Formule 1, Grand Prix de Monaco – Du fond de grille à challenger Red Bull en un an : McLaren, la prophétie en avance

Pourtant, Lando Norris a bien pris la mesure du potentiel de sa McLaren MCL38 : « Ça me fait mal de le dire mais je pense que j’aurais pu l’avoir (Verstappen, ndlr) avec un ou deux tours supplémentaires. » Et même si ce tracé d’Imola a « généralement été l’un des circuits qui nous réussit le plus » dixit Norris, McLaren est revenu de très loin.

Un an plus tôt, les McLaren débarquaient à Monaco au sortir d’un Grand Prix de Miami (Imola avait été annulé après de graves inondations) piteux. Lando Norris l’avait achevé à la 16e position, à plus d’1,5sec de la pôle de Sergio Pérez. Oscar Piastri était, lui, 19e, à 1,6sec. L’écurie de Woking était dans le ventre mou du championnat et affichait un rythme inquiétant dans les virages à faible vitesse.

Zak Brown, le président de l’écurie, était alors intenable à l’heure de vendre un réveil imminent. Des « annonces passionnantes » allaient arriver, un rehaussement du plafond des dépenses des équipes était nécessaire pour « libérer le potentiel du sport et favoriser le développement de technologies plus durables« , Oscar Piastri est « un futur champion du monde« , … Et dans toute cette agitation, le pansu américain risquait un pronostic qui semblait intenable : « Notre objectif est de nous mêler aux quatre premiers d’ici la fin de l’année, mais compte tenu de leur avance et de notre départ, ce ne sera sans doute pas facile. »

Et finalement, à cinq GP de la fin du championnat, le podium de Lando Norris à Austin avait fait grimper McLaren à la quatrième position pour ne plus jamais la lâcher. Avant le Grand Prix de Monaco 2023, Zak Brown prédisait même que « tout serait en place » pour une victoire en 2025. Le 5 mai 2024, Lando Norris mettait fin à trois ans de disette de l’écurie en s’imposant à Miami. Finalement, même les prévisions les plus optimistes de Zak Brown sont arrivées avec de l’avance.

Le miracle ne doit rien au hasard. Les innovations pensées par le directeur de la performance Andrea Stella, arrivé au début de la saison 2023, ont fini par payer après quelques mois de balbutiements. Les équipements de l’usine ont été mises à niveau pour la première fois depuis 20 ans pour accélérer la fabrication des nouveaux composants et améliorations. La MCL38 a été développée dans une nouvelle soufflerie et avec un nouveau simulateur.

Et tous ces progrès ont permis d’attirer des gros poissons du paddock. L’ancien directeur de l’ingénierie de Red Bull Rob Marshall a ainsi débarqué à Woking au début de la saison. Et comme en 2023, les McLaren se bonifient plus que les autres avec le temps, grâce à des améliorations apportées au fil des week-end bien plus impactantes.

« Ce ne sont pas simplement des nouvelles têtes que nous avons engagées et qui ont soudainement expliqué ‘Toi tu devrais faire comme ci, toi tu devrais faire comme ça‘, a développé Lando Norris pour expliquer le succès retrouvé de McLaren. C’est juste la maximisation du potentiel de toute le monde, et laisser chacun travailler dans un bon environnement, utiliser les grands esprits que nous avons et y ajouter des esprits nouveaux avec des perspectives différentes pour maximiser le travail de l’équipe. »

Sur le tracé où la pôle est la plus rémunératrice de la saison, et une semaine après avoir qualifié ses deux voitures à moins d’un dixième de la Red Bull de Max Verstappen, McLaren n’arrive plus seulement en faire-valoir pour le podium en Principauté. « Il peut me dépasser au premier virage, ça ne changera pas ma vie » plaisantait Max Verstappen à propos de Lando Norris avant la course à Imola. Ce dimanche, pas sûr que cela l’amuse autant s’il ne passe pas Sainte-Devote en tête.