Deux Béninois non « talonistes » pour amadouer le Niger ?

  • Damien Glez


    Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Publié le 25 juin 2024

Lecture : 2 minutes.

Si toute médiation suscite intérêt et espoir, notamment dans le bras de fer qui se poursuit entre le Bénin et le Niger, la visite à Niamey des deux anciens présidents béninois Thomas Boni Yayi et Nicéphore Soglo est entourée d’un flou certain. Aucun document n’établit que les autorités béninoises sont officiellement informées de cette initiative. La junte nigérienne, quant à elle, n’a pas communiqué sur les rencontres que pourraient faire les deux anciens chefs d’État à Niamey.

Le siège de la Sonidep, à Niamey, en juillet 2019. © ISSOUF SANOGO / AFP.

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Démarche purement personnelle de deux politiciens septuagénaire et octogénaire peu rompus à l’exercice de la médiation ? Boni Yayi et Nicéphore Soglo se la jouent modeste, affirmant, selon une source proche de la mission, qu’ils « n’y vont pas pour juger, mais pour écouter, savoir et consigner les motifs de la brouille ».


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Un début de dégel ?

Ceux qui se désolent de la tension entre Cotonou et Niamey – sur fond de divergences politiques et de distribution d’hydrocarbures – apprécieront déjà le fait que les deux ex-présidents et leurs cinq collaborateurs ont été accueillis, lundi soir, à l’aéroport international Diori Hamani, par celui que l’on considère comme le numéro trois de la junte nigérienne, le ministre d’État Mohamed Toumba, ainsi que par le directeur de cabinet de la présidence nigérienne et des journalistes de la télévision publique locale. Un protocole qui vaudrait légitimation. Quant au niveau hiérarchique de ce comité d’accueil, un dicton sahélien enseigne qu’à « défaut de sa mère, on tète sa grand-mère ».

Aucune déclaration n’a permis de savoir si les visiteurs du jour auront accès à une autorité mieux placée sur l’organigramme du pouvoir nigérien. Si bien que des délégations officielles se sont usé les nerfs à attendre une entrevue avec le général Tiani, chef de la junte, la « force de frappe » de cette mystérieuse médiation béninoise dépendra sans doute de la personnalité de ses meneurs et de la nature de leur mandat.

Par qui et pour qui ?

Côté personnalité, ni Boni Yayi ni Nicéphore Soglo ne sont réputés particulièrement proches de Patrice Talon, un atout si l’on considère que le chef de l’État béninois fait office d’épouvantail au Niger. Boni Yayi est même sorti de sa pieuse retraite pour agiter, sous le nez de Talon, la menace d’une relance de ses ambitions présidentielles, au cas où l’actuel locataire du trône envisagerait lui-même un troisième mandat.

Des ouvriers nigériens et chinois sur le chantier de construction d’un oléoduc dans la région de Gaya, au Niger, le 10 octobre 2022. © BOUREIMA HAMA/AFP

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Côté mandat, des experts affirment que cette opération aurait dû être incarnée, au départ, par Nicéphore Soglo et un ancien président nigérian. Ce dernier aurait jeté l’éponge et Boni Yayi pris le train en marche.


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Selon un chargé de communication du parti de Yayi, la visite au Niger devait durer trois à quatre jours, puis la navette devrait logiquement conduire les deux anciens chefs d’État chez Patrice Talon, quand bien même le niveau d’implication de ce dernier est resté mystérieux.

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