L’imbroglio malien et les relations algéro-maliennes (3e partie et fin)

Le récent discours dominant au sein des autorités maliennes s’inscrit en droite opposition avec celui qui a prévalu dans les rapports entre Bamako et Alger depuis l’indépendance nationale, période durant laquelle les relations algéro-maliennes étaient empreintes de sérénité et de respect mutuel.

Etiquettes : Algérie, Mali, Azawad, Touaregs, CMA, MNLA, frontières héritées du colonialisme,

Par Mostefa Zeghlache, ancien diplomate
zeghodmus@yahoo.fr

3- Le message d’Alger

Quelle stratégie poursuit aujourd’hui l’Algérie au Sahel sachant que notre pays s’est engagé depuis l’indépendance nationale en faveur de la libération, le développement et la stabilité des pays voisins du Sahel ? Cet engagement qui se poursuit encore s’est traduit notamment par l’existence de relations cordiales et de bon voisinage avec l’ensemble des pays de cette région.

Néanmoins, et eu égard à la précipitation des évènements dans cette région durant la dernière décennie, s’impose aujourd’hui la nécessité, pour tous les acteurs concernés de près ou de loin, y compris l’Algérie, de se repositionner et d’adapter leurs stratégies à la nouvelle réalité en cours.

L’Algérie qui, malgré les moyens sécuritaires importants déployés sur le territoire national, notamment dans le Grand Sud, a payé un prix lourd pour l’insécurité au Sahel avec l’assassinat de diplomates enlevés à Gao en avril 2012 et l’attaque du complexe gazier de Tiguentourine en janvier 2013.

Les conséquences sur l’Algérie de l’instabilité politique et institutionnelle, du terrorisme, des conflits interethniques, de la pauvreté, des changements climatiques, de la traite des hommes qui se manifeste depuis plus de 10 ans par une vague de migrants illégaux qui touche notre pays, du fléau de la contrebande et du banditisme au Sahel…, compliquées par l’ingérence étrangère, constituent autant de raisons pour l’Algérie de s’inquiéter pour la sécurité et la stabilité au Sahel qui ont une répercussion évidente sur la sécurité nationale.

Aux autorités maliennes actuelles qui reprochent à l’Algérie son ingérence dans les affaires maliennes, il y a lieu de rappeler que les plus hauts responsables algériens, notamment le chef de l’État, ont de tout temps déclaré leur conviction que la solution à la crise malienne ne peut être l’œuvre que du dialogue inclusif entre Maliens et que l’assistance algérienne s’est faite à la demande des autorités maliennes elles-mêmes qui en appréciaient l’efficacité.

Comme le révèle, notamment, la déclaration du président de transition malien déchu Bah N’Daw qui, à l’issue de sa visite de 2 jours à Alger les 14-15 mars 2021, avait déclaré : «Nous sortons d’une crise assez difficile et complexe et, sans l’appui et le soutien de nos amis algériens, nous n’aurions pas pu nous en sortir…»

Les efforts politiques et diplomatiques consentis par l’Algérie pour assister ce pays voisin à venir à bout de l’insécurité qui prévaut au nord du pays, depuis l’indépendance en 1960, ont abouti à l’accord de Tamanrasset en 1991, au Pacte national de 1992 et aux accords d’Alger de 2006 et de 2015. Une succession d’accords censés régler le dossier azawad, mais jamais totalement appliqués.
Au lendemain des Assises de décembre 2021, le pouvoir militaire au Mali avait donc tranché le débat sur la transition par la fixation d’un délai «flexible» de 3 à 5 ans. Cette décision avait été rejetée par les Nations unies, l’Union africaine et la Cedeao.

Dans ce contexte et soucieuses de la stabilité et de la sécurité dans son voisinage géographique, plus précisément au Mali, les autorités algériennes ont suggéré aux autorités maliennes, à travers un communiqué de la présidence de la République, une période de «transition raisonnable et justifiable d’une durée ferme de douze à seize mois».

