Au Bénin, l’Église protestante méthodiste se divise autour du projet du code électoral

Quelle est la position de l’Église protestante méthodiste du Bénin (Epmb) à l’égard du nouveau Code électoral adopté par l’Assemblée nationale du pays mi-mars ? La réponse semble particulièrement confuse, d’autant que dirigeants et fidèles de cette confession chrétienne ne semble pas d’accord entre eux.

Avant l’examen du texte par le Parlement béninois, l’Epmb s’était associé à l’Église catholique et à l’Union islamique du Bénin (Uib) à travers une déclaration exhortant « les députés au vote d’un Code électoral qui garantisse des élections pacifiques, transparentes, inclusives et démocratiques en 2026 ». Mais une fois adopté, le texte a été largement dénoncé par l’opposition – notamment car il prévoit désormais que les duos candidats à l’élection présidentielle de 2026 devront être parrainés par 15 % des députés et/ou maires du pays, contre 10% auparavant. Pour l’opposition, il s’agirait d’une manière de corser les conditions d’éligibilité est donc un prétexte pour l’écarter des scrutins.

Suite à cette évolution et à la polémique qui a suivi, l’Église catholique a organisé le 25 avril un colloque à propos du nouveau texte électoral, un évènement auquel elle a de nouveau associé l’Église protestante méthodiste du Bénin (Epmb). Mais contre toute attente, le 30 avril, l’Epmb a rallié d’autres confessions chrétiennes du pays dans une déclaration reconnaissant le nouveau code électoral comme « une loi de notre république, votée et promulguée selon les principes démocratiques ».

Des fidèles qui estiment leur Église « discréditée »   

Et c’est justement cette prise de position qui suscite le vif désaccord d’une partie des fidèles de l’Église méthodiste. À travers le Réseau des laïcs pour la réhabilitation de l’Église protestante méthodiste du Bénin, certains d’entre eux on tenu une conférence de presse mi-mai au temple Béthel de Guinkomey, en centre-ville de Cotonou. Pour les organisateurs, il s’agit d’une « réponse aux découragements et ressentiments largement exprimés par des fidèles de l’Église à travers des canaux digitaux au lendemain d’une certaine conférence de presse au nom de l’Église protestante du Bénin ».

« Comment comprendre que le président de l’Epmb s’associe à d’autres confessions pour faire une autre déclaration en invitant les citoyens à accepter la loi sur le nouveau code électoral qui suscite de nombreux débats et inquiétude dans toute notre nation ? », s’interroge ainsi les membres de ce réseau qui existe depuis 1999. Et de le dire explicitement :  « le réseau ne se retrouve pas dans cette initiative du président de l’Église qui discrédite notre Église ». Aussi, estiment-ils que « cette déclaration, que le Réseau des laïcs dénonce comme étant contraire à la doctrine de l’Epmb, ne l’engage nullement ».  

Un président de plus en plus contesté

Cette dissidence du Réseau des laïcs pour la réhabilitation de l’Epmb vient s’ajouter aux
déclarations du professeur Paulin Hountondji, un autre membre influent de cette Église, qui évoquait en mars 2023, l’émergence au sein même du méthodisme béninois d’« un puissant mouvement de fond formé
pour balayer un chef d’Église
–le président de l’Église Ndlr– qui s’était illustré par toutes sortes
d’indélicatesses : détournement de deniers du culte, (…) tribalisme,
clientélisme et favoritisme dans les recrutements, les nominations, les
affectations et pour couronner le tout, une solide réputation d’inconduite
sexuelle »
.

Pour rappel, en 2016, l’Epmb
– installée au Bénin depuis 1843 – sortait de 19 ans d’une crise schismatique. C’est
à l’issue de sa réunification que le pasteur Kponjesu Amos Hounsa a été élu
président de l’Église en 2017, puis réélu en 2023.

Crédit: Lien source

Les commentaires sont fermés.