Quelle que soit sa forme, la journée de lutte contre l’homophobie en Ligue 1 s’accompagne décidément de graves polémiques. Les deux principaux dérapages de cette 38e journée de championnat ont concerné l’attaquant égyptien du FC Nantes Mostafa Mohamed, qui a refusé (comme la saison passée) de disputer le match à Monaco en raison du maillot spécial édité par la Ligue de football professionnel (LFP), et le Monégasque Mohamed Camara.
Le milieu de terrain malien de l’ASM a masqué avec du scotch le logo contre l’homophobie floqué sur son maillot et porté par tous les joueurs, entraîneurs et arbitres, dans le cadre d’une campagne de lutte contre les discriminations pilotée par la LFP. Il a de plus zappé la cérémonie d’avant-match annonçant cette action de la Ligue.
Oudéa-Castéra veut « les sanctions les plus fermes »
Alors que la ministre française des Sports Amélie Oudéa-Castéra a dénoncé un « comportement inadmissible » et demandé « les sanctions les plus fermes » contre le joueur et son club, Mohamed Camara a depuis reçu le soutien de personnalités au Mali et de nombreux compatriotes sur les réseaux sociaux.
« Ceux qui se disent défenseurs de la liberté et de la démocratie doivent respecter les convictions religieuses des sportifs. Soutien total à Mohamed Camara », a ainsi écrit sur Facebook Hamidou Doumbia, responsable politique malien. « Il est là-bas pour jouer au foot ou bien soutenir des causes politiques sur l’orientation sexuelle imposée ? », s’interroge également sur Facebook Fatouma Harber, blogueuse et féministe malienne. « Soutien total frérot Camara. Sois fort, frère », a pour sa part publié sur ses réseaux Iba One, un célèbre rappeur malien.
Le président sénégalais avait soutenu Gueye en 2022
De multiples pages sportives maliennes ont également apporté leur soutien au joueur de confession musulmane dans des publications, illustrées par des photos de Mohamed Camara lors de son pèlerinage à la Mecque. Des internautes déplorent que l’international malien n’ait pas reçu le soutien de sa fédération ni celui de ses coéquipiers en club et en équipe nationale. Ils citent le précédent de l’international sénégalais du PSG, Idrissa Gueye, qui avait suscité une polémique en France en 2022 après avoir déclaré forfait lors de la journée de L1 dédiée à la lutte contre l’homophobie.
Il avait notamment reçu le soutien du chef de l’Etat d’alors, Macky Sall. Au Mali, 95 % des habitants sont musulmans et le pays est attaché à des valeurs religieuses et traditionnelles qui ne tolèrent pas la pratique de l’homosexualité, même si aucune sanction pénale n’est en vigueur. En 2022, le ministre malien de la Justice Mamoudou Kassogué a qualifié l’homosexualité de « relation contre-nature », tout en indiquant qu’elle serait bientôt criminalisée, lors d’un atelier de validation d’un avant-projet de loi sur le Code pénal.
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