La proposition algérienne a été ignorée par Bamako et critiquée par la Cedeao au prétexte que l’Algérie est membre de l’Union du Maghreb arabe alors que le Mali est membre de la Cedeao. Une manière peu subtile de cacher l’impuissance de cette organisation à régler les problèmes des États membres et à gérer les divisions qui minent son action de l’intérieur. D’ailleurs, lors d’un sommet extraordinaire en février 2024, la Cedeao a décidé de lever partiellement les sanctions contre le Mali et d’autres régimes militaires de la région afin de s’adapter à la nouvelle réalité politique en cours.

Dans quelle mesure les revendications des Touaregs du nord du pays constitueraient-elles une menace pour l’unité nationale sachant qu’elles ne portent pas sur la partition du pays et la création d’un État touareg distinct de l’État national, mais la gestion autonome de l’Azawad dans un Mali uni ?

Une tension latente a de tout temps marqué les relations entre les Touaregs et l’État malien. La conséquence fut qu’à peine trois ans après l’indépendance du pays, éclatait en 1963 la première rébellion touarègue qui fut sévèrement réprimée par l’armée qui utilisa, pour la 1re fois, des avions pour bombarder les insurgés.

Si l’on considère la configuration ethnique du Mali, on s’aperçoit qu’une myriade d’ethnies peuple le pays. C’est une donne conforme à la majorité des pays africains dont le tracé des frontières est la conséquence de rapports de force entre les puissances coloniales et ne reflète souvent pas la composante humaine sur le terrain. C’est là une importante conséquence de la politique coloniale européenne.

Pour l’histoire, rappelons que c’est la Conférence de Berlin (15 novembre 1884-26 février 1885) qui avait défini les règles de la colonisation ayant permis, entre autres, aux puissances coloniales majoritairement européennes de définir leurs possessions territoriales en Afrique. La partition territoriale avait abouti à la division de populations de façon aléatoire qui a constitué une «bombe à retardement» pour les États africains au lendemain de leur accession à l’indépendance…

Selon Michel Foucher (L’obsession des frontières, 2012), la conséquence de «l’expansion coloniale» fut que «plus de 177 peuples ou groupes ethniques se sont trouvés éparpillés à travers plusieurs États». Les Touaregs du Sahel n’ont pas échappé à cette règle, eux qui se sont, à l’indépendance, retrouvés citoyens de différents pays. Ils constituent d’importantes minorités notamment au Niger (près de 800 000) et au Mali (plus de 500 000).

Dans le sillage du processus d’indépendance des pays africains et consciente que le tracé frontalier hérité de la période coloniale constituait, à quelques exceptions près, une source potentielle de conflits dans les relations entre les nouveaux États-nations, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), dès sa création en 1963, avait opté pour la reconnaissance de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation. Toute contestation territoriale devrait donc être réglée par la négociation. Une résolution (AHG Res/16.1) dans ce sens avait été adoptée par la 1re conférence de l’OUA au Caire, du 17 au 21 juillet 1964.

C’est ce principe cardinal des relations entre les pays africains qui a été adopté et toujours défendu par l’Algérie dans ses relations avec les pays voisins dont le Mali. Avec ce pays, le tracé frontalier a été officiellement entériné par la convention de bornage signée le 8 mai 1983 par les présidents Chadli Bendjedid et Moussa Traoré.

Le respect du principe de l’intangibilité des frontières qui est le reflet de l’unité territoriale du pays a, en fait, été appliqué par la Révolution algérienne bien avant son adoption par l’OUA, lorsque la délégation du FLN aux négociations d’Evian avait défendu, sans concession, l’intégrité territoriale de l’Algérie incluant le Sahara au reste du territoire national, contrairement aux autorités coloniales françaises qui défendaient la thèse de 2 entités distinctes.

Par ailleurs, les autorités maliennes ont récemment tenu à rappeler que le nord de leur territoire avait été utilisé parfois par les combattants algériens comme base de repli durant la guerre de Libération nationale. Sans vouloir diminuer en rien de la valeur symbolique de ce fait exprimant la solidarité entre peuples africains voisins, il y a lieu de rappeler que la jeune Algérie indépendante était le sanctuaire des mouvements de libération nationale dans le monde et un porte-parole écouté sur la scène internationale de la lutte des peuples africains contre le colonialisme et l’apartheid.

