Après latentative de coup d’Etat en plein cœur de la capitale congolaise dans la nuit de samedi à dimanche (19.05), des questions subsistent quant à l’identité des assaillants et la facilité avec laquelle ils ont pu mener leur opération.
Ils auraient été une cinquantaine selon l’armée congolaise.
Ce que l’on sait à l’heure actuelle, c’est que ces hommes étaient conduits par Christian Malanga, abattu par l’armée congolaise, et présenté comme un Congolais naturalisé américain.
A Washington, cependant, le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, dit n’avoir « aucune trace » du fait que Christian Malanga soit de nationalité américaine. Il affirme ne pas être en mesure de commenter le statut des autres Américains présumés.
Jason Stearns, chercheur et fondateur du Groupe de recherche sur le Congo, précise que Christian Malanga avait fait une formation militaire aux Etats-Unis et une formation militaire en RDC, mais il n’était pas membre de l’armée américaine.
« Tout d’abord, il a essayé de poser sa candidature en 2011 en tant que député national. Il a échoué. Ensuite, en 2016, il a commencé à parler de sa candidature à la présidence en RDC. Quand il a compris que ses chances étaient assez limitées dans ses perspectives électorales en RDC, il a commencé à parler d’une tentative militaire. Je pense qu’on sait depuis longtemps qu’il avait ses ambitions« , confie Jason Stearns à la DW.
Le profil de Christian Malanga
Au-delà de ces ambitions de diriger le Congo, au vu du fiasco qu’a été cette tentative de coup d’Etat, il y a lieu de s’interroger sur le profil militaire des hommes qui étaient avec Christian Malanga.
Pour l’analyste politique Boniface Musavuli, ces personnes n’étaient pas des militaires de carrière, ce ne sont pas des officiers ou des hauts gradés de l’armée connus pour leur fait d’arme dans les différentes guerres qu’a connues la RDC.
« Ce sont des amateurs qui sont plus connus comme étant des militants sur les réseaux sociaux et dans les manifestations publiques dans les rues d’Europe ou d’Amérique », assure-t-il.
Nous avons pu entrer en contact avec Barthe Ngoma, président de la société civile congolaise de la diaspora, qui vit en Angleterre. A l’époque où il a rencontré Christian Malanga, il était président des Congolais du Royaume-Uni.
Il se souvient l’avoir croisé en octobre 2015. C’était un jeune homme pétri d’ambition qui venait recruter des jeunes de la diaspora congolaise pour rejoindre son mouvement :
« Nous avons connu Christian Malanga, il est passé ici à Londres, en Angleterre. Les premières impressions pour moi n’ont pas été bonnes. Ce qui m’a un peu découragé dans sa démarche, c’est que c’était un monsieur qui pensait pouvoir aller libérer le pays des mains du tyran, Joseph Kabila, mais j’étais surpris que lui qui avait le soutien de l’étranger, tel qu’il le disait, des Américains et autres, demandait aux gens de faire des cotisations pour son séjour en Angleterre. Pour moi, c’était suffisant pour me dire que ce n’était pas vrai ce qu’il faisait, c’était de l’amateurisme. »
La question de la provenance des armes
Alors, comment des hommes qui semblent si peu préparés ont pu tout de même pénétrer à Kinshasa et tenter ce coup d’Etat ?
Nous avons interrogé un ancien officier de l’armée belge qui connaît bien la RDC. Pour des raisons de sécurité, il a requis l’anonymat.
A la question de savoir comment Christian Malanga et ceux qui l’accompagnaient ont pu arriver en RDC avec des armes, sans être inquiétés, l’officier est catégorique : ils ne sont pas entrés avec des armes, ils se les sont procurées sur place.
Pour lui, les armes qu’ils possédaient sont des modèles conventionnels qui existent à Kinshasa et n’ont rien de sophistiqué.
Selon l’ancien militaire belge, cette tentative prouve aussi qu’il n’y a aucune sécurité dans le pays, car si ces personnes ont pu aller aussi loin, qu’ils aient bénéficié d’aide en interne ou non, cela devrait inquiéter l’ensemble de l’appareil sécuritaire congolais.
Interrogés dans les rues de Kinshasa, certains Kinois semblent également douter de la version officielle. Selon cet homme, « si c’est un coup d’Etat, c’est le coup d’Etat le plus idiot au monde. Je ne vois pas un putschiste aller faire un coup d’Etat au Palais de la nation. C’est fabriqué de toutes pièces. » Un autre habitant estime que « le chef de l’Etat doit être vigilant et savoir qui l’entoure ». Il déplore « l’incertitude » dans laquelle sont désormais plongés les Congolais.
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