le FMI appelle la France à toujours plus d’austérité

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Dans son nouveau rapport, le FMI appelle une nouvelle fois la France à accentuer la casse du service public et à s’attaquer toujours plus aux pauvres. Un coup de pression qui valide la logique austéritaire du gouvernement mais ravive aussi la crise de la dette.


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Ce jeudi 23 mai, le Fond Monétaire International a publié un nouveau rapport sur la situation économique de la France, le troisième depuis le début de l’année. D’un côté, elle conforte la logique austéritaire du gouvernement et l’incite à aller plus vite et plus fort, de l’autre elle l’épingle concernant ses prévisions fantaisistes de croissance. Là où Bercy prévoit une réduction du déficit de la France à 2,9% du PIB pour l’horizon 2027, l’organisme étasunien table sur un déficit de 4,5%. De quoi mettre à mal la posture triomphaliste du gouvernement.

Dans une note de quelques paragraphes, le FMI pointe ainsi le manque de précision des plans d’économies du gouvernement et fustige son optimisme dans ses pronostics de croissance. « Les services du FMI prévoient que le déficit public restera élevé à 5,3 % du PIB en 2024 et diminuera légèrement à 4,5 % en 2027. Ce dernier est nettement supérieur au niveau de déficit de 2,9 % prévu par les autorités dans leur Programme de Stabilité (PSTAB), étant donné que les principales mesures de revues et d’économies en dépenses qui sous-tendent l’ajustement prévu restent à identifier » peut-on notamment lire.

Tout en pointant les incohérences du gouvernement, le FMI ne s’est cependant pas réinventé sur ce coup. C’est en sens que le FMI a pu fournir quelques directives à Bruno Le Maire et à ses équipes : taper sur les pauvres. Avec les mots du FMI, cela donne un « meilleur ciblage des allocations chômage et des dispositifs de soutien aux travailleurs », et, dans un contexte de tensions sociales importantes, « aux entreprises ». Il faut bien donner une fausse impression de vouloir faire la justice sociale.

Ce que pourtant le rapport du FMI se prive bien de mentionner, ce sont certaines des causes qui aggravent le déficit de l’Etat français. Loin d’être provoquée par des dépenses excessives dans les services publics, c’est bien la politique de soutien à une minorité de riche qui coute toujours plus au contribuable à savoir les impôts payés en majorité par les travailleurs. C’est ce qu’explique l’économiste Romaric Godin dans Mediapart : « depuis le début des années 1980, la part des salaires et des services publics a plutôt stagné tandis que les revenus du patrimoine progressaient de 5 points de 7 à 12 % du total et que les profits non redistribués passaient, eux, de 7 à 15 % du total ».

Sur le plateau de BFM-TV, l’économiste et enseignant à Paris 1 allait dans le même sens, et rappelait que si le déficit public a encore augmenté, c’est bien en raison « des cadeaux fiscaux massifs depuis 2017 », et d’ajouter : « on a un manque à gagner de 60 à 70 milliards par an de recettes lié aux réductions d’impôts, qui ont bénéficié principalement aux plus riches ». Pour résumer, le gouvernement n’augmente pas les salaires, casse les services publics, et prélève le moins possible au patronat qui concentre la majorité des richesses. Au bout du compte, le déficit ne peut que se creuser.
C’est avec ces éléments qu’il faut comprendre la réaction rapide de Bruno Le Maire, qui a cherché à minimiser la portée politique de ce rapport et a cherché à l’utiliser à son avantage pour valider sa ligne budgétaire. Le rapport à peine sorti, celui-ci à fait savoir à la presse qu’il ne fallait pas s’alarmer, car ce rapport « valide intégralement la stratégie économique et financière du gouvernement ». Autrement dit, circulez y a rien à voir.

En tout cas, si ce nouveau rapport, à quelques jours de la notation de l’agence S&P Global, met à mal le discours du gouvernement sur la « maitrise » de la dette, il tente de l’utiliser comme un satisfécit de sa politique pour continuer à s’attaquer aux plus pauvres, dans la droite lignée de la réforme de l’assurance-chômage. Il reste que ce rapport illustre une nouvelle fois que la crise de la dette est loin d’être derrière le gouvernement et pourrait très rapidement revenir sur le devant de la scène et remettre la crise politique au premier plan.

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