Sénégal : Vers une réforme monétaire et une éventuelle sortie du franc CFA

Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a récemment réitéré l’engagement de son gouvernement à réformer le système monétaire du Sénégal, en envisageant une sortie du franc CFA.

Lors d’une conférence à Dakar, en présence de l’ex-député français Jean-Luc Mélenchon, Sonko a exprimé l’importance de la souveraineté monétaire pour le développement économique et l’indépendance du pays.

Un levier de souveraineté économique

Devant un auditoire d’étudiants, le Premier ministre a souligné que “la monnaie, tout autant que l’impôt, est un puissant levier économique et un instrument de souveraineté”.

Il a critiqué la dépendance à une monnaie pilotée depuis Paris, faisant allusion au franc CFA qui est actuellement utilisé par plusieurs pays africains mais dont la gestion est fortement influencée par la France.

Le modèle français en exemple

Sonko a rappelé que même le général de Gaulle avait refusé une monnaie contrôlée par l’étranger après la Seconde Guerre mondiale. Il a utilisé cet exemple pour illustrer la nécessité pour les nations africaines de contrôler leurs propres monnaies plutôt que de dépendre de devises étrangères, qui les rendent vulnérables aux fluctuations du marché international.

Vers une monnaie flexible

Le Premier ministre a plaidé pour une monnaie flexible, capable de résister aux chocs économiques externes et de promouvoir la compétitivité à l’exportation. Cette monnaie serait idéalement arrimée à au moins deux devises fortes pour maintenir une certaine stabilité.

Débats et critiques

Toutefois, Sonko a également déploré la difficulté de discuter ouvertement de ces questions de souveraineté monétaire, que ce soit dans les médias ou au parlement.

“À chaque fois qu’un homme politique africain soulève la question monétaire, il devient le diable incarné”, a-t-il affirmé, soulignant les tabous entourant le débat sur la monnaie nationale.

Perspectives et conditions

Selon le journaliste sénégalais Babacar Dione, certaines conditions économiques, telles qu’une balance commerciale excédentaire, seraient nécessaires pour envisager une sortie du franc CFA.

De plus, les discussions sur une monnaie commune régionale pourraient potentiellement accélérer ce processus de réforme monétaire.