveillance qui gardent l’entrée de la CEOG, la centrale électrique de l’Ouest guyanais, ont un air d’absurde. En contournant par la forêt, on comprend mieux : une vaste plaie ocre boueuse en différentes parcelles, sur près de 70 hectares déboisés, soit plus d’une centaine de terrains de foot, occupés par d’énormes pelleteuses luisantes, dessine une vision dystopique. Depuis 2019, la mise en place du chantier de méga-centrale photovoltaïque, censée alimenter en électricité près de 10 000 foyers dans l’Ouest guyanais, a suscité une résistance acharnée des habitants de Prospérité, le village autochtone situé à 2 kilomètres de là.

«Enormément de pressions»

Dans un contexte d’explosion démographique de Saint-Laurent, la capitale de l’Ouest guyanais aux 50 000 habitants, déjà frappée par des coupures d’électricité fréquentes, le projet était pourtant nécessaire et écologique, selon la préfecture et ses principaux défenseurs. Mais dans le minuscule bourg de Prospérité, assemblage de carbets traditionnels et de maisons sommaires, la sidération demeure. «La forêt, c’est notre zone de chasse et de pêche, notre pharmacie, nos espaces sacrés, explique Roland Sjabere, le chef du village, les traits tirés. On ne contest

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