Le récent discours dominant au sein des autorités maliennes s’inscrit en droite opposition avec celui qui a prévalu dans les rapports entre Bamako et Alger depuis l’indépendance nationale, période durant laquelle les relations algéro-maliennes étaient empreintes de sérénité et de respect mutuel.

Ce qui préoccupe l’Algérie aujourd’hui, c’est la multiplication d’acteurs étrangers étatiques et non étatiques dans le Sahel dont le Mali et qui sont parfois franchement hostiles à notre pays. Nous ne nous limiterons qu’aux principales puissances étrangères sans nous attarder sur les manœuvres d’un État voisin au nord-ouest du pays ou celles d’un pays arabe du Golfe.

Il y a d’abord la Russie, avec laquelle l’Algérie a toujours entretenu les meilleurs rapports. Bousculée par l’Occident en raison de la guerre en Ukraine, la Russie, profitant de la déconvenue française, s’implante progressivement au Sahel.

Ce pays qui n’a pas de passé colonial en Afrique se propose de combler le vide laissé par la France. La présence russe au Mali se manifeste à 2 niveaux. L’un traditionnel date de l’indépendance, c’est le niveau gouvernemental par lequel «la Russie contribue aux capacités de défense militaires du Mali», par la fourniture d’équipements militaires et la formation de cadres militaires. L’autre se manifeste sous la forme d’une implication directe du Groupe de paramilitaires Wagner aux combats des FAMa contre les forces armées touarègues.

Au début, le Kremlin comme Bamako avaient nié la participation de ce groupe avant que le MAE Lavrov ne l’admette ouvertement. En marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2021, le MAE russe déclarait que «les autorités maliennes se sont tournées vers une société militaire privée russe…Tout cela se fait sur une base légitime», entre un «gouvernement légitime» et des entités qui «fournissent des services à travers des spécialistes étrangers… Nous n’avons rien à voir avec cela». L’implication directe de Wagner dans le conflit ukrainien dément les propos du ministre s’agissant de l’autonomie du Groupe vis-à-vis du Kremlin.

C’est ce Groupe paramilitaire et les armes reçues de Russie, de Turquie et d’ailleurs (Iran, Chine…) qui ont donné l’avantage militaire aux forces maliennes face aux éléments armés touaregs.

Quant à la problématique de l’intervention des troupes de Wagner au Mali, soutien essentiel des forces maliennes dans leur répression des Touaregs, l’Algérie dispose de suffisamment d’arguments pour explorer avec le partenaire russe, l’influence du Kremlin sur ce Groupe étant notoire, de la possibilité que ce Groupe limite son assistance à sa mission originelle de lutte antiterroriste.

En effet, après la disparition de son fondateur en août 2023, le Groupe Wagner est remplacé en Afrique, notamment au Mali, par l’Africa Corps étroitement contrôlé par le ministère de la Défense russe. Ensuite, il est évident que le déploiement russe au Sahel et l’éviction de la France et de l’UE ont de quoi inquiéter les États-Unis qui ne se privent pas de le dire et de le répéter rendant ainsi plus ardue toute recherche négociée de la paix dans la région.

Les dirigeants militaires sahéliens devraient savoir que la région n’a nullement besoin de la transposition au Sahel d’une version particulière de la «nouvelle guerre froide» entre les superpuissances qui menace actuellement la paix et la sécurité dans le monde. Une guerre déstabilisatrice dont l’intensité et la puissance dépassent de loin les capacités de résilience du Sahel.

À Bamako, les autorités actuelles parlent d’un dialogue entre Maliens. Ce qui en soit est louable. Mais comment parler de dialogue national lorsqu’une partie de la population et de forces politiques en sont exclues ? De surcroît, ce dialogue, balisé par le pouvoir, se déroule sous la vigilance de forces étrangères. Changer de soutien extérieur, de Français à Wagner, ne constitue nullement pour le Mali un affranchissement de la tutelle étrangère.

Au Mali, la période de transition s’est officiellement terminée le mardi 26 mars 2024, date arrêtée il y a deux ans par un décret présidentiel signé par le colonel Assimi Goïta en personne. Mais passé ce délai, l’élection présidentielle programmée en cette période a, une fois encore, été repoussée et aucune nouvelle date n’a été fixée.

