La traite des personnes une réalité préoccupante dans le Golfe de Guinée (rapport) | APAnews

Un atelier régional bilan du Projet d’appui à la lutte contre la traite des personnes dans les pays du Golfe de Guinée s’est tenu, ce mardi 21 mars 2024, sur les berges de la lagune Ebrié.

Ce projet initié en 2019, a concerné la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Ghana, le Nigéria, la Guinée Conakry et le Togo. La cheffe du projet, Sandra Perrot, chargée de l’migration, du genre et des droits humains à Expertise France, a évoqué les caractéristiques de ce fléau.

Sandra Perrot a relevé que les caractéristiques de ce fléau sont « la traite des enfants, l’exploitation sexuelle, le commerce d’organes, la servitude domestique, les usines à bébé (…) », qui représentent une réalité très préoccupante dans le paysage régional.

Selon elle, ce fléau « trouve son terreau dans les contextes fragiles et déstabilisés par les enjeux sécuritaires et l’instabilité politique qui touche également l’Afrique de l’Ouest ». La traite des êtres humains est le « troisième gros crime organisé dans le monde, après les armes et la drogue ».

Le bilan du projet fait état de 3.549 victimes de traite qui ont été identifiés, pris en charge et orientés dans les services d’assistance appropriés. Parmi elles, il est dénombré 67% de femmes, a indiqué Sandra Perrot.

La cheffe du projet d’appui à la lutte contre la traite des personnes dans les pays du Golfe de Guinée, a ajouté que les capacités de 1.530 acteurs de la chaîne pénale ont été renforcées, ainsi que 1.048 fonctionnaires des forces de sécurité intérieure.

Pour pallier ce problème, la Guinée a adopté une loi anti-traite en 2024. Un mécanisme étatique d’appui à la prise en charge des victimes a été déployé au Ghana, ainsi qu’en Côte d’Ivoire, tandis qu’au Togo, il a été créé une commission nationale anti-traite des personnes.

Au Bénin, un appui à l’observatoire de la société civile pour la coordination des acteurs a été mis en place, tandis qu’au Nigeria, il y a eu l’appui au dispositif high-tech d’une structure spécialisée et sa déconcentration dans l’Etat d’Ondo.

Massimo Scarbi, le chef de coopération de la délégation de l’Union européenne en Côte d’Ivoire, a salué les comités nationaux des différents pays impliqués dans la lutte contre la traite des personnes, et pour leurs contributions à la réussite du projet.

L’organisation de cet atelier bilan, après cinq ans d’activités sur le projet, vise à amener les différents acteurs à partager leurs expériences et enrichir les travaux. Sandra Perrot a, en outre, partagé d’autres résultats engrangés par le projet.

Le rapport du projet ressort que la région est caractérisée par un schéma de traite transfrontalière et circulaire. Il mentionne qu’environ 75% des mouvements migratoires en Afrique de l’Ouest sont réalisés en termes de flux intra- africains.

« Les contextes économiques et sécuritaires au niveau régional parfois très volatils, les changements climatiques et les dégradations environnementales, les conflits poly-communautaires poussent une partie de la population à la recherche de conditions de vie plus favorables », a-t-elle fait observer.

Elle soulignera, par ailleurs, la nécessité de continuer les efforts nationaux pour doter les pays du Golfe de Guinée de dispositifs et de ressources de lutte contre la traite de personnes et surtout mettre l’accent sur la coopération régionale.

« La coopération et la collaboration entre pays de la région dans le domaine de la lutte contre la traite reste un enjeu stratégique pour toute la sous-région qui traverse une conjoncture difficile du fait des menaces terroristes, la criminalité organisée et la migration irrégulière », a déclaré Sandra Perrot.

La ministre ivoirienne de la Cohésion sociale, Belmonde Dogo a, à l’occasion de cet atelier souhaité l’ouverture d’une autre phase à toute la sous-région ouest-africaine, en raison du caractère transnational de ce phénomène.

Le projet d’appui à la lutte contre la traite des personnes a bénéficié d’un financement de l’Union européenne et de la France, à hauteur d’environ 12 milliards de FCFA. Il comprend quatre axes, à savoir l’appui à la gouvernance de la traite, l’application des lois, la protection des victimes, la coopération régionale.

AP/APA

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