Mareterra, ce nouveau quartier sur la mer érigé à Monaco

L’inauguration de ce projet de plus de deux milliards d’euros est prévue en fin d’année, avec plusieurs mois d’avance sur le programme.

C’est d’abord une énorme opération immobilière à destination d’une poignée d’ultra-riches, doublée d’une prouesse technique considérable, mais le chantier Mareterra, qui a permis à Monaco de grignoter six hectares sur la mer Méditerranée, va aussi faire émerger un quartier singulièrement vert et élégant.

L’inauguration de ce projet de plus de deux milliards d’euros est prévue en fin d’année, avec plusieurs mois d’avance sur le programme, et si quelque 2.800 personnes s’activent encore chaque jour sur le chantier, l’heure est désormais aux finitions. Monaco, richissime principauté sur la Côte d’Azur, avait déjà gagné 40 hectares sur la mer depuis les années 1950 mais ce projet lancé en 2015 n’a pas d’équivalent, même au Moyen-Orient, compte tenu de la profondeur de la structure, qui descend jusqu’à 50 mètres et des contraintes sismiques ou environnementales.

Déplacement de 500 m2 d’herbiers de posidonie

L’ouvrage s’appuie sur 18 énormes caissons de béton délimitant une nouvelle ligne de côte. L’espace mis au sec à l’intérieur a été comblé avec du sable et consolidé par plus d’un millier de larges pieux de 45 mètres de haut, décrit la société Anse du Portier, promotrice du projet. Des mesures strictes ont été prises pour limiter l’impact sur l’environnement, avec par exemple le déplacement de 500 m2 d’herbiers de posidonie, cette plante qui sert de nurserie aux poissons, le traitement au fur et à mesure des sédiments pollués ou les aménagements des caissons pour que la vie marine puisse se les approprier.

Le gouvernement monégasque assure avoir mené « un suivi particulièrement exigeant », avec des plongeurs et des analyses régulières, pendant le chantier. L’Aspona, une association écologiste française voisine qui s’était inquiétée au début des travaux, dit aujourd’hui n’avoir constaté « aucune dégradation majeure » mais regrette « manquer d’informations fiables ».

« Alors que la montée du niveau des mers va soulever la question ailleurs, on a été un vrai laboratoire », se réjouit Guy-Thomas Levy-Soussan, administrateur délégué de l’Anse du Portier. « On a montré que c’était possible de bien faire. Oui ça coûte, oui on a pris le temps, mais on a fait des efforts ». La société, qui réunit essentiellement une dizaine de familles avec des noms puissants à Monaco comme Pastor, Brianti ou Casiraghi, a pu mettre les moyens en misant sur le luxe et l’espace alors que les 39.000 habitants de la principauté sont à l’étroit sur 2 km2 escarpés entre mer et montagne.

120 appartements spacieux voire immenses

Dans un ensemble confié au cabinet Valode et Pistre Architectes, en partenariat avec, entre autres, l’architecte italien Renzo Piano, le nouveau quartier comprend cinq immeubles – pour un total de 120 appartements spacieux voire immenses – et dix villas d’exception. Tout a été vendu: une source gouvernementale évoquait l’an dernier des prix allant jusqu’à 120.000 euros le m2, un montant que Guy-Thomas Levy-Soussan qualifie d' »optimiste » tout en reconnaissant « un gros succès commercial ». Au passage, le gouvernement monégasque a récupéré 576 millions d’euros de TVA entre 2020 et 2023, ainsi que des ouvrages publics fournis par les promoteurs comme une extension de 6.000 m2 de surface d’exposition pour le Grimaldi Forum, le palais des congrès voisin, ou un nouveau parking sous-terrain.

Et le nouveau quartier essentiellement piéton pourrait devenir une vraie attraction pour le public alors que la pression immobilière avait poussé ces dernières décennies à l’érection désordonnée de hautes tours pas toujours gracieuses. Riverains et touristes pourront déambuler entre une petite colline arborée – un millier d’arbres issus d’une pépinière toscane sont en cours de transplantation – aux murs de pierre sèche et une large promenade en bord de mer, sur la crête des caissons de béton. L’intérieur de l’un d’eux reste accessible: passée l’impression d’entrer dans un sarcophage, le visiteur pourra profiter d’une vue plongeante sur l’eau, où le soleil propose des jeux de lumière saisissants et où la vie marine commence à s’installer.

En guise de touches finales, les promoteurs ont ajouté une salle de méditation décorée par des artisans vietnamiens et exposeront à l’entrée du quartier un mobile d’Alexandre Calder, acheté par la Princesse Grace et récemment restauré. « Elle illustre la recherche d’équilibre entre l’homme, l’urbanisme et la mer », explique Guy-Thomas Levy-Soussan.

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