Cette situation inquiète la classe politique et sociale, notamment les partis politiques maliens, et pas seulement de l’opposition, qui réclament «la mise en place d’une transition civile» et appellent «les forces vives de la nation» «à se joindre à cette lutte pour sauver la patrie en danger». En réplique, le régime militaire a suspendu les activités de nombreux associations et partis.

En effet, la junte au pouvoir a suspendu par décret pris en Conseil des ministres le mercredi 10 avril 2024 «jusqu’à nouvel ordre» et «pour raisons d’ordre public» les activités des partis et des associations à caractère politique.

Le colonel Maïga a justifié cette grave décision par le fait qu’«on ne peut pas mener un dialogue aussi crucial que l’est le dialogue direct intermaliens dans la cacophonie et la confusion». Il a ajouté ne pas pouvoir accepter que «des forces politiques, pour une raison ou une autre, prennent en otage une initiative aussi salvatrice».

La gravité de ce virage politique pris par la junte militaire ne tardera pas à approfondir le fossé entre le pouvoir et la classe politique, voire avec la société malienne tout entière.

Les conséquences de ce raidissement politique du régime sur la stabilité et la sécurité du pays ne tarderont pas à se manifester pour remettre aux calendes grecques les perspectives démocratiques et de réconciliation nationale au Mali et enfoncer le pays davantage dans l’insécurité qui pourrait déborder les frontières maliennes.

Pour l’Algérie, le temps est à l’évaluation sereine des opportunités de paix, de sécurité et de développement économique et social dans le Sahel dont notre pays pourrait être un élément actif. Au Mali et malgré la complexité de la situation, l’Algérie dispose toujours de sérieux atouts pour contribuer efficacement à la revitalisation du processus de dialogue au Mali.

Au plan économique, l’Algérie a mis en œuvre des projets économiques structurants incluant certains pays sahéliens dont les plus importants sont la transsaharienne et le gazoduc devant relier le Nigeria à l’Algérie via le Niger.

Le comité mixte frontalier qui regroupe les walis des villes algériennes limitrophes avec le Mali et leurs homologues maliens reste un cadre adéquat pour définir et piloter, dès que la situation le permettra, la réalisation de projets économiques communs à la frontière tant en Algérie qu’au Mali. Plus concrètement, l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement créée en 2020 par l’Algérie avec un capital de 1 milliard de dollars pour financer des projets socio-économiques dont la réalisation ferait appel aux capacités des entreprises publiques et privées algériennes pourrait constituer le fer de lance de la coopération algéro-sahélienne.

La récente annonce par les autorités algériennes du projet de création de 5 zones franches avec des pays voisins dont 2 sahéliens, le Mali et le Niger, est louable. Sa mise en œuvre nécessitera la mobilisation de ressources humaines et financières conséquentes et l’intéressement des opérateurs économiques nationaux et internationaux et aura pour objectif à long terme le renforcement de l’intégration économique régionale. C’est sur le plan économique et sur la base du principe du gagnant-gagnant que la coopération régionale aura tout son sens.

Au plan politique, l’Algérie doit prendre en considération la volatilité politique qui prévaut dans de nombreux pays du Sahel dont le Mali et les risques sécuritaires déstabilisateurs pour la région. Le scénario du cycle périlleux entre coup d’État-transition-régime civil-soulèvement populaire-répression-coup d’État n’a pas disparu de la scène politique sahélienne.

Pour l’instant, une sorte de modus vivendi prévaut entre le gouvernement et la rébellion au Mali. Sans solution négociée et durable, les racines du problème azawad semblent évanouies. Elles ne sont que superficiellement enfouies sous la cendre de la guerre qui, tel un volcan endormi, peut éclater du jour au lendemain. Les mercenaires de Wagner ne sont pas éternels, la question azawade, si.
Face aux défis sécuritaires au Sahel, les capacités diplomatiques algériennes peuvent être mises à contribution dans les fora régionaux comme l’Union africaine et l’Organisation de développement islamique pour sensibiliser les États membres sur la nécessité d’une initiative pour la paix au Mali.

