Consommateurs : ce que les modes de vie disent des électeurs : épisode • 16/11 du podcast Les Mots de la République
Dans le podcast « Les mots de la République« , des spécialistes en sciences politiques reviennent sur les termes incontournables du débat public pour mieux comprendre l’actualité. Jérôme Fourquet, sondeur et analyste politique, fait le lien entre les habitudes de consommation des Français et leurs comportements politiques.
Gauche « quinoa » versus gauche « barbecue »
Dans une société de capitaliste, « le poids de la consommation devient de plus en plus important dans nos vies, mais aussi dans la construction de nos imaginaires et nos références politiques » introduit Jérôme Fourquet. Il remarque ainsi qu’« un certain nombre d’habitudes, de modes de vie et de consommation vont être récupérés dans le débat et devenir des objets politiques. »
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Il rappelle notamment comment l’utilisation de la voiture a été largement politisée ces dernières années : « La question de la mobilité, c’est la question de l’opposition entre une France très urbaine où on pourrait se passer de voiture et une France périphérique, rurale ou péri-urbaine, où la dépendance à la voiture est toujours très forte. » Autre exemple : la consommation de viande, où les débats ont tourné autour de l’existence d’une gauche « quinoa » et d’une gauche « barbecue ».
Miser sur le pouvoir d’achat
Le Rassemblent national notamment a largement « installé la question du pouvoir d’achat dans son référentiel. » Alors qu’il y a trente ou quarante ans, « on aurait parlé des salaires, de la rémunération », assure l’analyste. Il rappelle qu’aux élections européennes de 2024, le parti a obtenu en moyenne 45% des voix chez les ouvriers et chez les employés, des catégories socioprofessionnelles affectées par les difficultés économiques.
« Ce qui se passe dans le champ de la consommation entre en résonance et a des répercussions sur la scène politique. Les acteurs politiques peuvent se saisir d’attitudes consuméristes pour adresser des messages à telle ou telle catégorie de la population », analyse-t-il.
La zone commerciale, « cœur battant de la société »
Ce référentiel peut ainsi brouiller les clivages et schémas politiques traditionnels. « Bien sûr, le niveau de revenu, le type de diplôme, le type de poste ou le statut jouent toujours très fortement sur la vision du monde et les comportements politiques. Mais les frontières sont plus poreuses et les choses se recomposent, notamment sur cette question des modes de vie et de la consommation », développe Jérôme Fourquet lorsqu’il explique pourquoi l’archétype « les riches votent plutôt à droite, les pauvres plutôt à gauche » est de moins en moins pertinent.
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Pour autant, certaines habitudes de consommation semblent transpartisanes. Certaines marques restent par exemple prisées par les différentes classes sociales (Cristalline, Caprice des Dieux, Coca Cola…). « On voit aussi comment certaines enseignes comme Lidl ou Leclerc ont la capacité de s’adresser à un très large public », remarque le sondeur. La zone commerciale, « cœur battant de la société de consommation », est ainsi un lieu central, où toutes les classes sociales peuvent se croiser.
Référence
- Jérôme Fourquet, La France d’après. Tableau politique (Seuil, 2023)
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