Questions multiples après la «tentative de coup d’Etat» en RDC

Sur la vidéo qu’ils ont eux-mêmes filmée et postée sur les réseaux sociaux, les assaillants posaient devant un drapeau du Zaïre, nom de la RDC du temps de Mobutu Sese Seko, le dictateur renversé en 1997. «Vive le Zaïre, vive les enfants de Mobutu», criait aussi Malanga, un ancien militaire de 41 ans qui s’était lancé dans les affaires et la politique, fondateur d’un petit parti de la diaspora.

Avant le palais de la Nation, bâtiment historique abritant des bureaux de la présidence, situé au bord du fleuve Congo dans la commune huppée de la Gombe, les assaillants avaient attaqué non loin de là le domicile du ministre de l’Economie Vital Kamerhe, figure de la politique congolaise choisi par la coalition au pouvoir pour devenir président de l’Assemblée nationale. Le ministre et sa famille n’ont pas été touchés, mais deux policiers affectés à leur protection ont été tués.

Selon le porte-parole de l’armée, le général Sylvain Ekenge, les auteurs de ce «coup d’Etat étouffé dans l’œuf» étaient une cinquantaine au total, dont plusieurs Américains – Malanga, son fils et «deux Blancs» – et un Congolais «naturalisé britannique». Environ 40 ont été arrêtés et quatre tués.

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«La vie est très dure»

«Je n’ai pas peur, car j’ai déjà vu plus que cette blague!», déclare à l’AFP Maman Ndosi, vendeuse de pain et d’avocats, assise devant sa marchandise dans la commune de la Gombe, où les activités ont repris normalement lundi matin. «Que les politiciens arrêtent de nous distraire, la vie est déjà très dure dans ce pays», ajoute la mère de famille qui, comme beaucoup de Congolais, est très sceptique face aux informations officielles.

«Ils tentent de détourner notre attention des problèmes sociaux et de sécurité», juge Joël, fonctionnaire. «Je ne pense pas qu’en plein centre-ville de la capitale, des assaillants puissent prendre d’assaut la maison d’un ministre ou le palais de la Nation sans que les autorités ne soient informées», lâche-t-il.

La tentative de coup d’Etat, qualifiée de «tentative de déstabilisation des institutions» par le gouvernement, a été condamnée notamment par la cheffe de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) et le président de la Commission de l’Union africaine, qui s’est félicité «de la maîtrise de la situation» par l’armée. Les ambassadrices en RDC des Etats-Unis et de Grande-Bretagne, dans des messages sur X, ont également condamné cette tentative de coup de force, la diplomate américaine, «préoccupée» par la présence d’Américains parmi les assaillants, assurant les autorités de la «coopération» des Etats-Unis.

Ces événements ont lieu alors que des tiraillements politiques retardent la mise en place du gouvernement et que le pays est confronté dans sa partie est à une grave crise sécuritaire, une rébellion (le M23), soutenue par le Rwanda, occupant de vastes pans de la province du Nord-Kivu.

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