Fin juin, l’écrivain guinéen Tierno Monénembo a annoncé le vol à domicile de son ordinateur Toshiba, contenant le manuscrit de son dernier roman enregistré sous le nom de « Enfance 4 ». Après un mois de recherche, il n’a toujours pas retrouvé le document, malgré la promesse d’une récompense. Devant le silence des autorités, un collectif a écrit cette semaine au président de la transition, le général Mamadi Doumbouya.
Le 22 mai 2024, Tierno Monénembo, célèbre écrivain guinéen, a perdu le manuscrit d’un roman qu’il comptait remettre bientôt à son éditeur en vue d’une publication. Il a été cambriolé à son domicile à Conakry, capitale de la Guinée (Afrique de l’Ouest). Les malfrats ont emporté son ordinateur portable de marque Toshiba, qui contenait la version définitive de cette œuvre enregistrée sous le titre « L’enfance 4 ».
Toujours rien malgré la promesse de 10 millions GNF
Complètement désemparé par la perte de ce travail de trois années, Tierno Monénembo avait appelé ses compatriotes à l’aider à retrouver le document. Il avait même promis 10 millions GNF (environ 1072 euros) à toute personne qui le lui ramènerait. Mais, plus d’un mois après ce vol, et en dépit de la mobilisation des Guinéens et Guinéennes, le prix Renaudot 2008 n’a toujours pas retrouvé son manuscrit. Face à cette situation, un collectif a décidé de saisir directement le président de la transition.
Tierno Monénembo dans un état extrêmement dépressif
Dans une lettre ouverte publiée le mardi 25 juin 2024, le collectif « Retrouvons le Manuscrit de Monénembo » a écrit au général Mamadi Doumbouya pour l’interpeller sur ce drame qui plonge le romancier dans un état extrêmement dépressif. Il rappelle que l’auteur des Crapaud-brousse n’a toujours pas reçu son document « malgré les bonnes intentions, les actions bénévoles menées sur le terrain, la diffusion conséquente de cette information par une page Facebook dédiée, ainsi que l’appel de l’éminent écrivain à travers les médias guinéens et internationaux ».
Une lettre ouverte au président de la transition guinéenne
Le collectif composé des amoureux de la culture pense que l’Etat de Guinée « doit rendre justice à tout citoyen victime de forfaiture », surtout à Tierno Monénembo, qui a « porté haut l’honneur du pays ». Cette lettre ouverte s’accompagne d’une pétition qui avait réuni 500 signatures à la date du jeudi 27 juin. Depuis la perte de son manuscrit, l’écrivain a perdu sa joie de vivre. Il avait mis tout son cœur et son âme dans cette œuvre. Celle-ci traiterait de son enfance, marquée par les indépendances africaines.
Un vol commis par de petits délinquants ou par plus puissants ?
« Il faudra tout repenser, tout échafauder de nouveau, tout repeindre, tout refleurir. Ce doit être très difficile (…) c’est tout simplement un crève-cœur », avait déclaré Tierno Monénembo, quelques jours après le cambriolage à son domicile. Au sein de la population guinéenne, beaucoup pense que le vol du manuscrit n’est pas un fait anodin. Il ne serait pas l’œuvre de petits délinquants à la recherche d’argent – sinon il l’aurait déjà ramené – mais une tentative délibérée pour faire du mal à ce critique du pouvoir.
Tierno Monénembo a beaucoup critiqué le régime militaire
Rappelons que Tierno Monénembo a fréquemment tiré à boulets rouges sur le régime militaire en place depuis septembre 2021. L’intellectuel signait des tribunes dans les grands médias africains et français. Ses textes ne plaisent évidemment pas aux putschistes. L’auteur du Roi de Kahel et du Terroriste noir a surtout attaqué le général Mamadi Doumbouya, l’accusant de vouloir s’éterniser au pouvoir et de ramener la Guinée à l’époque de Sékou Touré.
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