Burkina Faso : aider les personnes handicapées à vivre « sans complexe », le combat de Boukary Kiéma

« Le handicap n’est pas une fatalité », clame Boukary Kiéma, connu sous les initiales « BK ». Décomplexé et plein d’entrain, le jeune homme installé au Burkina Faso a su transformer son parcours semé d’embûches en une leçon de persévérance et d’engagement. Il semble faire une force de son handicap, causé à l’âge de deux ans par une injection qui a mal tourné et a progressivement atrophié sa jambe gauche.

Et pourtant, au départ, le handicap n’est pas que physique, mais vient aussi grever ses études. En classe de CM2, le natif de Côte d’Ivoire échoue en effet à l’examen qui lui ouvrirait les portes du collège. Cet échec aurait pu marquer la fin de son parcours scolaire, mais sa mère décide de lui donner une seconde chance. « Après mon échec, mes parents décident que j’apprenne un métier. Par la suite, ma mère change d’avis, ce qui me permet de poursuivre l’école et d’atteindre la classe de 6ème », se souvient-il.

Parti ensuite au Burkina Faso, il intègre la faculté de géographie de l’université de Ouagadougou, où il découvre « un autre monde ». Mais là aussi, les difficultés se multiplient et après des redoublements à répétition, BK s’engage sur une autre voie. Cette décision prise, il s’engage dans la formation en entrepreneuriat, décrochant un premier contrat dans un établissement où il devait initier les élèves à ce domaine.

Mais surtout, il s’engage pour changer le regard sur les personnes porteuses d’un handicap. Très actif et engagé sur les réseaux sociaux, notre interlocuteur a réussi, essentiellement par l’autodérision, à transformer les regards que porte souvent la société sur les personnes handicapées. Et BK ne se contente pas de briller dans le monde virtuel. Dès ses années en Côte d’Ivoire, il s’engage dans le mouvement associatif avec la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Ferci) et une association pour les personnes handicapées.

Nombreuses améliorations

Motivé à être « un acteur de changement », il co-fonde en 2009 l’association des jeunes pour la lutte contre le tabac et le club amical des jeunes pour l’entrepreneuriat (Caje) au sein duquel il est élu président national. « La volonté d’être indépendant, autonome, le goût d’entreprendre, l’envie de relever de nouveaux défis » sont autant de motivations qui le poussent à s’investir dans l’entrepreneuriat.

Mais l’activisme social de BK n’est jamais loin des questions liées au handicap. Il s’investit ainsi également au sein de l’association des élèves et étudiants handicapés du Burkina (AEEHB), dont il devient le président national après deux ans de militantisme. « Avec cette association, nous avons pu plaider et obtenir l’organisation d’un concours spécial au profit des diplômés handicapés, la réduction des frais scolaires et universitaires à la présentation d’une carte d’invalidité, la réduction du coût du transport et la prise en charge gratuite des bagages et engins dans certaines compagnies de transport », énumère-t-il.

Aujourd’hui chargé du volet formation professionnelle au profit des jeunes handicapés pour le compte d’une ONG, Boukary Kiéma se satisfait de son parcours « pour avoir contribué au changement des regards envers les personnes handicapées, à la création d’un cadre d’échange et de partage d’expérience entre personnes handicapées et personnes sans handicapet d’avoir participé, au nom de l’AEEHB, aux organes de prise de décisions au Burkina ». L’existence encore d’une cité-villa au profit des étudiants handicapés est aussi un résultat des « luttes » qu’il a menées avec ses camarades et qui le réjouit profondément. 

Aller au-delà du handicap

Nourrissant « le rêve de voir une seule structure faitière des personnes handicapées », il voudrait que chaque personne vive avec son handicap « sans complexe » car, « toute personne peut se retrouver dans cette situation ». C’est pourquoi Boukary plaide « pour l’inclusion des personnes handicapées et surtout la prise en compte du volet handicap dans nos projet et programme de développement. Pensez toujours à une planification sensible au handicap. »

Loin de toute lamentation, Boukary voit en chaque personne handicapée un « handi-capable » c’est-à-dire, « une personne déterminée qui arrive à mener ses activités comme tout le monde, en allant au-delà de son handicap et sans tenir compte des regards, si bien qu’elle se sent à l’aise dans sa peau quel que soit le lieu ».

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