Dubai Unlocked : Révélations sur les avoirs sulfureux de Mborantsuo et autres Bongo dans l’émirat | Gabonreview.com
Une fuite de données explosive, surnommée «Dubai Unlocked», dévoile les investissements immobiliers secrets de l’élite politique gabonaise à Dubaï. Des figures de premier plan, comme Marie-Madeleine Mborantsuo, ancienne présidente de la Cour constitutionnelle, sont au cœur de cette enquête qui cite certains proches d’Omar Bongo. Indiquant comment des millions d’euros ont été investis discrètement dans l’émirat arabe, ces révélations accablantes relancent le secret de Polichinelle des détournements massifs de fonds publics au Gabon.
Une fuite de données confidentielle baptisée «Dubai Unlocked» vient jeter un éclairage cru sur le patrimoine immobilier de certains proches de l’ancien président gabonais Omar Bongo à Dubaï. Les révélations sont accablantes pour d’anciens hauts dignitaires qui semblent avoir profité de leurs positions au sommet de l’État pour s’accaparer des biens d’une valeur colossale dans l’émirat. Plus de 70 médias à travers le monde, dont The Straits Times, Al Jazeera, Forbes, The Sydney Morning Herald, The Times et Le Monde ont travaillé sur le dossier «Dubai Unlocked».
Les rapports sont basés sur une fuite massive de centaines de milliers de propriétés à Dubaï et sur leur utilisation, principalement entre 2020 et 2022. Les révélations ne concernent pas que le Gabon, bien entendu. D’autres acteurs de premier plan et personnalités politiques de par le monde ont été épinglés.
Une couche supplémentaire sur Mborantsuo
En première ligne, pour ce qui est du Gabon, figure Marie-Madeleine Mborantsuo, ex-présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise évincée après la chute du régime Bongo en août 2023. L’ancienne membre-clé du système Bongo fait déjà l’objet d’une information judiciaire ouverte à Paris en 2018 pour blanchiment de détournements de fonds publics, après l’achat douteux d’un appartement à Versailles et d’une demeure haut de gamme à Washington. Les nouveaux éléments sur sa fortune à Dubaï ne manqueront pas d’être scrutés par la justice française.
Les révélations de «Dubai Unlocked» ajoutent une nouvelle couche à cette affaire complexe. Les données divulguées montrent que Mborantsuo et ses enfants ont investi environ 6 millions d’euros (environ 3,064 milliards de francs CFA) dans des biens immobiliers à Dubaï, achetant trois appartements et deux villas entre décembre 2013 et mars 2014.
Détails des acquisitions
Les propriétés acquises par Marie-Madeleine Mborantsuo comprennent plus précisément deux villas et trois appartements, pour une valeur totale de 4 675 000 euros (environ 3, 933 milliards de francs CFA). Une des villas est détenue en copropriété avec sa fille, Ruth Mborantsuo. Ruth Esther Ebori Bongo Mborantsuo, fille de l’ancien président Omar Bongo, possède également deux appartements à Dubaï, achetés en même temps que ceux de sa mère pour un montant de 1 218 000 euros (environ 798,4 millions de francs CFA). L’un de ces appartements est loué à l’année.
Le nom d’Albert-Fabrice Andjoua, fils aîné de Marie-Madeleine Mborantsuo et d’Omar Bongo, apparaît également dans le registre des propriétaires de biens à Dubaï. Toutefois, aucune propriété spécifique n’a pu être liée à lui. Pour rappel, depuis 2018, Andjoua occupait des postes importants au sein du ministère de gabonais de l’économie. Depuis septembre 2023, il est le fantomatique patron de la Direction générale de la Concurrence et de la Consommation (DGCC), en charge du contrôle des prix et de la répression des fraudes.
Onaida Maisha Bongo, une autre héritière d’Omar Bongo, est également mentionnée dans les registres de Dubaï. Bien que son nom apparaisse comme propriétaire ou ancienne propriétaire de biens immobiliers dans l’émirat, aucune propriété spécifique n’a pu être identifiée. Onaida s’était illustrée dans un litige avec son demi-frère Ali Bongo, alors président, concernant la succession de leur père.
Implications et répercussions
L’enquête «Dubai Unlocked» soulève de sérieuses questions sur l’origine des fonds utilisés pour ces investissements. Les sommes dépensées pour ces propriétés à Dubaï semblent disproportionnées par rapport aux fonctions officielles de ces personnalités, alimentant les soupçons de détournement de fonds publics.
Les personnalités mentionnées n’ont pas répondu aux demandes de commentaires du consortium de médias ayant travaillé sur le dossier. Cette affaire pourrait en tout cas avoir des répercussions significatives, non seulement pour les individus impliqués, mais aussi pour le climat politique et économique du Gabon.
L’affaire «Dubai Unlocked» met ainsi en lumière les pratiques financières douteuses de certaines figures de l’élite politique gabonaise. Alors que les enquêtes se poursuivent, cette révélation pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption en Afrique. Le cas de Marie-Madeleine Mborantsuo et de sa famille est un exemple frappant des défis auxquels sont confrontées les nouvelles autorités du Gabon pour garantir la transparence et l’intégrité au sein des gouvernements.
[Source : Dubai Unlocked. Les valeurs des biens correspondent aux prix d’achat, convertis en euros puis en CFA]
Articles similaires
Crédit: Lien source
Les commentaires sont fermés.