Alors que la France s’apprête à élire à nouveau ses députés ce dimanche 30 juin 2024, le Gabon suit avec attention ce qui se passe dans l’ancienne métropole.
C’est un truisme de dire que les Gabonais s’intéressent à la politique française. Malgré son entrée au Commonwealth britannique, le Gabon reste très francophone et, à certains égards, très francophile. Les Gabonais sont convaincus – à tort ou à raison – que ce qui se décide à Paris exercera une influence certaine sur ce qui se passe à Libreville. Les hommes politiques gabonais, qui sont en majorité des produits des universités françaises, restent également convaincus que c’est à Paris que tout se décide et que le soutien de Paris est une garantie pour une carrière politique sans ombrages. Depuis leur arrivée au pouvoir, les militaires gabonais (dont beaucoup sont passés par les écoles militaires françaises) n’ont cessé de donner des gages à Paris tout en recherchant un rapprochement présenté comme un adoubement.
L’extrême droite en tête au Gabon
Lors des élections européennes, les Français vivant au Gabon ont voté dans la 10ème circonscription des Français de l’étranger. Bien que le Rassemblement national (RN) se soit classé troisième dans cette circonscription, il a obtenu plus de 24% des voix au Gabon, devançant la France insoumise de Manon Aubry, qui n’a recueilli que 14% des suffrages malgré sa victoire globale dans la circonscription. Ce résultat doit toutefois être relativisé en raison du faible taux de participation.
« Un risque pour la coopération bilatérale? »
Dans la presse gabonaise, les journaux n’ont pas spécialement traité le sujet, à l’exception de Gabon Media Time, qui s’est intéressé à ce qu’il adviendrait des relations franco-gabonaises en cas de victoire de l’extrême droite aux législatives en France. Selon nos confrères, la possible arrivée au pouvoir du Rassemblement national de Jordan Bardella en France suscite des inquiétudes en raison de ses positions anti-immigration africaine, pouvant affecter les relations avec les 35 000 Gabonais vivant en France et les échanges économiques significatifs entre les deux pays. Malgré ces préoccupations, la politique internationale, contrôlée par le président de la République, et une éventuelle approche pragmatique de l’extrême droite, comme l’a démontré l’Italie, laissent penser que l’impact pourrait être limité.
Des politiques bien muets
Si les internautes s’étonnent de la victoire de l’extrême droite chez les Français du Gabon et s’en amusent, les politiques sont bien silencieux sur le sujet. L’un d’entre eux a toutefois émis des réserves en disant redouter « une vision post-coloniale type années 60 », un autre a cité Omar Bongo, qui a dit en 1978 : « Quelle que soit la personnalité – communiste, socialiste, libérale – qui sera à la tête du gouvernement ou de l’État français, il sera obligé d’appliquer la même politique. Parce qu’il n’y a pas de France sans l’Afrique et il n’y a pas d’Afrique sans la France ».
Désuet ? Peut-être. Mais les hommes politiques gabonais y croient toujours…
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