Par ailleurs, Tamanrasset abrite le siège du Comité des chefs d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) qui regroupe l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger et dont la dernière session s’est tenue à Alger en novembre 2023 – la précédente avait eu lieu à Bamako en février 2021. La mission de ce Conseil est de coordonner l’action des États membres dans leur lutte contre le terrorisme et l’extrémisme dans la région. Le Cemoc est et demeure le cadre approprié pour les États membres pour coordonner et mutualiser leurs moyens sécuritaires pour faire face à la menace terroriste, tout en bénéficiant de l’expérience et des capacités algériennes en la matière.

L’Algérie prêche la paix, non la guerre. Sa vision est soutenue au Mali par les forces politiques et sociales opposées à la guerre et, hors du Mali, par la communauté internationale. Deux paramètres prévalent dans cette vision pour la paix et la réconciliation au Sahel, notamment au Mali. Le premier est que les problèmes des pays sahéliens, notamment le Mali, ne peuvent être résolus que par le dialogue inclusif entre nationaux, sans ingérence étrangère. Le second est que l’approche strictement militaire pour résoudre les problèmes politiques, économiques, sociaux et sécuritaires au Sahel a montré depuis longtemps ses limites.

Certains analystes comme Louisa Driss-Aït Hamadouche sont critiques à l’égard de l’approche algérienne. L’auteure de «L’Algérie et la sécurité au Sahel : lecture critique d’une approche paradoxale» (in Confluences Méditerranée n°90 – mars 2014) écrit que «le principe d’une vision globale (politique, économique, sociale) de la résolution des conflits au Sahel est difficilement conciliable avec l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie sécuritaire». Tout comme elle estime qu’une approche politique de la question sécuritaire est antinomique avec l’aspect militaire dans la lutte antiterroriste.

Cependant, nul besoin de rappeler que la stratégie sécuritaire globale algérienne émane de son expérience de la lutte contre le mal terroriste vaincu grâce à la mobilisation par le pays de toutes ses forces de résistance saines, civiles et militaires.

Quoi qu’en disent les autorités maliennes, l’accord de 2015 reste le cadre idoine pour la paix et la sécurité au Mali. C’est ce qui ressort notamment des déclarations des responsables de l’ONU (Conseil de sécurité en janvier 2024), de l’UE qui estime que l’accord constitue «la seule option pour le peuple malien tant qu’aucune alternative à l’accord n’a encore émergé» et des États-Unis (Département d’État) qui considèrent que si l’accord de 2015 était appliqué (par les signataires), il «aurait apporté plus de stabilité à tous les Maliens et à toute la région». Enfin, bien plus tôt, la porte-parole du Quai d’Orsay avait déclaré en février 2022 à la chaîne Tv5 Monde que «l’Algérie a été à l’origine des accords d’Alger qui sont un des piliers essentiels de la sécurité et de la stabilité du Mali».

Rassurée des soutiens internationaux au processus de paix et de réconciliation au Mali et confortée par sa présence au Conseil de sécurité, l’Algérie pourrait entrevoir de nouvelles perspectives de mobilisation et d’implication internationales en faveur de la paix et de la stabilité au Sahel. Conformément aux chartes des Nations unies et de l’Union africaine et aux dispositions y afférentes de sa Constitution, et ayant pour souci de préserver la région dont elle fait géographiquement partie des risques de l’instabilité politique et institutionnelle et des conflits internes aux ramifications régionales, compliqués par le terrorisme, l’Algérie a de tout temps condamné l’accession au pouvoir par des voies et des moyens inconstitutionnels. Tout comme elle refuse, par principe, toute forme d’ingérence et/ou intervention étrangère et le recours à des sanctions économiques qui pénalisent les populations vivant majoritairement dans la précarité et qui aboutissent, au Sahel, à la massification de l’émigration illégale vers les pays voisins du Nord, dont et surtout l’Algérie.

Partant de cette réalité, la stratégie algérienne avec les États sahéliens dirigés par des juntes militaires devrait insérer les relations bilatérales dans le cours de la transition actuelle et, en même temps, concevoir une projection dans le temps qui aille au-delà de la transition, quelle que soit sa durée. Cette dernière, par essence, n’est pas éternelle.

M. Z. 

Le Soir d’Algérie

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