Le frère de Brice Oligui Nguema accusé d’actes de torture

Un homme accuse formellement le frère du général Brice Oligui Nguema, le lieutenant-colonel Pierre Bibang Bi Nguema, de l’avoir torturé dans le cadre d’une véritable expédition punitive menée en dehors de tout cadre légal.

C’est l’histoire qui agite la toile gabonaise, mais qui, curieusement, n’a pas fait réagir les médias mainstream du Gabon ni le gouvernement gabonais. Tout commence le 15 juin 2024, en après-midi, lorsque Hans Otounga Obame est enlevé chez lui par des hommes armés dans une voiture appartenant à l’administration gabonaise et immatriculée au ministère des Finances.

Battu parce qu’il est le frère d’un activiste

Hans Otounga Obame est menotté et une cagoule est mise sur sa tête. Il est conduit dans une villa située au nord de la capitale par les hommes qui viennent de l’enlever. « Fais ta dernière prière, là on va aller te tuer », lui lance l’un de ses ravisseurs. Là, deux chiens d’attaque le reniflent pour détecter son odeur en cas d’évasion, puis il est conduit dans une pièce qui est en réalité une salle de torture avec des « échafaudages » ainsi que d’autres instruments de torture, dont des fouets.

Hans Otounga Obame est alors torturé par ses bourreaux, qui l’accusent d’être le frère d’un activiste gabonais vivant en France, et lui disent qu’ils agissent ainsi en représailles. Outre les coups divers, Hans Otounga Obame est torturé à l’électricité, notamment dans ses parties intimes. Un de ses bourreaux lui a sauté dessus à plusieurs reprises. Hans Otounga Obame parle d’une quinzaine de personnes dans la villa, constituées en équipes, qui se relayaient pour le torturer : « Ils n’ont jamais arrêté de taper. » Il explique que pour stopper ses saignements, ses bourreaux ont versé du ciment colle sur ses blessures.

Marques de sévices sur le corps de Hans Otounga Obame

« Le colonel Power »

Hans Otounga Obame fait une révélation très importante : ses bourreaux avaient pour chef un certain colonel Power, qui se trouve être le colonel Bibang Bi Nguema, le petit frère de Brice Oligui Nguema, qui a pendant plusieurs années dirigé la très secrète et redoutée Section d’Intervention Spéciale (S.I.S.) de la Garde Républicaine du Gabon. Hans Otounga Obame est formel : « Il est venu me taper (…) C’est lui [le lieutenant-colonel Bibang Bi Nguema] qui disait de taper. Quand ils sont fatigués, ils changent de groupe, il dit tapez ! »

Alors que l’alerte est donnée, l’escadron de la mort dirigé par le « colonel Power » ramène Hans Otounga Obame très mal en point au palais présidentiel du Gabon, à la direction générale des Services Spéciaux (DGSS – Garde Républicaine), qui refuse « le colis » car il est très mal en point.

Hans Otounga Obame est alors remis à la Direction Générale des Recherches (DGR – Gendarmerie, mais placée sous l’autorité directe du Président du Gabon, Ndlr.), située à deux pas du palais présidentiel gabonais, qui va confirmer à ses proches qu’il est bien dans leurs locaux, mais qu’ils ne peuvent pas le voir, et pour cause, il est très mal en point. « Voilà pourquoi ils m’ont gardé longtemps à la DGR, parce que je ne marchais plus », dira plus tard Hans Otounga Obame, qui sera finalement « libéré »…

Système répressif toujours en place

Le témoignage précieux de Hans Otounga Obame, en plus de livrer des détails supplémentaires sur les agissements des escadrons de la mort qui sévissent au Gabon, montre que le système répressif gabonais est toujours en place et très fonctionnel. « Cette unité de la Garde Républicaine, créée par Ali Bongo en 2009, est coutumière de ces faits. Choyée par Brice Oligui Nguema, qui l’a portée à 300 hommes qu’il connaît tous, ils sont prêts à tout pour lui, même au « sacrifice suprême » comme ils le disent d’ailleurs dans leur chant composé par Brice Oligui lui-même », déclare l’ancienne officier de renseignement du Gabon Nelly Ngabima, qui a travaillé pour le SILAM basé à la présidence du Gabon.

Au moment où nous terminons cet article, la présidence du Gabon n’a pas officiellement réagi…

 

 

Gabon, on assassine parfois, on torture toujours

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