L’été s’annonce d’ores et déjà chaud dans les couloirs de Bercy. Les services du ministère des Finances vont être mobilisés dans les prochaines semaines pour construire tant bien que mal le budget 2025 attendu fin septembre, pour lequel plus de 20 milliards d’économies seront sans doute nécessaires .
S’ils cherchent encore des idées, ils peuvent toujours piocher dans les recommandations du FMI. Niches fiscales sur l’innovation, aides aux entreprises et aux travailleurs, dépenses des collectivités locales et même à terme taxe sur le transport routier : dans son rapport annuel sur les finances publiques françaises publié ce jeudi, l’organisation internationale énumère toute une série de chantiers pour réussir à atteindre la cible d’un déficit à 3 % en 2027.
Satisfaction de Bercy
Avant même de se plonger dans cette longue liste, Bercy a surtout préféré voir dans ce document du FMI un satisfecit à l’égard de son action économique. « Le FMI valide totalement la stratégie économique et financière du gouvernement français », a assuré le ministre des Finances, Bruno Le Maire, lors d’un briefing téléphonique.
Plusieurs éléments ont été appréciés à Paris. Le FMI a déjà réajusté légèrement à la hausse sa prévision de croissance pour 2024 – de 0,7 % à 0,8 % – la rapprochant ainsi de celle du gouvernement, tandis que celles pour 2025 (1,3 % contre 1,4 % pour Bercy) sont déjà similaires.
« Le FMI valide le fait que réduire la dépense publique ne va pas amener à moins de croissance, c’est un point de doctrine fondamental », s’est aussi réjoui Bruno Le Maire. Depuis quelques semaines, Bercy est en effet critiqué – aussi bien par la Commission européenne que par le Haut Conseil des finances publiques – pour des prévisions de croissance trop optimistes, qui ne tiendraient pas compte des effets récessifs des mesures devant être prises pour redresser les comptes publics.
« Dépenses inefficientes »
Dans le détail, le FMI met bien en garde contre des « hypothèses macroéconomiques qui pourraient s’avérer quelque peu optimistes ». Mais il assure qu’il faut bien préférer la réduction des dépenses aux hausses d’impôts, « compte tenu des niveaux d’imposition déjà élevés en France ». En outre, l’organisation internationale estime que dans l’immédiat « l’amélioration des conditions financières, parallèlement à l’assouplissement de la politique monétaire, peut contribuer à atténuer l’impact récessif du resserrement budgétaire ».
Cela n’enlève rien à l’ampleur de la tâche. Certes, le FMI juge « approprié » l’objectif du gouvernement de ramener le déficit à 2,9 % de PIB en 2027. « Ils ne nous demandent pas de faire un effort plus important à cet horizon », se réjouit-on au cabinet de Bruno Le Maire. Mais il faudra pour y arriver « un ajustement [budgétaire] significatif ». En clair, il va falloir se retrousser les manches, et ce dès cette année. Le FMI réclame en effet des économies supplémentaires pour 2024. Bercy répond que cette demande a déjà été prise en compte, avec les 10 milliards d’économies annoncées mi-avril – qui s’ajoutent aux 10 milliards dévoilés en février.
Pour la suite, le FMI dresse une liste de « dépenses les plus inefficientes » dans lesquelles le gouvernement pourrait couper pour parvenir à ses fins. Une partie de ces prescriptions ne fera pas tomber de leurs chaises les experts de Bercy, qui les connaissent bien. L’organisation internationale recommande ainsi « un meilleur ciblage des allocations chômage », alors que le gouvernement vient d’annoncer un nouveau tour de vis, qui sera précisé ce dimanche . Autre cible, les administrations locales que l’exécutif cherche aussi à faire contribuer, avec un résultat très mitigé pour le moment.
Le CIR ciblé
Au-delà, le FMI propose « un meilleur ciblage des dispositifs de soutien aux travailleurs et aux entreprises » ainsi que des coupes dans les niches fiscales. Il est notamment préconisé de « rationaliser les dépenses fiscales existantes en faveur de la R&D et de l’innovation », ce qui semble être une incitation claire à revoir le périmètre du crédit impôt recherche (CIR). « L’augmentation de la masse salariale du secteur public peut être contenue en réduisant les chevauchements entre les différents niveaux administratifs et en s’appuyant davantage sur l’automatisation et la numérisation », est-il aussi écrit dans le rapport.
Enfin le FMI suggère des pistes pour financer la transition climatique. Il s’agirait de « supprimer progressivement les taux réduits et les exemptions fiscales sur les combustibles fossiles », ce à quoi l’exécutif a pour l’instant renoncé pour le gazole non routier des agriculteurs. A moyen terme, l’organisation internationale préconise aussi de mettre à contribution le transport routier, ce qui pourrait notamment compenser la baisse des recettes sur les carburants. Une piste explosive politiquement.
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