Cette visite fait couler beaucoup d’encres, certaines dubitatives, d’autres vénéneuses ou optimistes. Les vénéneux se remémorant Mitterrand, qui est un mentor de Mélenchon, se demandent s’il ne s’agit pas d’une nouvelle opération de charme de l’impérialisme françafricain en difficulté qui modélise la «révolution citoyenne dans les urnes» souverainiste au Sénégal pour l’éloigner de la «révolution militaro-politique» souverainiste des pays de l’AES ?
Mitterrand n’a-t-il pas été ministre de l’intérieur et de la justice socialiste de la France coloniale lors des crimes génocidaires de guerre en Algérie, des massacres génocidaires contre l’UPC au Cameroun et avec Houphouët Boigny et Senghor sous l’égide du socialiste Gaston Defferre de «la loi cadre» qui a balkanisé l’AOF et l’AEF en futurs États indépendants néocoloniaux ?
N’est-ce pas le même Mitterrand socialiste qui a initié la conférence de la Baule du « vent d’est démocratique » qui a produit les démocratures présidentialistes pour voiler la recolonisation économique de l’Afrique par les plans libéraux d’ajustement structurel qui ont bradé les secteurs clefs stratégiques aux Firmes monopolistes principalement françaises dans la téléphonie, l’eau, l’électricité, les chemins de fer, les ports, les côtes maritimes, les mines, le foncier, etc. condamnant ainsi notre jeunesse à l’émigration piroguière meurtrière et à l’esclavage moderne sans papiers ?
Les dubitatifs se demandent si ce coup de main réciproque entre l’altermondialiste antilibéral, anti-raciste, antifasciste, antiguerre en France, JL Mélenchon, de la «révolution citoyenne» et le patriote souverainiste O. Sonko du Sénégal va bénéficier à la fois aux peuples français et sénégalais, si cela ne va pas braquer radicalement les impérialistes françafricains, eurafricains et usafricains.
Ces sceptiques qui sont nombreux dans l’intelligentsia sénégalaise et africaine allèguent la force des impérialistes dont ils ne voient pas clairement l’affaiblissement en cours, cherchent à préserver leur niveau de vie de «classes moyennes» même si ils se plaignent de la vie toujours plus chère, de l’accaparement impérialiste et restent prisonniers de l’habitude de la soumission mentale consciente ou inconsciente à la domination. Ils ne croient pas au Sénégal, à l’Afrique libres et indépendants.
Les optimistes voient que ce sont deux leaders et partis qui prônent des alternatives antilibérale pour JL Mélenchon et la LFI d’une part et souverainiste pour O. Sonko et Pastef/Les patriotes d’autre part et porteuses d’un internationalisme entre peuples. En effet, en France JL Mélencon apparaît comme le leader le plus en verve contre la négrophobie, l’arabophobie, l’islamophobie de la quasi-totalité de la classe politique de droite, de gauche de plus en plus alignée sur l’extrême droite fasciste. Lui et ses mouvements LFI et UP se sont révélés comme la vraie force significative résistante avec certains syndicats comme la CGT contre les crimes policiers racistes, contre la répression de la solidarité avec la Palestine génocidée par les sionistes, la révolte sociale des Gilets jaunes, les luttes syndicales et JL Mélenchon représente 22 % de l’électorat français. Il prône l’unité du peuple de France contre les divisions racialistes et la société d’apartheid qu’instaure sans le dire le racisme d’État bourgeois préfiguration de la réédition de l’État raciste fasciste pétainiste.
Cette visite inaugure l’élan internationaliste nécessaire entre les peuples du Nord et du Sud, entre les peuples des pays impérialistes oppresseurs et pays néocoloniaux opprimés venant compléter le panafricanisme souverainiste en Afrique. La franchise dans les débats où rien n’est tabou, y compris les divergences, est une manifestation du changement du contexte par rapport à la période de la tromperie Mitterrandienne et du renouvellement en cours des classes politiques au Sénégal et en Afrique qu’ont inauguré les discours et politique souverainistes des pays de l’AES prolongés par la victoire dans les urnes au Sénégal.
Ayons confiance en nous dans la lutte pour cette seconde phase de libération africaine et dans notre capacité à maintenir le cap de la conquête de notre souveraineté nationale et panafricaine tout en différenciant Etats dominateurs et peuples de ces pays. Sachons aussi avoir une lecture matérialiste dialectique scientifique du rapport réel des forces dans la lutte de nos peuples pour l’indépendance nationale et panafricaine, lecture qui doit nous éviter le piège attrape-nigaud des impérialistes US/UE/OTAN, françafricain, eurafricain et usafricain présentant les BRICS comme un nouvel impérialisme équivalent. C’est là une insulte prenant nous autres Africains pour des enfants ayant toujours besoin d’un maître.
L’affirmation sans concession de notre souverainisme ne peut être antinomique avec notre capacité à définir des tactiques d’alliance tenant compte du rapport des forces du moment pour aller vers notre but stratégique l’alternative souverainiste nationale et panafricaine.
A bon entendeur, salut !
Diagne Fodé Roland
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